Ce mercredi 26 juin à 11h30, le Collectif de soutien à la famille Nasakjan avait convoqué la presse, place de Verdun, en face de la préfecture. L’occasion pour une trentaine de personnes d’attirer l’attention sur la situation de cette famille mi-arménienne mi-azerbaïdjanaise menacée d’expulsion.
« Je vais très bien travailler à l’école. Comme ça, je trouverai du travail et je pourrai payer une maison à mes parents ». Voilà comment David, 8 ans, envisage l’avenir. « C’est un gamin brillant » assure Mireille de Boissieu, la directrice de l’école Sidi Brahim de Grenoble, où l’enfant est scolarisé, avec son petit frère Alex, en grande section de maternelle. C’est elle qui a lancé l’alerte auprès des autres parents, quand elle a appris les difficultés que rencontrait la famille Nasakjan. Cette dernière vient en effet d’être expulsée du logement qu’elle occupait à Grenoble depuis près de trois ans.
pétition de soutien. Celle-ci demande que les autorités publiques (préfecture, Conseil général et mairie de Grenoble) aident la famille Nasakjan à obtenir un logement pérenne et un titre de séjour, afin que les enfants puissent grandir ici. Elle a déjà recueilli plus de 160 signatures. « Cette famille a tout fait pour s’intégrer. Ce sont des gens méritants » insiste une dernière fois la directrice. Avant de préciser qu’elle ne ferait pas cela pour tout le monde.
Ce week-end, le collectif tiendra un stand d’information lors de la kermesse de l’école.
Muriel Beaudoing
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« La directrice et les enseignants nous ont alertés sur la situation de cette famille qui risquait de se retrouver à la rue », explique Pierre Boutonnet, membre du comité de parents d’élève de soutien à cette famille. « Elle était jusque-là logée en centre d’accueil de demandeurs d’asile, près de Teisseire. Le centre leur a récemment demandé de partir car ils avaient été déboutés de leur demande d’asile. »
Après trois nuits d’hôtel, la petite famille s’est ainsi retrouvée sans domicile, avec ses enfants âgés de 8 ans, 5 ans et 13 mois. Sa demande de titre de séjour ayant par ailleurs été rejetée, la préfecture de l’Isère lui a ordonné de quitter le territoire français, le 31 mai dernier.
Racisme et persécution
La famille devrait retourner en Arménie, d’où le père est originaire. « Il n’y ont pas mis les pieds depuis dix ans. Et le problème, c’est qu’en Arménie les couples mixtes sont très mal perçus », précise Pierre Boutonnet. Car Nonna Nasakjan est, elle, née en Azerbaïdjan. « En Arménie, ils souffraient de racisme et de persécution. C’est pour cela qu’ils sont d’ailleurs venus en France. »
Le père de famille confirme : « Je n’ai plus aucun contact avec ma famille. Elle m’a rejeté car il fallait que je choisisse entre elle et ma femme qui est azéri. J’ai choisi ! » Et celui-ci d’expliquer qu’en plus des problèmes de racisme, les personnes d’origine étrangère sont très souvent accusées d’espionnage dans son pays. Son épouse renchérit : « Nous ne pouvons pas retourner en Arménie car nous avons peur. Nous avons déjà été insultés et même agressés physiquement là-bas… » L’intéressée a du mal à trouver ses mots. Elle avance, hésitante : « On se plaisait bien ici. C’est une chance de vivre sans danger. »
Jusque-là, la famille Nasakjan a été prise en charge au titre de sa demande d’asile. « Ils ont reçu une aide financière, une assistance juridique, l’aide d’une assistante sociale… Mais quand vous êtes déboutés, tout est fini », regrette Pierre Boutonnet. En réalité, leur demande a été rejetée en avril, mais la petite famille a profité jusqu’au 18 juin du maintien des dispositifs d’hébergement d’urgence demandé la ministre du Logement Cécile Duflot.
Trois jours plus tard, elle était à la rue. « Nous avons appelé le 115, le Centre communal d’action sociale, le Conseil général de l’Isère… On nous a répondu que l’on ne pouvait rien pour nous. Mais on a bon espoir d’obtenir le titre de séjour pour lequel nous avons déposé une demande à la préfecture soutenue par un courrier de M. Destot. »
« Des gens méritants »
En attendant, l’entraide s’organise. Les membres de la famille dorment à droite, à gauche. « La maman va très mal. Elle est allée plusieurs fois au CHU car elle se trouvait mal, du fait de cette situation de grand stress », souligne le parent d’élève, visiblement inquiet. Alex, l’aîné, semble également perturbé. « Il est plus fragile, plus sensible » observe la directrice.
Pour accélérer les choses, le collectif a lancé une