EN BREF – Maître du kundalini yoga, Jean-Louis Astoul, directeur d’une école de yoga à Saint-Michel-les-Portes (Isère), dans le Vercors, a été interpellé, mercredi 18 octobre 2023, et placé en garde à vue pour « agressions sexuelles et abus de faiblesse dans un contexte de dérives sectaires ». Il est notamment accusé d’attouchements par des employées et anciens élèves de son ashram, qui dénoncent également des pratiques dangereuses et une forme d’emprise.
Jean-Louis Astoul, 73 ans, maître du kundalini yoga et star de la discipline, se trouvait toujours en garde à vue, jeudi 19 octobre 2023 au soir. Le directeur de l’école Amrit Nam Sarovar, à Saint-Michel-les-Portes (Isère), a été interpellé, mercredi 19 octobre, par la brigade de recherches de La Mure, pour « agressions sexuelles et abus de faiblesse dans un contexte de dérives sectaires », indique le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant, confirmant une information du Monde.
Le directeur de l’école Amrit Nam Sarovar, maître du kundalini yoga, a été placé en garde à vue, le 18 octobre 2023, pour « agressions sexuelles » et « abus de faiblesse » dans un contexte de dérives sectaires. © Google Maps
Son arrestation fait suite à une enquête ouverte par le parquet de Grenoble. En cause, des faits qui auraient été commis sur des élèves et employées de son « ashram », situé dans le petit village du Vercors. Dans sa longue enquête, Le Monde rapporte ainsi des témoignages de plusieurs femmes évoquant des attouchements et des baisers non consentis.
« Des “quêtes de vision” nécessitant au moins vingt-quatre heures de jeûne, seul dans la forêt et sans encadrement. »
D’anciens participants décrivent également des séances de yoga qui duraient « jusqu’à cinq heures d’affilée », avec « très peu de nourriture », et « des états de transe pouvant conduire à des malaises ». Sans oublier « des “quêtes de vision” nécessitant au moins vingt-quatre heures de jeûne, seul dans la forêt et sans encadrement ».
Selon le quotidien, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a d’ailleurs reçu plusieurs signalements émanant d’ex-élèves de l’école de yoga, qui ont tous été transmis à la justice, dans le cadre de l’enquête en cours.
Popularisé à partir de 1968 et dans les années 1970 par l’Indien Yogi Bhajan, sur la côte ouest des États-Unis, le kundalini yoga visait à l’origine à libérer de leurs addictions les hippies californiens. Basé notamment sur des mantras et la respiration rapide, ce dérivé du yoga est aujourd’hui très populaire en France, où il compte plusieurs milliers d’adeptes.
Des cures coûtant plus de 2 000 euros
Jean-Louis Astoul est devenu l’un des pratiquants les plus célèbres du kundalini yoga. Le septuagénaire se vante ainsi d’avoir « enseigné partout dans le monde, à des Chinois, à des Russes et même à des “tribus pygmées” en Afrique centrale », souligne Le Monde. Et donc également à l’école Amrit Nam Sarovar, qui s’étend sur environ 20 hectares, dans le Parc naturel régional du Vercors.
L’école de kundalini yoga s’étend sur près de 20 hectares, dans le petit village de Saint-Michel-les-Portes, dans le Vercors. © Jvillafruela, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Créée en 2000, cette « école internationale » se présente sur son site comme « une communauté internationale », qui constitue « un réseau mondial ». Elle propose une large gamme de produits, allant des cours en ligne, via la plateforme Zoom, pour un peu moins de 50 euros, à des cures d’une semaine coûtant entre 1 800 euros et 2 400 euros. Pour ce prix, les participants peuvent se « purifier » dans le lieu-dit du Martinet.
D’après Le Monde, le maître yogi revendique une approche « ésotérique et mystique ». Mais pour une partie de ses anciens élèves, celle-ci serait donc aussi et surtout « dangereuse ». Jean-Louis Astoul doit maintenant s’en expliquer devant la justice.