FOCUS – Un conseiller en investissements financiers isérois de 51 ans a comparu, mardi 3 octobre 2023, devant le tribunal correctionnel de Grenoble, pour de nombreuses infractions présumées (abus de confiance au préjudice d’une personne vulnérable, réception illégale de fonds, faux et usage de faux, abus de biens sociaux…), commises entre 2017 et 2022. Il est notamment soupçonné d’avoir escroqué un ancien industriel fortuné, âgé aujourd’hui de 91 ans. Le parquet a requis trois ans de prison dont deux avec sursis ainsi que la fermeture de l’entreprise ou encore l’interdiction d’exercer. Le jugement a été mis en délibéré au 14 novembre.
Le prévenu et sa principale victime, assise sur les bancs de la salle d’audience, ont longtemps été amis, partageant le goût des voitures de sport et des restaurants étoilés. Ce mardi 3 octobre 2023 pourtant, le premier nommé, conseiller en investissements financiers, se retrouve devant le tribunal correctionnel de Grenoble, soupçonné notamment d’avoir détourné des fonds au préjudice de son ancien client et ami, un ex-industriel fortuné, âgé aujourd’hui de 91 ans.
Prévue initialement le 31 août 2023, l’audience du conseiller en investissements financiers s’est déroulée le 3 octobre 2023 devant le tribunal correctionnel de Grenoble. © Manuel Pavard – Place Gre’net
La liste des faits reprochés à Jean-François B. – qui s’étalent de janvier 2017 à juillet 2022 – témoigne de l’ampleur des malversations financières présumées : abus de confiance au préjudice d’une personne vulnérable, réception illégale de fonds, faux et usage de faux, abus de bien social, blanchiment, prise du nom d’un tiers… Le tout pour un montant cumulé s’élevant à près d’un million d’euros, selon les parties civiles.
L’enquête initiée par l’Autorité des marchés financiers
À l’origine de l’enquête, un signalement au parquet de Grenoble effectué par l’Autorité des marchés financiers (AMF), en novembre 2021. Le gendarme boursier français avait en effet commencé à s’intéresser, quelques mois plus tôt, à la société du conseiller en investissements financiers – basée à Lyon et également implantée à Seyssinet-Pariset -, suspectant de « possibles manquements d’initiés« 1infraction non reprochée au prévenu.
Le siège parisien de l’Autorité des marchés financiers (AMF), dont deux enquêtrices, à l’origine du signalement au parquet de Grenoble, ont témoigné à la barre du tribunal. © Albert Bergonzo, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
De fil en aiguille, les enquêteurs se sont ensuite penchés sur la relation entre Jean-François B. et Pierre Corbet. Le gestionnaire de fortune isérois de 51 ans, placé sous contrôle judiciaire le 21 juillet 2022, a rencontré son futur client « il y a une vingtaine d’années. C’était quelqu’un de vif, dynamique, intelligent », raconte-t-il à la barre. « Il m’a demandé, en 2013 ou 2014, de l’aider sur ses déclarations fiscales. »
Un ancien directeur du CEA et dirigeant de Rossignol
Pierre Corbet est une personnalité connue à Grenoble. L’industriel retraité a ainsi été directeur du CEA2alors nommé Centre d’études nucléaires de Grenoble de 1979 à 1984, puis dirigeant de Rossignol à partir de 1985. Une carrière qui lui a permis de « se constituer un important patrimoine », indique la présidente, qui détaille : une retraite de 100 000 euros par an, un appartement à Grenoble, une maison à Belle-Île, plusieurs comptes bancaires et livrets d’épargne comportant plusieurs dizaines de milliers d’euros chacun…
Durant de longues années néanmoins, les liens entre les deux hommes sont restés avant tout amicaux. Ceci jusqu’en 2017, lorsque Pierre Corbet a perdu son épouse. « C’est elle qui se chargeait des finances » et de tous les comptes de son mari, explique la présidente. Ce dernier, alors âgé de 85 ans, a ensuite vu « son état de santé décliner, avec des pertes de mémoire ».
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