FOCUS – La Métropole de Grenoble a présenté, ce mercredi 6 mai, la première des pistes cyclables temporaires de l’agglomération. Aménagée sur les quais en rive gauche de l’Isère, elle fait partie des 18 kilomètres prévus dans le cadre du projet baptisé TempoVélo. Son objectif ? Encourager et sécuriser la pratique du vélo dans l’agglomération en vue de « fluidifier » le déconfinement.
Le 11 mai, premier jour du déconfinement, arrive… enfin ! En prévision, plusieurs élus métropolitains et grenoblois ont visité mercredi le chantier de la première piste cyclable temporaire aménagée sur la rive gauche de l’Isère.
Si la capacité des transports publics est pour l’heure réduite de moitié, « à compter de lundi [11 mai, ndlr], nous allons nous rapprocher à 90 % de l’offre de service de transport habituelle en matière de fréquence », a souligné Yann Mongaburu, président du Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise (Smmag).
Pourquoi ouvrir des pistes cyclables temporaires ? Parce que les mesures nationales, dont le « haut niveau d’exigence sanitaire », induisent notamment la neutralisation d’un siège sur deux dans les transports en commun. D’où la nécessité d’offrir des solutions alternatives de déplacements, comme l’a rappelé Christophe Ferrari, président de la Métropole de Grenoble.
« C’est le moment de sortir sa bicyclette du garage ou de la cave ! », a embrayé Yann Mongaburu sans qu’Éric Piolle, le maire de Grenoble, n’ait eu besoin de le pousser à la roue.
Dix huit kilomètres de pistes cyclables temporaires
Baptisé TempoVélo, le projet d’aménagement prévoit, au total, 18 kilomètres de pistes cyclables temporaires et réversibles sur le territoire de la Métropole. Une solution pour « fluidifier » le déconfinement qui, selon Éric Piolle, « s’inscrit dans la continuité de ce que nous avons mis en place avec la Métropole et le Smmag depuis six ans ».
Ces nouvelles voies s’ajoutent aux 475 km d’aménagements cyclables, dont 20 km de Chronovélo déployés sur l’ensemble du territoire intercommunal.
« Des aménagements positifs pour nous accommoder du virus », estime le maire de Grenoble.
Et ce dernier de se féliciter de cette anticipation concertée entre la Métropole, le Smmag et les communes. De quoi « regarder aujourd’hui cette période d’incertitude de façon peut-être plus sereine et plus apaisée ».
Objectif : 100 000 néo-cyclistes dans le territoire
Les Grenoblois vont-ils suivre ? Une chose est sûre, depuis dix ans, les déplacements à vélo ont augmenté de 50 %. C’est donc le vent en poupe que les édile visent, excusez du peu, 100 000 néo-cyclistes sur le territoire.
« L’idée est de limiter le report modal automobile. D’autant plus en cette période de crise sanitaire où il risque d’y avoir plutôt une personne par voiture », justifie Christophe Ferrari, pour qui ce serait « le pire scénario possible ».
Pour Yann Mongaburu, le succès de cette opération dépendra aussi du maintien du télétravail. « Avec les plus gros acteurs économiques du territoire, nous avons décidé de maintenir 90 % de télétravail au moins jusqu’au 2 juin pour garantir la sécurité des mobilités de ceux pour lequel le travail présentiel est nécessaire », rapporte-t-il.
Des marquages au sol effaçables et des balises de sécurité
Les nouveaux itinéraires, empiétant sur les axes routiers, se déploieront en parallèle des lignes de transport en commun « les plus structurantes ». Ainsi, « TempoVélo B dont fait partie le tronçon des quais servira à “désaturer” la ligne de tram B. Il en sera de même pour le tram A et la ligne de bus C4 », détaille Yann Mongaburu.
Les deux mots d’ordre pour ces aménagements cyclables ?
Sobriété et rapidité. D’où un marquage au sol temporaire qui s’effacera progressivement, composé de pictogrammes de vélos jaunes. Ce « essentiellement au niveau des intersections », précise la Métropole. S’y ajoutera juste un balisage pour sécuriser le parcours « aux endroits nécessaires ».
Rapidité enfin, avec l’installation en moins de trois jours du premier tronçon d’1,6 km sur les quais grenoblois. Conséquence : plus qu’une seule voie pour les voitures entre la place Hubert-Dubedout et le pont de Chartreuse. L’ensemble des pistes cyclables temporaires devrait être achevé fin mai.
Un projet financé à 100 % par la Métropole
L’État va soutenir la Métropole qui finance à 100 % les pistes TempoVélo. « Il y a peu, la gouvernement a débloqué 20 millions d’euros en faveur de la pratique cyclable, y compris pour de telles infrastructures », rappelle Yann Mangaburu.
Les prochains aménagements programmés ? Un itinéraire long d’1,1 km sur l’avenue Jean-Perrot. Plus précisément, entre le boulevard Clémenceau et l’avenue des Jeux olympiques. Mais aussi, un de 1,2 km, qui empruntera l’axe des avenues Champon et Berthelot, entre le boulevard Joffre et la MC2.
D’autres tronçons sont à l’étude à Grenoble, ainsi que dans huit autres communes : Échirolles, Eybens, Fontaine, Seyssinet-Pariset, Meylan, Le Pont-de-Claix, Saint-Martin‑d’Hères et enfin Saint-Martin-le-Vinoux.
« Certaines voies cyclables temporaires seront peut-être pérennisées »
« Un suivi particulièrement exigeant sera mis en place pour observer les effets de tels aménagements, y compris sur la circulation motorisée », précise la Métropole. L’objectif ? Procéder à d’éventuels ajustements en cas de dysfonctionnements, voire à l’arrêt d’une ou plusieurs sections transitoires.
« Nous allons aussi observer à quel point ces pistes cyclables changent les comportements », ajoute Christophe Ferrari. Selon le retour d’expérience, les élus n’excluent en effet pas de pérenniser certaines voies de circulation.
Par ailleurs, la marche à pied constitue, pour ces derniers, l’autre pierre angulaire d’un « déconfinement apaisé ».
Voilà pourquoi « nous travaillons aussi sur les aménagements d’urgence pour les piétons », explique Christophe Ferrari. Notamment sur l’élargissement de certains trottoirs.
Véronique Magnin
TUTORIELS, ATELIERS DE RÉPARATION, LOCATION FACILITÉE… ET COURS GRATUITS
Alors que « les familles dans notre territoire possèdent plus de bicyclettes que de véhicules motorisés, de nombreux cycles en mauvais état restent au garage », déplore Yann Mongaburu. Pour y remédier, depuis le 2 mai, le syndicat a ainsi mis en ligne des tutoriels gratuits « pour permettre à chacun de pouvoir réparer sa bicyclette ».
Le Smmag a également prévu le matériel nécessaire pour la réouverture sécurisée de treize ateliers de réparation avec la fourniture de masques. « Les premiers ont repris du service cette semaine », précise son président.
Et pour ceux qui préfèrent faire appel à un vélociste professionnel ? L’État leur offre un chèque de 50 euros pour réparer leur bicyclette.
« Nous mettrons en ligne à compter du 11 mai l’ensemble des vélocistes du territoire partenaires de cette opération », précise Yann Mongaburu.
Réserver son vélo et payer sa location en ligne
Enfin, à partir du 18 mai, le service Métrovélo, le système de location de vélos sur la Métropole de Grenoble, « change de braquet » en offrant de nouvelles possibilités. Tel que la réservation de son vélo et le paiement de sa location en ligne.
Facilités auxquelles s’ajoute la multiplication des points de location au-delà des agences de Saint-Martin‑d’Hères et Grenoble. « Nous allons nous déployer dans quarante points de location à l’échelle du Grésivaudan et de la métropole », annonce ainsi Yann Mongaburu.
Pour couronner le tout, Métrovélo dispensera aussi des cours gratuits de réparation de vélo et de conduite en ville pour sécuriser sa pratique.
UNE DISTANCE DE 10 MÈTRES ENTRE CYCLISTES, EST-CE SUFFISANT ?
Dix mètres minimum : telle sera la distance à respecter entre deux cyclistes à compter de ce 11 mai, a annoncé Roxana Maracineanu, la ministre des Sports.
Cette mesure, qui s’appuie sur nos connaissances actuelles du mode de propagation du virus, se veut protectrice contre le risque d’inhalation de micro-gouttelettes contaminées en suspension dans l’air.
Pour autant, 10 mètres est-ce suffisant entre cyclistes qui se croisent ou qui se suivent, alors même que leur vitesse moyenne dépasse 20 km/h ?
Une prépublication relayée le 20 avril dernier sur le site Urban physics and wind engineering préconise, elle, une distanciation minimale d’1,5 m entre personnes immobiles et de 10 m pour une course à seulement 14,4 km/h. Le tout, en l’absence de vent de face, de vent arrière et de vent de travers…
« Mathématiquement, il faudrait 17,5 mètres à 25 km/h ! », ont calculé des Grenoblois. Qui en concluent que « ceux qui ont fait du vélo un instrument politique racontent qu’il va protéger du Covid-19, [mais] c’est peut être tout l’inverse ! »