FOCUS – La Chronovélo 3 reliera Grenoble au Pont-de-Claix, en passant par Échirolles. Paradoxalement, cet axe express vélos se trouve sur l’une des avenues les plus rectilignes d’Europe, sans pour autant bénéficier de conditions de sécurité optimale pour les cyclistes, épingle l’association ADTC ‑se déplacer autrement.
Les promoteurs de la Chronovélo 3 se sont retrouvés, ce vendredi 29 mai, pour une visite de chantier, au niveau du cours Saint-André sur la commune du Pont-de-Claix.
Depuis le début du déconfinement, les ouvriers s’affairent en effet à aménager la nouvelle Chronovélo, entre l’avenue Auguste-Ferrier à Échirolles et la rue des Maquis de l’Oisans au Pont-de-Claix.
L’ADTC – se déplacer autrement désapprouve cet aménagement
« On utilise toujours du bitume, observe Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix et président de la Métropole de Grenoble, tout en marchant sur le revêtement du sol fraîchement posé. Pour le moment on n’a hélas rien trouvé d’équivalent pour aménager les pistes cyclables. » Le sujet est en effet loin d’être anodin dans les grandes villes qui doivent sans tarder s’adapter au réchauffement climatique…
Cependant, le sujet qui fait débat autour de la Chronovélo 3 n’est pas son bitume mais son principe d’aménagement.
L’axe structurant suit ainsi la contre-allée du cours Saint-André, qui continuera à être utilisée par les voitures dans le sens sud-nord, pour accéder aux commerces, entreprises et habitations.
Un véritable talon d’Achille pour une piste cyclable structurante, pointe l’association ADTC – Se déplacer autrement. Quand bien même, la Chronovélo 3 présente l’avantage pour les cyclistes d’emprunter l’une des avenues les plus longues et rectilignes d’Europe sur 2,5 km.
Cette cohabitation avec les voitures fait vraiment tiquer les militants pro-vélos, car elle déroge au principe d’exclusivité d’un axe structurant cyclable.
Et les cyclistes n’en attendent pas moins d’une piste de vélo, selon la Fédération française des usagers de la bicyclette.
Cette cohabitation de la Chronovélo sera source de conflits d’usages et dissuadera certains cyclistes d’utiliser cette partie de la Chronovélo, redoutent les militants des déplacements doux.
« Un axe structurant, sécurisé, sans discontinuité » pour Christophe Ferrari
Il n’y avait pas franchement d’alternative, considère Christophe Ferrari. « Le meilleur chemin, c’est la plus courte ligne », lance ainsi le maire du Pont-de-Claix. « Ce sont essentiellement des riverains qui ont besoin d’accéder à leur domicile » argumente-t-il. Sur cette partie de la Chronovélo 3, vélos et voitures devront donc cohabiter sur la “vélorue” de 2,5 mètres, tandis qu’ils croiseront le flux de vélos dans le sens inverse roulant sur une bande de 2 mètres de large.
Un certain nombre de précautions ont du reste été prises par les aménageurs.
Des panneaux de signalisation indiquant l’entrée dans une “vélorue” devraient inciter les voitures à la prudence et à ralentir. Ces dernières devront d’ailleurs rouler à 20 km/h maximum.
« Les entrées de la contre-allée ont été retravaillées et les larges carrefours d’accès fermés pour limiter les traversées des véhicules dans les deux sens », indique également l’une des responsables du projet. Christophe Ferrari ne voit, au final, que des avantages dans cet aménagement. « Cette Chronovélo sera un axe plus structurant, plus sécurisé, sans discontinuité, qui va faciliter les déplacements professionnels des cyclistes vers les pôles d’activités, c’est important pour la desserte du sud de l’agglomération. »
Un aménagement de Chronovélo en trois étapes
L’aménagement de la Chronovélo 3, dont les travaux ont débuté en mai 2019 avec la réalisation du premier tronçon, s’opère en trois grandes parties.
Elle démarre ainsi à la jonction de la Chronovélo n°2 sur la rue Léo Lagrange de Grenoble et file le long de la voie ferrée sur la rue Général Mangin, avant de finir rue Raymond Pitet à Échirolles.
C’est au niveau du deuxième tronçon de la Chronovélo 3, à Échirolles – entre l’avenue Léon Blum-Raymond Pitet et l’avenue Auguste-Ferrier – cours Saint André – que les élus se sont retrouvés, avant le confinement, en février dernier.
Et de constater, lors de cette visite de chantier, la restructuration de la rue Pierre-Sémard pour accueillir l’aménagement cycliste.
Pour le maire d’Échirolles, Renzo Sulli, « cet axe excessivement important » va être « transformateur dans la gestion des déplacements et des mobilités » et faciliter au mieux les besoins des usagers. Interrompus pendant le confinement, les travaux de la portion échirolloise ont eux aussi repris.
Créer des pistes agréablement aménagées et ombragées
Enfin, l’aménagement de pistes cyclables doit aussi s’accompagner d’une attention particulière pour les agrémenter.
Comme le souligne Yann Mongaburu, président du Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (Smmag), l’enjeu consiste à « redonner de la fraîcheur aux espaces publics » afin d’optimiser au mieux le confort des usagers.
A cet effet, cinquante arbres ont été plantés le long du parcours Chronovélo 3, et la végétalisation le long de la rue Général Mangin doit encore se poursuivre.
Séverine Cattiaux et Ambre Crozet
LA CHRONOVÉLO 3 FERA 7 KM EN 2021
Début 2021, les trois portions de la piste bidirectionnelle cyclable se rejoindront pour former la Chronovélo 3, reliant Grenoble, Échirolles, Pont-de-Claix sur une distance de 7 kilomètres.
A plus long terme, il est envisagé de prolonger la Chronovélo 3 plus au Sud, vers Vizille, ce qui portera la distance de cet axe structurant à 15 km.
Quant au coût de la Chronovélo 3, il s’élève à 1,655 millions d’euros TTC, à la charge de la Métropole de Grenoble. D’ici 2022, le réseau Chronovélo sera constitué de quatre axes de circulation totalisant près de 44 km de voies cyclables pour un investissement de 10 millions d’euros. « La Métropole est le premier aménageur du territoire, à la fois avec le réseau de transports en commun et les voies cyclables sécurisées » rappelle Christophe Ferrari.