CHRONIQUE – Place Gre’net s’associe à la radio RCF Isère chaque lundi midi dans la chronique L’Écho des médias. Notre objectif ? Revenir sur une actualité, décrypter une information… ou révéler les coulisses du traitement d’une nouvelle. Pour cette chronique sur RCF épisode 99 du lundi 2 décembre 2024, retour sur le départ annoncé du procureur de la République de Grenoble.
« Aujourd’hui, nous allons parler du procureur de la République de Grenoble. À savoir Éric Vaillant, du moins pour quelques semaines encore puisque son départ a été annoncé la semaine dernière. Le procureur va donc bientôt quitter ses fonctions à Grenoble pour rejoindre un autre parquet. Et si l’on ne sait pas exactement quand, on sait où, à savoir…Caen. C’est en janvier 2025 qu’Éric Vaillant devrait rejoindre la Normandie, et ceci en tant qu’avocat général.
Éric Vaillant aura été procureur à Grenoble durant six ans. Il avait officiellement pris ses fonctions au 1er janvier 2019, après avoir exercé en Guyane. Et comme on peut s’en douter, beaucoup d’affaires se sont déroulées durant ses six années grenobloises. Impossible évidemment d’en dresser une liste exhaustive, en particulier quand une actualité chasse l’autre. Mais on peut tout de même citer quelques faits marquants.
Par exemple ? Le violeur à la trottinette qui a sévi sur l’agglomération début 2024, les violences urbaines avec pillages qui ont frappé le centre-ville de Grenoble en 2023, ou les piqûres suspectes à répétition dans des boîtes de nuit en 2022… Sans oublier, plus récemment encore, l’assassinat de l’agent municipal de Grenoble Lilian Dejean, dont le principal suspect a d’ailleurs récemment été appréhendé. Autant d’événements, parmi de nombreux autres, dont la prise en charge judiciaire s’est faite sous l’autorité du parquet de Grenoble et du procureur Éric Vaillant.
Un procureur face au trafic de drogues
Mais on pense aussi très fort au trafic de drogues. Évidemment, avec une année 2024 marquée par de nombreuses fusillades sur fond de guerre de territoires entre dealers, on pourrait craindre que le phénomène soit plus mis en avant que nécessaire. Mais la question du trafic a toujours été un enjeu majeur pour Éric Vaillant. Rappelons-nous que son prédécesseur, Jean-Yves Coquillat, avait lui-même déclaré qu’il n’avait jamais vu « une ville aussi pourrie et gangrenée par le trafic de drogue ».
Dès sa prise de fonction, Éric Vaillant avait joué la carte de l’humilité. Et surtout du réalisme. Dans un entretien accordé à Place Gre’net en février 2019, il expliquait ainsi ne pas prétendre éradiquer le trafic de stupéfiants, mais entendait perturber l’activité des dealers et, surtout, les empêcher de prendre possession de l’espace public.
Six ans plus tard, le procureur revendique une baisse du nombre de points de deal sur Grenoble et rappelle les condamnations prononcées contre quelques gros dealers. Mais dans l’ensemble, force est de constater que le trafic demeure très présent. Et que Grenoble fait encore fréquemment parler d’elle au niveau national pour ses fusillades.
Un échec d’Éric Vaillant ?
On ne peut pas parler d’échec pour autant, car ce serait outrancier. Personne n’a la formule magique pour mettre fin au trafic de drogues, et cette réalité se retrouve partout dans le monde. La justice, pas plus que la police, ne peuvent faire de miracles. Reste, nous l’avons déjà évoqué, que ce trafic pourrit la vie des habitants, et qu’il est particulièrement coûteux en vies humaines, y compris celles des plus jeunes.
Une chose est certaine, le (ou la) successeur(e) d’Éric Vaillant devra faire preuve de beaucoup d’ambition pour relever le défi qui l’attend. En espérant tout de même que ses dents ne rayeront pas le parquet ! »
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Une réflexion sur « Chronique Place Gre’net – RCF : Départ annoncé du procureur de Grenoble : retour sur six ans d’exercice »
On pourrait aussi avoir l’impression d’un traitement un peu poussif des affaires politico-judicialres grenobloises.….quand elles ne sont pas dépaysées dans un autre ressort…? Tout en reconnaissant que ces affaires ont surtout une portée symbolique et politique et morale plutôt qu’une grave atteinte a l’ordre public qui monopolise le parquet ?0