FIL INFO – De jeunes majeurs étrangers ont mené une action symbolique devant le siège du Département de l’Isère, ce jeudi 28 mai 2020. Ces derniers souhaitaient ainsi dénoncer leur abandon par les pouvoirs publics durant la période de confinement. Posant la question « faut-il être malade pour avoir un toit ? », les jeunes sans-abri réclament toujours « un hébergement, une école et des papiers pour tous. »
Ce jeudi 28 mai 2020, un masque géant frappé de la question « faut-il être malade pour avoir un toit ? » a trôné durant plusieurs minutes sur le parvis de l’hôtel du Département de l’Isère.
Sur le coup de 11 heures, une dizaine de membres du collectif des jeunes majeurs étrangers ont en effet mené une action symbolique pour se rappeler aux bons souvenirs de la collectivité territoriale. Le tout en respectant scrupuleusement les gestes barrières et les mesures sanitaires (masque, distance d’un mètre, groupe de dix personnes).
L’association Droit au logement de l’Isère (Dal 38) et le collectif entendaient ainsi dénoncer d’une même voix une « situation terrible ». Celle que vivent ces jeunes – de plus en plus nombreux –, « abandonnés par les pouvoirs publics » durant la période de confinement.
L’occasion pour l’un d’entre-eux de lire au mégaphone, une courte déclaration exprimant leur désarroi de ne pas être entendus. Et de réclamer le droit de disposer d’un toit, de papiers en règle et la garantie de pouvoir poursuivre leur scolarité.
Sans les associations « nous n’aurions pu compter que sur nous même »
De fait, dénoncent le collectif et l’association, « les jeunes majeurs n’ont pas bénéficié d’une mise à l’abri par le Département ou la préfecture de l’Isère pendant le confinement et c’est toujours le cas malgré l’état d’urgence sanitaire en vigueur ».
Des jeunes gens qui déclarent avoir très mal vécu cette période craignant de surcroît la menace du virus. « On vivait dans la rue, c’était vraiment pénible, moi je dormais à Chavant », témoigne un jeune Ivoirien. Qui assure avoir tenu le coup, surtout grâce aux associations. « Sans elles, nous n’aurions pu compter que sur nous-mêmes », se souvient-il.
Arrivé en France il y a de cela trois ans et en 1ere année de CAP, le jeune homme s’inquiète de la suite de ses études. « Pour ma deuxième année de CAP, c’est l’incertitude. Qui va me scolariser ? », questionne-t-il.
Un état des lieux jugé préoccupant par les défenseurs de ces sans-abri, pour qui les problèmes ne datent pas d’hier. « Depuis plus d’un an, ils ont pourtant fait connaître leur situation en allant jusqu’à occuper l’église Sans-Paul-sans-frontières et en manifestant devant la mairie de Grenoble la veille du confinement », rappellent-ils. Las, « les pouvoirs publics n’ont rien voulu faire pour eux1Le Département s’était expliqué dans l’un de nos articles cité en bas de page », déplorent non sans amertume les militants.
Joël Kermabon
1 Le département de l’Isère s’était exprimé sur la situation de ces jeunes majeurs dans un encadré figurant dans cet article