Saint-Pierre-de-Chartreuse

Le tou­risme 4 sai­sons, c’est pour quand ?

Le tou­risme 4 sai­sons, c’est pour quand ?

Saint Pierre en Chartreuse

DIVERSIFICATION – Leurs dameuses à peine ran­gées, les sta­tions de moyenne mon­tagne doivent déjà mettre le cap sur la sai­son esti­vale qui repré­sente sou­vent une part impor­tante de leur chiffre d’affaires annuel. De plus en plus confron­tées au défi du tou­risme 4 sai­sons, elles redoublent de créa­ti­vité pour pro­po­ser de nou­velles acti­vi­tés et s’adapter aux demandes du public.
C’était l’une des prin­ci­pales annonces du prin­temps : la sta­tion d’Autrans a décidé de lan­cer un appel aux por­teurs de pro­jets pour déve­lop­per son cata­logue d’activités pour la sai­son esti­vale 2014.
« Cette démarche est très inno­vante. Habituellement, ce sont les élus qui lancent une étude de diver­si­fi­ca­tion et qui vont ensuite recher­cher des exploi­tants. Là, ils ont choisi de faire l’inverse et de recueillir les idées des por­teurs de pro­jets afin de voir quels seraient les amé­na­ge­ments à réa­li­ser pour déve­lop­per leur acti­vité », explique Eric Bouchet, gérant du bureau d’études Alterespaces qui a accom­pa­gné la com­mune d’Autrans dans sa démarche.
Il faut dire que le vil­lage-sta­tion, célèbre pour avoir accueilli les JO de 1968, a bien changé : il a été contraint en 2011 d’abandonner son attrac­tion prin­ci­pale, l’Aventure Parc, en rai­son du vieillis­se­ment de ses arbres. Depuis, la com­mune se cherche un second souffle, et sur­tout, une nou­velle acti­vité qui lui per­mette d’attirer les vacan­ciers. Car Autrans ne peut pas faire l’impasse sur la période esti­vale qui repré­sente 48 % du chiffre d’affaires annuel généré par les héber­ge­ments tou­ris­tiques. Les can­di­dats ont donc jusqu’au 13 sep­tembre pour dépo­ser leurs pro­po­si­tions concer­nant l’exploitation de six sites : Les Prés de Gève, La Sure, Le Belvédère de la Quoi, Les trem­plins, le Claret et la Maison des sports.
AutransA la recherche de la sta­tion de demain
« Les élus ont bien cadré leurs sou­haits : ils aime­raient que les acti­vi­tés soient les moins sai­son­nières pos­sibles, qu’elles créent des emplois sur la com­mune et qu’elles s’insèrent dans l’esprit du ter­ri­toire. Les pro­jets qui par­le­ront du prin­temps et de l’automne, en offrant pour­quoi pas un pro­duit des­tiné à une clien­tèle spé­ci­fique, auront un avan­tage ! » ajoute Eric Bouchet.
Comme beau­coup de sta­tions de sports d’hiver, Autrans a déve­loppé de manière his­to­rique tout un panel d’activités autour du ski (alpin, nor­dique) et de la ran­don­née (raquettes, ran­don­née à pied ou en vélo…). Mais aujourd’hui, les pro­fes­sion­nels du sec­teur constatent que les attentes du public ont évolué :
« Depuis une dizaine d’années, la clien­tèle est plus large et plus diver­si­fiée. Il en faut pour les familles, mais aussi les ados et les 20 – 35 ans qui attendent des acti­vi­tés ori­gi­nales et fes­tives », résume Eric Bouchet.

En vertu de ces constats, les sta­tions tentent de mul­ti­plier les pro­po­si­tions déca­lées pour séduire plu­sieurs seg­ments de clien­tèle : chasses au tré­sor, par­cours aven­ture, sauts dans le vide, sauts à ski ou en « big­ger bags », acro­ba­ties aériennes, VTT grand public… Des sen­sa­tions fortes, mais sans effort, ou presque ! Dans le mas­sif des Bauges par exemple, le par­cours ReWild de la Grande Traversée des Alpes surfe sur cette ten­dance en pro­po­sant depuis l’an der­nier un jeu de piste high-tech qui amène le public à résoudre des énigmes. Le tout grâce à une appli­ca­tion télé­char­geable sur un smartphone.
Gresse-en-Vercors
Remplir les lits froids
De son côté, la com­mune de Gresse-en-Vercors a décidé de miser sur une acti­vité grand public en déve­lop­pant un ensemble de sen­tiers sus­pen­dus à tra­vers le bois de Fayolles, en par­te­na­riat avec l’ONF. Là encore, l’objectif reste de conce­voir un pro­duit tou­ris­tique qui dif­fé­ren­cie le vil­lage des autres ter­ri­toires. Le maire, Henri Benoist, a tout de suite été séduit par l’idée : « Ce pro­jet doit per­mettre d’attirer, de main­te­nir et d’occuper les per­sonnes sur place quand la neige fait défaut », estime-t-il. Le bud­get, qui s’élevait à 500 000€, a été pris en charge par l’Europe (43 %), le Conseil Général de l’Isère (27 %), la com­mune de Gresse-en-Vercors (20 %), enfin la Région et l’Etat (10 %).
Lancée en juin 2012, l’Odyssée Verte® a déjà enre­gis­tré près de 6 000 visi­teurs pour sa pre­mière sai­son esti­vale. « 2013 sera un peu notre année test », estime le maire, qui n’écarte pas l’idée de pro­lon­ger l’ou­ver­ture d’avril à décembre. Son prin­ci­pal défi ? Remplir les 2 500 lits tou­ris­tiques de cette muni­ci­pa­lité de mon­tagne qui compte seule­ment 400 rési­dents permanents.
« Pour toutes les sta­tions, l’enjeu des 10 pro­chaines années est de rem­plir les lits froids. Dans cer­taines com­munes, leur pour­cen­tage atteint 40 à 60 % ! » rap­pelle Eric Bouchet, à Alterespaces.
Ce n’est donc pas un hasard si l’un des défis des héber­geurs comme Gîtes de France est aussi de convaincre les pro­prié­taires de rési­dences secon­daires de louer leurs biens en sai­son. « Nous avions amorcé une ini­tia­tive nova­trice il y a trois ans qui consis­tait à démar­cher les pro­prié­taires de mai­sons sur les sec­teurs que nous jugions inté­res­sants. Cela nous avait per­mis d’obtenir 30 ren­dez-vous, dont 10 concré­ti­sa­tions », affirme le direc­teur de Gîtes de France Isère, Bruno Bernabé. Car même si l’essor des réser­va­tions de der­nière minute a bou­le­versé le visage des réser­va­tions esti­vales, l’été n’en reste pas moins une période déter­mi­nante pour l’activité de Gîtes de France. « Le panier moyen en été est de 628 €, contre 573 € en hiver. Cette dif­fé­rence s’ex­plique notam­ment par le fait que les séjours en été sont sou­vent plus longs », reprend M. Bernabé.
Saint Hugues de Chartreuse - Vue sur le Grand Som
Un nou­veau souffle avec les entreprises ?
En Chartreuse, la com­mu­nauté de com­munes a trouvé une solu­tion ori­gi­nale pour dyna­mi­ser son ter­ri­toire : accom­pa­gner l’installation d’entreprises telles que le spé­cia­liste de l’équipement de trail, Raidlight. Un par­te­na­riat gagnant-gagnant que la com­mune a su sai­sir en 2011 : « Cette entre­prise avait contacté plu­sieurs ter­ri­toires et c’est la Chartreuse qui a été la plus rapide à répondre à leur demande », se sou­vient Denis Sejourné, vice-pré­sident de la com­mu­nauté de com­munes Chartreuse-Guiers.
Et pour cause, en venant s’installer à Saint-Pierre-de-Chartreuse, Raidlight a obtenu des fonds régio­naux à tra­vers le Contrat de déve­lop­pe­ment des mas­sifs. De quoi bâtir une sta­tion de trail com­pre­nant des sen­tiers, des équi­pe­ments (ves­tiaires, douches, sauna, bornes inter­net…) ainsi que la pos­si­bi­lité de tes­ter gra­tui­te­ment une cin­quan­taine de pro­duits, sous réserve que les par­ti­ci­pants retournent ensuite un ques­tion­naire qua­lité par email. Un pari qui a per­mis de faire venir en Chartreuse près de 6 000 visi­teurs en 2011, 10 000 en 2012.
« Cette année, nous atten­dons 12 000 à 15 000 per­sonnes. L’avantage, c’est que la com­mune a com­pris ce que nous vou­lions faire. Ils n’ont pas eu peur de s’associer dans le cadre d’un par­te­na­riat public-privé », affirme Benoît Laval, le pré­sident de l’entreprise.
Si Raidlight emploie 30 sala­riés à Saint-Pierre-de-Chartreuse, c’est l’association « Station de trail de Chartreuse », regrou­pant le Parc natu­rel régio­nal, la com­mune et l’entreprise, qui est char­gée de l’exploitation. Et donc, de la dupli­ca­tion du modèle sur d’autres mas­sifs. Car depuis l’an der­nier, deux nou­velles sta­tions Raidlight se sont ins­tal­lées à Villard-de-Lans et Saint-Martin-de Vésubie, tan­dis que quatre autres devraient voir le jour d’ici fin 2013 dans l’Oisans, les Ecrins, les Vosges et les Couserans. « La sta­tion de trail est un outil qui a per­mis de faire connaître la Chartreuse et qui a même créé un effet boule de neige puisque, depuis, un com­plexe de res­tau­rant et de bal­néo s’est ouvert », affirme Benoît Laval.
Ce type de par­te­na­riat public-privé pour­rait-il ouvrir la voie à une nou­velle façon de pen­ser et gérer les acti­vi­tés de mon­tagne ? L’initiative a en tous les cas déjà ins­piré d’autres pro­jets à Saint-Pierre-de-Chartreuse. En marge de son ins­tal­la­tion, en 2011, l’entreprise pari­sienne K‑124 Koxx spé­cia­li­sée dans le vélo trial a éga­le­ment déve­loppé une piste de com­pé­ti­tion aux normes euro­péennes, le Chartreuse Bike Park. Le tout financé en lien avec les col­lec­ti­vi­tés locales et les fédé­ra­tions de cyclisme.
Marie Lyan 
Retrouvez « l’in­ter­view » du direc­teur de la sta­tion de Autrans et notre « info­gra­phie » sur les chiffres clés de la mon­tagne estivale.

Place Gre'net

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