REPORTAGE – Le musée de Grenoble et le musée de la résistance et de la déportation de l’Isère se sont associés pour présenter sous format numérique l’œuvre de Othon Friesz, La Guerre. Cette exposition, intitulée “1915, fragments d’histoire”, permet de la découvrir sous deux visions différentes et gratuitement en partant du musée de la résistance.
Que se passe t‑il quand on mélange art et l’histoire ? Eh bien, cela donne une exposition d’un genre nouveau : une “exploration numérique” intitulée “1915 Fragments d’histoire”. Un concept innovant – fruit du partenariat entre le musée de Grenoble et celui de la résistance et de la déportation de l’Isère – créé autour de La Guerre, œuvre d’Othon Friesz. Cette dernière a été réalisée durant la première Guerre mondiale par son auteur, revenu blessé du front.
16 fragments de puzzle
L’immense peinture, exposée au musée de Grenoble, vit son moment de gloire puisqu’elle est mise en valeur par deux écrans numériques tactiles, un dans chaque musée, qui décryptent chaque scène du tableau. En tout, 16 fragments de puzzle ont été constitués, correspondant à autant de thèmes qui ont marqué l’artiste : l’invasion, les soldats, l’enfer, l’espoir…
Les visiteurs ont ainsi la possibilité de découvrir l’œuvre de manière plus moderne, d’agrandir l’image numérique, de la “toucher”, en quelque sorte, grâce à l’écran tactile.
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Le partenariat noué entre les deux musées grenoblois ne s’arrête pas là. Le dispositif numérique apporte sans conteste un côté ludique. Il s’agit “d’adopter des pièces” sur l’écran tactile de l’œuvre d’Othon Friesz. Une fois la pièce choisie, une question apparaît pour susciter votre curiosité. Si la réponse ne vous vient pas, vous pouvez aller la chercher dans l’autre musée. L’écran vous fournit, en effet, un code de 8 caractères à noter sur un document prévu à cet effet que vous entrez sur l’écran de l’autre musée.
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À noter : si vous démarrez au musée de la résistance et de la déportation, dont l’entrée est gratuite, vous pourrez accéder au musée de Grenoble tout aussi gratuitement (à condition d’avoir récupéré le tampon dudit musée). La distance entre les deux lieux n’est pas un problème. Il suffit de marcher 5 à 10 minutes, en suivant le plan fourni si l’on connaît mal les rues de la ville.
La Guerre, une œuvre qui s’y prête
Ce projet numérique inédit dans ces deux musées a été initié par Éric Chaloupy, médiateur au musée de Grenoble. Pour réussir à marier art et histoire, il fallait, avant tout, une œuvre qui s’y prête. La Guerre d’Othon Friesz a cette particularité d’être une des rares réalisations du XXe siècle qui s’appuient sur des photos et films de l’époque.
Passionné depuis plusieurs années par les guerres, Eric Chaloupy avec son collègue Pierre Bastien, ont ainsi pu pousser les recherches sur l’artiste jusqu’au Havre, sa ville d’origine. Une enquête détaillée qui a permis de récupérer de nombreux documents, visibles sur les écrans tactiles des deux musées.
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Deux univers, l’un historique, l’autre artistique
Cette exploration numérique est le fruit d’un travail inédit de collaboration entre les équipes des deux musées isérois. « Je ne connaissais pas dans le détail l’équipe du musée de la résistance et de la déportation », reconnaît d’ailleurs Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble.
Pour Olivier Cogne, directeur du musée de la résistance et de la déportation de l’Isère, c’est un « partenariat qui n’est pas naturel, mais qui s’est extrêmement bien passé ». Sur la même longueur d’onde, son homologue retient « une belle ambiance de collaboration entre les deux musées ». Un partenariat gagnant pour les deux musées qui croise deux dimensions, l’une historique et l’autre artistique.
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Ce passage au numérique dans les musées « est essentiel » pour Olivier Cogne. « Il intéresse un grand nombre de personne. C’est un dispositif innovant, qui se veut attractif, ludique osons le mot, même si nous renvoyons à une période très tragique de notre histoire ». Pour Éric Chaloupy, c’est aussi une nouvelle forme de médiation pour le public.
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L’exposition numérique “1915, fragments d’histoire” durera jusqu’au 12 octobre. Quant à celle sur “Les Poilus”, elle sera prolongée jusqu’à cette même date au musée de la résistance et de la déportation de l’Isère.
Ludovic Chataing
N.B. du 12 octobre 2015 : Les deux vidéos présentes initialement lors de la publication de l’article ont été supprimées et les tableaux floutés sur les photos pour satisfaire aux règles de l’ADAGP en matière de droits d’auteurs. Cet organisme n’autorise en effet la représentation des œuvres dont il gère les droits que pendant une courte durée (exception d’actualité), sauf à s’acquitter de coûteuses redevances qui représentent une trop lourde charge pour Place Gre’net.