EN BREF – Nouvelle action pour condamner l’évasion fiscale, samedi 10 décembre : différents collectifs, parmi lesquels Attac et Alternatiba, organisaient devant l’agence BNP Paribas Lafayette de Grenoble une cérémonie d’un genre particulier, la remise des « Chaisars 2016 » pour récompenser l’établissement le mieux implanté dans les paradis fiscaux.
« Qui est le gagnant de la banque ayant le plus de filiales dans les paradis fiscaux ? Roulements de tambour… La BNP Paribas ! » Sous les applaudissements d’un public conquis, une fausse présidente de la BNP Paribas vient recevoir son « chaisar » et procède aux remerciements d’usage.
« Je tiens tout d’abord à remercier le gouvernement français qui, depuis quarante ans, s’efforce de créer un environnement favorable à l’évasion fiscale. Même si, de temps en temps, certains juges prennent des libertés… Je tiens bien sûr à remercier nos riches clients, qui nous poussent à être toujours plus inventifs dans nos montages financiers pour optimiser leurs impôts, afin qu’ils en payent le moins possible… »
Carmagnole et accordéons
C’est devant l’agence BNP Paribas Lafayette, rue de la République à Grenoble, que des membres d’Attac, d’Alternatiba ou encore d’ANV Cop21 organisaient cette parodie de remise de prix, samedi 10 décembre. Mais pourquoi les « Chaisars » ? Le terme fait référence à l’action des faucheurs de chaises et au procès de John Palais qui se tiendra à Dax en janvier 2017, suite à l’action en justice de la BNP.
« Ce qui est révoltant, c’est de penser qu’un tribunal accepte le qualificatif de vol en réunion. Ça ne tient pas debout. Ils savent bien que cela n’a rien à voir ! », s’agace Gérard Collet, membre d’Attac. Qui considère avant tout, à l’instar de ses camarades, les faucheurs de chaises comme des lanceurs d’alerte.
Comme à leur habitude, les pourfendeurs de l’évasion fiscale ont fait preuve d’humour. Ils ont ainsi interprété, comme récemment devant l’agence BNP de la place Victor-Hugo, une pièce muette en six scènes dénonçant « une justice à deux vitesses », avant de réclamer « le procès de l’évasion fiscale ».
Et sans craindre la pollution qui menace actuellement les bronches grenobloises, les militants n’ont pas hésité à danser au son de l’accordéon entre faux directeurs de banque et évadés fiscaux, avant de se livrer à une joyeuse farandole sur une variante de la Carmagnole. « Dans la Grande ville de Paris / Il y a des bourgeois bien nourris / Il y a des miséreux qui ont le ventre creux / Dansons la Carmagnole, vive le son de nos chansons. »
Le chat et la souris
L’opération surprise d’une trentaine de minutes a, comme souvent, été bien accueillie par les passants, qui ont volontiers pris des tracts et se sont parfois arrêtés pour discuter avec ceux qui le leur tendaient. Seul regret des militants ? Ne pas avoir pu entrer dans les locaux mêmes de la BNP. Si l’agence était bien ouverte, sa grille était baissée depuis le début de la matinée, les clients entrant par une petite porte sur la gauche.
« C’était une action nationale et, forcément, ils l’ont appris par la presse et ont fermé la grille », explique Christophe, un jeune militant. Et cela malgré une autre action, la veille, dans les locaux de la BNP Victor-Hugo, « pour faire diversion », confie Gérard Collet. L’action a donc eu lieu à l’extérieur.
Un jeu du chat et de la souris, en somme, auquel semblent commencer à s’habituer les établissements bancaires. Mais peut-être pas avec le même sens de l’humour que les acteurs des scénettes et autres parodies organisées devant leurs locaux pour dénoncer leurs filiales dans les paradis fiscaux…