FLASH INFO – Plusieurs dizaines de personnes se sont réunies mardi 23 mai 2023 rue Félix-Poulat, à Grenoble, pour dénoncer la politique du gouvernement français à l’égard de Mayotte. Dans leur viseur : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et Wuambushu, une opération policière de grande envergure, présentée comme « colonialiste et raciste ».
Les militants ont répondu à l’appel de la Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (Cisem). Ils étaient plusieurs dizaines, mardi 23 mai en début de soirée, venus dénoncer l’opération Wuambushu, en cours à Mayotte. Une action, selon le gouvernement, de lutte contre l’habitat insalubre, la criminalité et la présence sur l’île d’étrangers en situation irrégulière.
Plusieurs dizaines de personnes se sont réunies rue Félix-Poulat, à Grenoble, pour évoquer la dramatique situation de Mayotte. Et fustiger du même coup l’action de l’État dans l’archipel des Comores. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
Parmi les organisations et associations participant au rassemblement, Attac, l’Apardap, le Dal 38, la Ligue des droits de l’homme, Survie et Grenoble Antifasciste. Mais aussi des syndicats – Solidaires et Lutte ouvrière, notamment.
Des représentants de la plupart de ces mouvements ont pris la parole pour critiquer l’action de l’État. « Le show Wuambushu ne peut que jeter de l’huile sur le feu, résumait un tract remis à Place Gre’net. C’est une opération colonialiste et raciste de destruction massive des bidonvilles et d’expulsions illégales. Dans le plus grand mépris des personnes et des procédures. »
« Un îlot d’extrême pauvreté »
Mayotte ? Un « îlot d’extrême pauvreté dans un océan de misère » pour la Cisem. « Le PIB annuel par habitant est cinq fois plus bas que celui de la Métropole, mais huit fois supérieur à celui des habitants des trois autres îles [des Comores, ndlr]. »
Et de préciser, chiffres à l’appui :« À Mayotte, la moitié des habitants vit avec 160 euros par mois, contre 60 dans le reste de l’archipel. Les jeunes Comoriens tentent la traversée et espèrent vivre moins mal dans l’île voisine. Sans beaucoup d’espoir d’y rester : il y a 25 000 expulsions par an ! »
Cible des critiques de la Cisem et de ses partenaires : Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur est accusé de « mettre de l’huile sur le feu » à Mayotte. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
La Cisem déplore également le manque de services publics et leurs moyens insuffisants. Elle réclame « l’arrêt définitif de l’opération Wuambushu ». Et plaide pour « l’abrogation du visa Balladur qui, depuis 1995, jette une partie de la population dans l’illégalité en supprimant la libre-circulation dans l’archipel ». Autre revendication : le versement « de réparations à l’ensemble de l’archipel, afin de rattraper le retard en matière notamment de droits à la santé, à l’éducation et à la justice ».