FOCUS – Dans le cadre du projet « Grenoble la nuit » et en lien avec les annonces du gouvernement concernant les violences faites aux femmes, la Ville de Grenoble va mettre en place le dispositif Angela. Une démarche qui doit conduire à un réseau de lieux refuges dans toute la commune. Pour cela, la municipalité fait appel aux gérants de bars et acteurs de la nuit désireux d’améliorer la sécurité des femmes.
Aujourd’hui, 8 jeunes femmes sur 10 ont peur de sortir seules le soir. Et 86% des Françaises ont été victimes, au moins une fois, d’une forme d’agression sexuelle dans la rue. Forte de ce constat et dans le cadre de Grenoble la nuit, la Ville rejoint le dispositif Angela. Une démarche qui doit conduire à un réseau de lieux refuges destinés aux personnes se sentant en situation d’insécurité dans l’espace public.
« C’est important d’être présent sur ce sujet-là, affirme Laura Pfister, adjointe au maire à l’égalité des droits et de lutte contre les discriminations. La Ville de Grenoble organise déjà plusieurs événements autour des droits des femmes. La lutte pour les droits et la sécurité des femmes est un combat qui nous touche toutes et surtout un combat qui est loin d’être fini. »
Le dispositif Angela : un projet d’envergure national
Pourquoi décliner ce plan national Angela partout en France ? Pour que tout le monde puisse reconnaître le label. « Quand on est une femme, on peut être confrontée aux agressions dans la ville où l’on a grandi, celle dans laquelle on étudie ou celle où l’on est en vacances. Il est donc important que le nom Angela puisse parler à tout le monde et n’importe où », précise Laura Pfister.
La mairie de Grenoble met en place le dispositif Angela, afin de lutter contre les agressions de rues. © Isis Laigneau – Place Gre’Net
Ce dispositif vise à former les gérants de bars et lieux de la nuit aux questions de violences sexistes et sexuelles dans la rue. Ce en abordant les sujets sensibles comme la consommation d’alcool, de drogue ou encore les piqûres. Sur la base du volontariat, ces professionnels pourront ainsi suivre une formation continue afin d’adopter les bons réflexes en cas d’agression.
« Les établissements sont demandeurs de ce genre de formation »
La Ville de Grenoble souhaite, d’ici la fin 2023, qu’une formation au minimum ait lieu dans les lieux les plus sensibles. « L’objectif est de mobiliser les acteurs de la nuit qui veulent être formés et qui ont envie d’avoir les bonnes réactions le jour ou ils seront confrontés à cela. C’est le type de requête que l’on nous a déjà remonté. Les établissements sont demandeurs de ce genre de formation », ajoute Maud Tavel, adjointe au maire en charge des questions de tranquillité de la ville.
Si les policiers grenoblois reçoivent déjà de telles formations, la Ville souhaite étendre cette sensibilisation à davantage de professionnels. Avec l’obtention d’un label à la clé.
Un soutien aux associations luttant pour le droit des femmes
En parallèle, la Ville de Grenoble entend soutenir et accompagner plusieurs associations en faveur des droits des femmes. C’est notamment le cas de Patriarchie Magazine. « Cette série d’illustrations féministe imite les couvertures d’un magazine féminin classique, dans toute sa bienveillance. Il n’y a pas de magazine, uniquement des couvertures. Pour le moment, 19 numéros sont sortis, dont 5 en collaboration avec d’autres artistes », explique Pauline Rochette, créatrice et directrice artistique du magazine.
Avec des titres et des images qui se veulent choquants, Patriarchie Magazine a pour objectif de parler de thèmes militants, parfois tabous. « On s’est rendu compte que l’aspect décalé fonctionnait vraiment bien, déclare Lucille Franck, trésorière de l’association. Le but est de démocratiser et rendre accessibles toutes les luttes sociales. À travers des ateliers ludiques comme un cours de twerk, on attire plus de monde qu’avec une conférence. Ça permet de véhiculer un message de manière différente, et les gens adorent ! »
Depuis 2022, l’association est lauréate du prix Jeune pour l’égalité de la Maison pour l’égalité femme-homme. Cela lui a notamment permis de faire de Patriarchie Magazine une exposition itinérante à découvrir dans des lieux divers et variés à Grenoble.