FOCUS - Convertis en 2019 au Lundi vert sans viande ni poisson, les restos U reconduisent la démarche cette année. Et dans les écoles, collèges et lycées de l'Isère, les cantines proposent désormais elles aussi dans l'ensemble au moins un menu végétarien hebdomadaire, conformément à la loi Égalim. Quelques communes de l'agglomération grenobloise pourraient cependant mieux faire, révèle une enquête de Greenpeace.
Bons pour la santé, pour la planète et l'agriculture locale, les menus végétariens doivent être proposés au moins une fois par semaine dans tous les restaurants scolaires de la maternelle au lycée depuis novembre 2019, conformément à la loi Égalim.
Greenpeace vient de rendre publique une enquête nationale sur la mise en place effective de cette obligation. Qu'en est-il en Isère ?
De fortes disparités dans les écoles de l'agglomération grenobloise
« Les conclusions de l'enquête sont sans équivoque : il y a du mieux dans les cantines scolaires », se réjouit Greenpeace. Ainsi, 74 % des écoliers bénéficient d'au moins un menu végétarien par semaine, établit l'ONG, qui a collecté près de 8 000 contributions sur tout le territoire.
En Isère, Grenoble se situerait au-dessus du lot d'après Greenpeace, avec « un repas végétarien deux fois par semaine ou plus à la cantine ». Interrogée, la Ville déclare pourtant seulement servir « un à deux repas végétariens équilibrés à tous chaque semaine » depuis 2017. À noter toutefois : les plats sont majoritairement faits maison, élaborés par les agents formés à la cuisine végétarienne.
La cuisine centrale fournit également des plats végétariens aux foyers de personnes âgées et aux crèches. La Ville de Grenoble affirme par ailleurs que 60 % des composants des menus sont désormais bio ou locaux, sans donner de détails sur leur répartition.
Il ressort également de l'enquête de Greenpeace que nombre de communes de l'agglomération grenobloise remplissent leurs obligations vis-à-vis de la loi et servent un repas végétarien par semaine, à l'instar de La Tronche, Meylan, Montbonnot, Saint-Martin-d'Hères, Gières, Échirolles, Seyssins ou Fontaine.
Moins volontaires, d'après les informations recueillies par Greenpeace, Saint-Martin-le-Vinoux, Crolles et Moirans proposent seulement « un repas végétarien de temps en temps ». Quant à la commune de Jarrie, elle ne fait guère d'efforts dans ce domaine, selon les retours de l'ONG.
LES COLLÈGES ET LYCÉES À LA TRAINE
La loi Égalim, imposant l'introduction du végétarien dans les cantines, est moins bien respectée dans les collèges et lycées que dans les écoles à l'échelle nationale, déplore Greenpeace, qualifiant de « préoccupants » les résultats recueillis.
« 41 % des collèges et 48 % des lycées que nous avons analysés n’ont pas mis en place l’expérimentation », indiquent ainsi les enquêteurs. Des pourcentages à manier avec prudence car l'ONG ne se base que sur 493 lycées et 415 collèges pour extrapoler son analyse. « Il est particulièrement scandaleux que certains conseils départementaux s’opposent ouvertement à la loi et que l’État laisse faire », dénonce par ailleurs Greenpeace.
Collèges isérois : « tous les jours, les collégiens peuvent manger végétarien »
L'Isère fait figure de bon élève. « Tous les jours, les collégiens isérois peuvent choisir de manger végétarien, s’ils le veulent », considèrent les services du Département, dans la mesure où les collégiens ont toujours une alternative proposée à la viande. « Le Département n'a toutefois pas vocation à inciter à manger végétarien ou autre [...] Nos priorités sont le manger sain et équilibré, les circuits courts, le bio, la suppression du plastique et la sensibilisation au gaspillage alimentaire pour l’éviter », indique le Département.
Les repas des 66 collèges sont préparés dans les huit cuisines mutualisées d'Échirolles, Saint-Égrève, L'Isle d'Abeau, Seyssins, Chatte, Pont-de-Chéruy, La Tour-du-Pin et Voiron.
Un tiers des denrées dont le pain sont issues de l'agriculture locale depuis juin 2020 et un cinquième des aliments sont des produits bio locaux, en particulier des fruits et légumes de saison, fromages, laitages et volailles.
Auvergne-Rhône-Alpes : un menu végétarien par semaine pour les lycéens
La Région Auvergne-Rhône-Alpes respecte également la loi Égalim. Les 305 lycées d'Auvergne-Rhône Alpes proposent un menu végétarien, un jour par semaine, répondent ainsi ses services. La très grande majorité des lycées disposent de leur propre cuisine et élaborent eux-mêmes leurs repas, à l'exception de neuf d'entre eux.
« La Région a demandé à ses chefs de cuisine de ne pas imposer le menu végétarien à l’ensemble des lycéens mais de leur proposer en libre choix dans le cadre de l’expérimentation lancée sur le service de ce menu », précisent les services de la Région.
Depuis 2017, Auvergne-Rhône Alpes soutient par ailleurs l'agriculture régionale, avec la création d'une centrale d’achat et du label « La Région dans mon assiette ». L’objectif fixé étant d’atteindre 60 % de produits locaux d’ici 2021.
Lundi vert dans les restos U : cap sur les légumineuses
Depuis octobre 2019, tous les restaurants universitaires sont passés au Lundi vert. Cette démarche incite les étudiants à se passer de viande et de poisson en leur proposant un menu végétarien, qui demeure toutefois facultatif.
Pour « la saison 2 du Lundi vert », dixit ses instigateurs, dont fait partie l'Université Grenoble Alpes, le cap est mis sur les légumineuses. « Elles sont une excellente alternative à la viande et présentent des atouts écologiques majeurs », argue Laurent Bègue, l'un des coordinateurs du Lundi vert, professeur à l'Université Grenoble Alpes.
Séverine Cattiaux