RÉACTIONS – Le choix définitif de la commission nationale d’investiture de l’UMP, ce mardi 8 octobre au soir, n’a pas manqué de faire réagir à droite… mais aussi et surtout à gauche. Matthieu Chamussy conduira en effet la liste du parti aux prochaines municipales de Grenoble, avec Alain Carignon troisième sur la liste, suivi de Benjamin Piton et Richard Cazenave, respectivement en cinquième et septième positions.
Après des semaines de guerre interne, de coups fourrés et de communiqués rageurs, l’UMP38 a enfin son candidat officiel, en la personne de Matthieu Chamussy, actuel conseiller municipal d’opposition. Mais la fin de cette guerre intestine ne se sera pas faite sans concessions. Car Alain Carignon, ancien maire de Grenoble, qui jouait de son réseau à Paris depuis des semaines, se retrouve en troisième position. Autant dire que Matthieu Chamussy, bien que légitimé par cette décision officielle de l’UMP, n’aura pas les coudées franches. Si les carignonistes sont officiellement en ordre de bataille, la pilule reste un peu difficile à avaler pour eux. « Ce que j’entends dans la ville, c’est « seul Alain Carignon peut nous sortir de là ». Alors je prends connaissance avec étonnement de la décision prise, même si j’imagine bien qu’elle a reçu l’aval de l’ancien maire de Grenoble », a ainsi réagi Aziz Sahiri, président de l’association des Amis d’Alain Carignon. Celui-ci affirme toutefois être rassuré par le fait que Jean-François Copé, président de l’UMP, et Jean-Claude Peyrin, président de l’UMP38 aient souhaité qu’Alain Carignon soit chef de file départemental pour les prochaines élections régionales. De son côté, Denis Bonzy, ex-candidat à la primaire du changement, écarté de fait par cette décision, a vivement déploré que l’UMP38 n’ait pas voulu prendre le risque que les primaires soient gagnées par un indépendant : « Les instances parisiennes ont rangé la démocratie populaire au grenier. Les supposés « adversaires » d’hier sont désormais les amis d’aujourd’hui. » Et celui-ci, désireux d’organiser des débats publics avec ses opposants, de conclure : « C’est donc au premier tour du 23 mars 2014 que les primaires auront lieu avec le plus beau collège électoral qui soit : tous les citoyens grenoblois. » Mariage de la carpe et du lapinSans surprise, la majorité actuelle ne s’est pas privée de commenter sévèrement cette décision, dans un communiqué commun de Morad Bachir-Chérif, Paul Bron, Abderrahmane Djellal, Georges Lachcar et Patrice Voir, respectivement présidents des groupes sociaux démocrates, GO citoyenneté, PS-PRG-MRC et apparentés, société civile, et communiste. « Loin des primaires démocratiques initialement annoncées, c’est au final dans le secret d’un bureau à l’Assemblée nationale que la composition des premières places de la liste UMP a été arrêtée. Une composition exclusivement masculine, faite selon les recommandations d’Alain Carignon, et qui ne vise qu’à marier carpes et lapins. » Et d’enfoncer le clou en rappelant, sans le nommer, la condamnation d’Alain Carignon le 9 juillet 1996 par la Cour d’appel de Lyon à cinq ans de prison, cinq ans d’inéligibilité et 400 000 francs d’amende pour corruption, abus de biens sociaux et subornation de témoins. Même son de cloche du côté du centriste Philippe de Longevialle, en tête de la toute nouvelle liste « Imagine Grenoble », pour qui cette situation confirme le délitement continu de l’UMP locale : « Outre le fait que le quatuor investi ne compte aucune femme, ce qui en dit long, il témoigne que l’UMP n’a tiré aucune leçon du passé. Comment peut-elle investir Alain Carignon, même en troisième position, alors que les Grenoblois ont déjà largement rejeté l’idée même de cette candidature immorale ? Et comment la tête de liste désignée, Matthieu Chamussy, peut-elle accepter un tel schéma qui fait honte à Grenoble ? » La charge se fait encore plus sévère du côté des écologistes au sens large et de leurs alliés. Les signataires de l’appel « Grenoble, une ville pour tous ! », le Réseau Citoyen, l’Ades, les Alternatifs et EELV Grenoble affirment ainsi dans un communiqué commun que les Grenoblois refusent de voir s’installer à nouveau « un système de corruption généralisé », tirant à boulet rouge sur Alain Carignon : « La commission nationale d’investiture de l’UMP, dont il est membre, a tranché dans le sens voulu par M. Carignon. Mais comme une bonne partie de la droite grenobloise est opposée à ce retour, elle a proposé que la tête de liste soit M. Chamussy. Si ce dernier l’accepte, il sera l’otage de l’ancien maire corrompu, qu’il le veuille ou non. » Les candidats désormais déclarés, la campagne devrait enfin pouvoir rentrer très vite dans le vif du sujet. A savoir des débats sur le fond. Paul Turenne