EN BREF — Le mouvement de grève au sein de MSSA en Savoie a pris fin le lundi 11 mai, après 25 jours de conflit social. Une durée jamais vue depuis quarante ans, selon le syndicat Force ouvrière. Qui met fin à la grève sans conviction, après plusieurs semaines de bras-de-fer virulent avec la direction du site classé Seveso.
Vingt-cinq jours. C’est une grève d’une durée record qui a mobilisé la plupart des salariés de MSSA (anciennement Métaux spéciaux), entreprise spécialisée dans la production de sodium par électrolyse située sur la commune de Saint-Marcel, en Savoie. Du jamais-vu depuis quarante ans selon le syndicat. Le mouvement social lancé par le syndicat Force ouvrière avait débuté le 17 avril, puis pris des allures de feuilleton. Il s’est conclu par une reprise du travail le lundi 11 mai.
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres ? Le refus de la direction de reporter une réunion de négociations sur les salaires avec le syndicat. Suite à un décès dans la famille de l’un de ses membres, FO demandait en effet que le rendez-vous soit reporté au 17 avril. Mais pour l’employeur, cité par France 3, les syndicalistes essayaient surtout de « jouer la montre ». Résultat : une grève illimitée, approuvée selon FO par 96 % des salariés en poste.
La sécurité du site Seveso de MSSA en jeu ?
Outre sa dureté, le mouvement s’est tenu dans un contexte très particulier. Unité de production de produits chimiques, MSSA figure en effet dans la liste des sept entreprises de Savoie classées Seveso.
Dès le 18 avril, FO a pointé du doigt la direction qui « impose aux cadres et au personnel intérimaire […] de poursuivre la production en vidangeant du sodium ». Au mépris, selon le syndicat, des procédures de sécurité et de la formation nécessaire pour réaliser ce type de tâche. Des accusations auxquelles la direction, contactée par nos soins, n’a pour l’heure pas répondu.
Au fil des communiqués, le syndicat a même relayé plusieurs incidents et parlé de « danger grave et imminent ». « Quatre départs de feu à proximité de résidus stockés », écrivait FO le 19 avril. Nouvel incident le mercredi 6 mai : « Un panache de fumée émanant d’une gamate de sodium a pris feu ».
Le maire de la commune de Saint-Marcel s’est ému des risques encourus. Ironie de FO : « Il n’y a pas plus sourd et aveugle que celui qui ne veut pas entendre et voir. » La tension n’aura cessé de monter durant le bras-de-fer social, jusqu’au dépôt d’une plainte contre X de la direction et des accusations de « fake news » de la part de FO.
Une fin de grève au goût d’amertume
Le 11 mai, la fin du mouvement de grève a été décidée par une partie des salariés. Le syndicat indique avoir obtenu une augmentation de 200 euros sur les primes, et une réévaluation positive du seuil d’augmentation des salaires.
FO ne renonce pourtant pas au mouvement de gaieté de cœur. « Ces avancés n’ont pas satisfait le syndicat, au regard du montant de 8,2 millions d’euros de bénéfices qu’a engrangé l’entreprise », écrit-il dans son ultime communiqué. Non sans fustiger avec sévérité les salariés qui n’ont pas participé au mouvement de grève. Qu’il qualifie, par le biais d’une citation de Jaurès, de « parasites du dévouement de [leurs] camarades ».