TROIS QUESTIONS À : Après plusieurs années de gestion houleuse et plus d'un an sans direction, le Magasin-Centre national d'art contemporain (Cnac) de Grenoble a enfin accueilli le 1er février 2022 sa nouvelle directrice, Céline Kopp. Cette dernière arrive tout droit de Marseille, où elle était à la tête du Triangle-Astérides, situé sur la célèbre friche de La Belle de mai. Choisie à l'unanimité par le jury qui l'a auditionnée, Céline Kopp entend « impulser un mouvement d'avenir ». Pour l'heure, elle s'attelle ardemment à la réouverture du Magasin aux artistes et au public.
UN PARCOURS EN FRANCE ET À L'INTERNATIONAL
À 40 ans, Céline Kopp peut déjà se targuer d’un beau parcours. Originaire de Belfort, la nouvelle directrice du Cnac a suivi un double cursus à l'université en Histoire de l'Art de Strasbourg et à l'école du Louvre à Paris. Après un master en muséologie, elle a décroché un master de commissaire d'exposition au Royal Collège à Londres.
Céline Kopp s’est ensuite envolée pour les États-Unis, a dirigé des projets dans des musées et écoles d'art, successivement à Los Angeles, Chicago, Memphis, puis au Canada et au Danemark.
Avant d’arriver à Grenoble, elle a été la directrice durant neuf ans et demi du Triangle-Astérides, un centre d’art contemporain d'intérêt national situé à Marseille, dans la friche La Belle de mai, l'un des plus grands tiers-lieux de culture et d'art en France. « Le contact avec les artistes, leurs expérimentations et les rencontres générées avec les publics est une ligne de force de mon parcours professionnel», commente la nouvelle directrice du Magasin-Cnac.
Place Gre’net | Qu'est-ce qui vous a donné envie de postuler pour la direction du Cnac à Grenoble ? Vous étiez pourtant à la tête d’une structure emblématique à Marseille que beaucoup auraient pu vous envier...
Céline Kopp : Le Magasin est un lieu qui fait rêver. C'est un centre d'art vraiment iconique qui a une importance considérable pour l'art contemporain en France mais aussi à l'international. Quand j'ai fait mes études à Londres, j'entendais parler du Magasin car il a été conçu il y a presque 40 ans, comme un prototype d'institution culturelle au service des artistes et des publics. La vocation d'un centre d'art contemporain, je le rappelle, c'est de produire des œuvres d'art, d'expérimenter, diffuser, partager.
Et le Magasin est très important parce qu'il a été aussi le lieu de la première école de commissariat d'exposition en art contemporain dans les années 80. Depuis l'annonce de ma nomination, des gens dont je n'avais aucune idée qu'ils étaient passés par Grenoble viennent me raconter les expos qu'ils ont pu y voir. C'est dire à quel point le lieu a pu être important pour eux à un moment de leur parcours...
Oui, pour moi, c'était assez naturel de postuler à Grenoble. C'est complètement cohérent avec mon parcours. Et, oui, je suis restée à Marseille neuf ans et demi, et je suis vraiment heureuse de passer le relais à une nouvelle direction. J'ai un bilan dont je suis fière. La structure est solide, avec une programmation qui rayonne. C'était le moment de partir.
Place Gre’net | Quel regard portez-vous sur les crises successives qu'a traversées le Magasin ? Comment se porte votre équipe après ces moments difficiles et plusieurs départs ? Et que vous inspire la tentative d'occupation du Magasin en mode autogéré par la Supérette, un groupe d’artistes et d’habitants, en avril 2021 ?
Céline Kopp : Je suis membre de conseil d'administration de D.C.A, réseau national qui fédère une cinquantaine de centres d'art contemporain en France, dont le Magasin. Ce réseau professionnel a suivi avec une grande attention ses difficultés, durant les dernières années. Donc j'étais informée. Je tiens vraiment à dire que j'ai beaucoup de respect pour les directions précédentes.
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