INTERVIEW –
Jean-Yves Gomez, PDG d’Isorg et ancien vice-président de STMicroelectronics, expose les raisons de sa prochaine installation dans la pépinière de PME Vet’innov, à Sassenage. Une étape primordiale pour passer pleinement du statut de jeune pousse à celui d’entreprise à forte croissance.
D’où est née cette nécessité d’innover dans les moyens de financement ?
Lorsque nous avons commencé à avoir des produits suffisamment matures et des clients, nous nous sommes tout de suite mis à chercher où nous implanter. On s’est alors aperçu qu’il n’y avait pas d’infrastructures pour accueillir des startups technologiques passant en phase industrielle. Cela demande beaucoup de capitaux propres. Or, une startup en a peu et quand elle lève de l’argent, c’est pour se développer, pas pour investir dans des infrastructures immobilières. Il y avait donc un grand vide.
Comment êtes-vous sorti de cette impasse ?
Nous avons rencontré les collectivités pour connaître les terrains disponibles. Puis, nous nous sommes entretenus avec le maire de Sassenage, avant de mettre en place avec lui le mode de financement. On a imaginé ce concept de pépinière de PME, en se disant « c’est la solution ». C’est là que la Caisse des Dépôts est intervenue. Elle a pris des risques qu’elle n’a pas l’habitude de prendre, en investissant en même temps qu’Isorg pour construire du mobilier industriel.
Qu’est ce qu’une « pépinière de PME » ?
C’est assez simple : vous créez une startup en collaboration avec un laboratoire qui vous permet de développer votre technologie. Quand vous passez à la phase PME, vous avez besoin d’un bâtiment, d’infrastructures et d’équipements de production. Mais des financements de ce genre, pour que les sociétés viennent s’installer et grossir tout en étant locataires, n’existaient pas. Est-ce un modèle que vous souhaitez exporter ? En France, on estime à une quinzaine le nombre de startups qui n’arrivent pas à passer au stade de PME, faute d’arriver à mettre en place les infrastructures nécessaires. Finalement, la richesse est créée quand on a des financements, des produits… C’est là qu’on transforme les fonds consacrés à la recherche industrielle. C’est le devoir de toute société. C’est un besoin qui est générique et non spécifique à Isorg. Espérons qu’un tel modèle se développe dans d’autres régions. Propos recueillis par Cyril FournerisLa technologie d’Isorg permettra à l’utilisateur d’interagir à distance avec un objet en 3D.
© Isorg
Isorg, la PME qui monte
Isorg, PME employant 18 personnes, était encore une startup il y a quelques mois en arrière. L’entreprise est issue du projet collaboratif Printronics, du pôle Minalogic, initialement orienté vers les textiles intelligents. Elle propose une technologie pionnière, capable de transformer le plastique ou le verre en surfaces interactives : reconnaissance de formes et d’objets, numérisation de documents, imagerie médicale, interfaces homme-machine innovantes… Isorg possède 35 brevets, auxquels s’ajoute une quinzaine d’autres, déposés depuis 2011 en copropriété avec le CEA, sur lesquels l’entreprise dispose d’une exclusivité mondiale. Le marché potentiel, avec des débouchés attendus dans l’industrie, l’électronique, le médical, la pharmacie, ou bien encore la sécurité, est « de l’ordre du milliard d’euros ». Mais les clients qui seraient « nombreux et prestigieux » restent pour l’heure secrets. Tout comme le chiffre d’affaires actuel, dont la progression semble toutefois exponentielle. Isorg prévoit, en effet, un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros en 2020.