ÉVÉNEMENT – La 17e édition du Cabaret frappé organisée par la ville de Grenoble s’installe, du 20 au 25 juillet, sous les frondaisons du Jardin de Ville. Le festival est devenu, au fil de seize ans d’existence, un rendez-vous musical incontournable, un temps fort de l’été grenoblois. Plus qu’une animation estivale, il s’affirme comme un projet artistique défricheur et révélateur de talents. Tour d’horizon avant embarquement pour un voyage musical autour du monde.
Comme tous les mois de juillet depuis dix-sept ans, le grand chapiteau du Cabaret frappé trône à nouveau sous les platanes centenaires du Jardin de ville. À quelques jours du début du festival, l’effervescence règne. Les techniciens s’affairent dans la chaleur étouffante de ce mois de juillet. Tout doit être prêt le jour J !
Le challenge ? Transformer les lieux en un espace de partage, de métissage des musiques et des cultures, créer une atmosphère chaleureuse et conviviale propice à la découverte.
« Un microcosme musical »
Implantée en plein cœur de la ville, c’est ce qui en fait tout le charme, la dix-septième édition du Cabaret Frappé s’apprête à proposer à des milliers d’aficionados des musiques actuelles « un microcosme musical ».
Six jours de concerts gratuits et payants, une formule largement éprouvée au fil des éditions et qui a véritablement su trouver son public.
Vous souhaitez boire une bière avec des amis en fin d’après-midi, en profitant des concerts gratuits sous le kiosque ? Ou bien préférez-vous apprécier le professionnalisme d’un groupe confirmé sur la grande scène du chapiteau ?
Pas de problème, vous trouverez votre compte, il y en aura pour tous les goûts. De l’électro rock de I am un chien au rétro surf rock de Bikini Machine, en passant par l’afro blues de Vieux Farka Touré ou encore le pop folk de Shake shake go, toute la palette mondiale des musiques actuelles sera représentée.
Loran Stahl, directeur de la programmation du festival, nous expose de bonnes raisons de venir faire un tour au Cabaret Frappé… et plus si affinités.
Réalisation Joël Kermabon
De la musique, beaucoup de musique, certes, mais pas seulement. Autour des concerts, plusieurs animations seront proposées. Jeux du monde pour petits et grands, atelier de sérigraphie, lectures dans le cadre de la roseraie… Autant de possibilités de flâner ou de s’occuper en attendant l’heure des concerts.
A signaler : les parents assistant aux concerts payants pourront profiter d’une halte-garderie gratuite installée dans la crèche du Jardin de ville. De quoi passer une agréable soirée avec des amis, en toute liberté, sans se soucier du biberon du petit !
Un concert de pré-ouverture gratuit
Au chapitre des nouveautés, cette année, le festival durera un peu plus longtemps. Le 19 juillet à 17 heures, avant même l’ouverture officielle, un “before”, concert de pré-ouverture gratuit aura en effet lieu à la gare haute de la Bastille, en partenariat avec l’office du tourisme de Grenoble et la Régie du téléphérique. Au programme, le groupe Blond Neil Young qui interprètera des reprises magistrales issues du répertoire du monstre sacré de la folk music Neil Young.
Loran Stahl explique ce choix : « Nous savons que sur les concerts gratuits beaucoup de mômes viennent et nous avons eu envie de leur faire découvrir des anciens répertoires ». Autre nouveauté, toujours dans le cadre de ce même partenariat, la mise en place d’un “pass” spécial Cabaret frappé à 69 euros, destiné plus particulièrement aux non-Grenoblois.
« Une programmation touffue »
Cette année encore, restant fidèle à ses choix artistiques, Loran Stahl persiste et signe. Ce sera une « programmation éclectique pour un voyage musical autour du monde, convivial et fédérateur », prédit-il.
« C’est une programmation touffue. Il y a beaucoup de choses à voir et à découvrir », explique le directeur. L’occasion aussi de dénicher de nouveaux talents. « L’année dernière, il y avait à l’affiche un artiste qui a été Victoire de la musique juste après, et ça, ça arrive régulièrement », se félicite-t-il.
Loran Stahl en est convaincu : « Le Cabaret frappé, ce sont les grands noms de demain à petits prix ».
La formule n’est pas innocente, les tarifs du Cabaret frappé sont parmi les moins chers de France. « C’est le fruit d’une politique tarifaire volontaire menée depuis des années. Cette année, avec la nouvelle équipe municipale, il a été décidé que nous n’augmenterions pas les tarifs », souligne le directeur.
Autre signe de la volonté d’ouverture du festival au plus grand nombre, la dernière journée le samedi 25 juillet sera, tout comme l’année précédente, entièrement gratuite. C’est la chanteuse pop-soul de renommée internationale Ayo – la femme à la guitare – qui clôturera cette dernière soirée sous les platanes.
Quid de la scène locale ?
Pour autant, le Cabaret frappé n’oublie pas la production artistique locale, très présente dans cette nouvelle édition. Notamment avec les concerts gratuits qui auront lieu sur la « troisième scène du festival » : le Zicbus. Le principe ? Une vingtaine de passagers embarquent dans un bus “vintage” pour assister aux concerts donnés à l’intérieur. Attention, il faut se serrer, les places sont comptées !
Ceux qui n’ont pas pu monter peuvent tout de même assister au concert à l’extérieur, dans la limite de cinquante spectateurs, grâce à une retransmission en direct et des casques fournis.
C’est sur cette scène hors-norme que se produiront, tous les soirs à 21 heures, les artistes programmés par l’association Retour de scène – Dynamusic, qui a pour vocation de proposer un accompagnement et un soutien aux artistes locaux en voie de professionnalisation.
Autre facette de l’implication du festival dans la scène locale, les concerts de “l’after Cabaret frappé” qui auront lieu le dimanche 26 juillet au Ciel, dans le cadre d’une co-réalisation Cabaret frappé – Régie 2C. Deux groupes seront ainsi propulsés : Singe Chromes (post rock) et H‑Burns (americana). « Il y a un énorme soutien du Cabaret frappé à la Régie 2C, se félicite Corinne Bernard, adjointe à la culture et présidente du conseil d’administration de la Régie 2C. Malgré nos inquiétudes pour l’avenir, je vois que nous pourrons compter sur lui ».
Le Cabaret frappé, Graal pour les artistes locaux
Pour un artiste local, être programmé au Cabaret frappé « c’est un peu la conquête du Graal ! », s’amuse Loran Stahl. Faisant référence au dispositif mis en place pour les scènes de musiques actuelles (Smac) à Grenoble, le directeur plante le décor. « Nous travaillons avec le show-bizz, avec la culture, avec les médias, avec la sphère politique. » Une façon de mieux appréhender la façon dont se déroule la carrière des artistes.
« Nous n’achetons pas sur catalogue et ne prenons pas, par opportunité, tel artiste payé plein pot pour remplir nos salles. Nous nous refusons à dépenser de l’argent public de cette manière-là. »
Et l’événement semble bien faire fi des changements politiques, comme le confirme Olivier Bertrand, adjoint à l’animation et aux événements festifs : « La ville de Grenoble tient beaucoup au Cabaret frappé, animation d’été sur le centre-ville chère au cœur des Grenoblois mais aussi projet artistique de plus en plus affirmé. Cette édition, qui sera la première à être soutenue du début à la fin par la nouvelle municipalité, montre que nous nous inscrivons sur cet événement dans une réelle continuité ».
Un temps important pour la ville de Grenoble, donc et les Grenoblois de manière générale. La preuve ? Bon nombre d’entre eux affirment ne partir en vacances qu’après qu’il se soit déroulé.
Joël Kermabon
Vous désirez en savoir plus ? Consultez toutes les informations pratiques sur le site du Cabaret frappé.