Rassemblement devant le lycée des Eaux-Claires à Grenoble : la contes­ta­tion des E3C ne fai­blit pas

Rassemblement devant le lycée des Eaux-Claires à Grenoble : la contes­ta­tion des E3C ne fai­blit pas

FOCUS — Rassemblement mardi 28 jan­vier devant le lycée des Eaux-Claires à Grenoble. Comme au lycée Aristide-Bergès de Seyssinet la veille, ensei­gnants et élèves contestent la mise en place des E3C. Des épreuves com­munes de contrôle continu qui viennent rem­pla­cer le bac tra­di­tion­nel et sont consi­dé­rées par cer­tains comme une des­truc­tion volon­taire du modèle de l’é­du­ca­tion publique.

« Je crois qu’on n’aura pas cours aujourd’­hui », se disent entre eux trois lycéens. Après les lycées Vaucanson et Bergès, c’é­tait au tour du lycée gre­no­blois des Eaux-Claires de contes­ter les E3C (épreuves com­munes de contrôle continu) mardi 28 jan­vier. Une réforme du bac­ca­lau­réat qui consiste à orga­ni­ser des épreuves en cours de sco­la­rité pour ne gar­der que quatre matières lors des épreuves finales de fin d’année.

Rassemblement devant le lycée des Eaux-Claires mardi 28 janvier 2020 © Florent Mathieu - Place Gre'net

Rassemblement devant le lycée des Eaux-Claires mardi 28 jan­vier 2020. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Devant les grilles du lycée, une soixan­taine de per­sonnes s’est ras­sem­blée dès 7 h 30 du matin. Des pro­fes­seurs de l’é­ta­blis­se­ment, mais aussi des élèves mobi­li­sés contre la réforme. Pas de blo­cage tou­te­fois : les mani­fes­tants n’empêchaient pas les élèves qui le sou­hai­taient de péné­trer dans l’enceinte du lycée. Il est vrai qu’une pre­mière épreuve d’E3C devait se dérou­ler à 10 heures, mal­gré la grève lar­ge­ment sui­vie par les ensei­gnants char­gés de leur surveillance.

Professeurs en colère… et élèves anxieux ?

Or le mou­ve­ment a de fortes chances de per­du­rer. « Les épreuves se déroulent sur plu­sieurs jours, du coup les pro­fes­seurs répar­tissent leurs forces sur les jours où ils sont convo­qués », nous explique Patrick (nom d’emprunt), ensei­gnant aux Eaux-Claires. À côté de lui, Thérèse (idem) n’est pas prête à lâcher l’af­faire. « Tant que nous ne serons pas enten­dus, le mou­ve­ment va conti­nuer et doit conti­nuer », juge la professeure.

C'est la faute à Blanquer ? © Florent Mathieu - Place Gre'net

C’est la faute à Blanquer ? © Florent Mathieu – Place Gre’net

Pourquoi une telle contes­ta­tion ? Pour les deux ensei­gnants, les E3C vont à l’en­contre de l’i­dée qu’ils se font de l’é­du­ca­tion. « Faire des épreuves tous les quatre mois, ça contraint à faire du bacho­tage, cela nie que les élèves apprennent sur le long terme », juge Patrick. Et Thérèse de décrire des élèves anxieux, qui n’ont plus l’im­pres­sion d’être au lycée pour apprendre mais pour régur­gi­ter des connaissances.

Esteban, élève aux Eaux-Claires et syn­di­qué à l’Union natio­nale lycéenne (UNL), confirme. « Notre pre­mière épreuve est en jan­vier, avec une heure pour faire une com­po­si­tion. C’est déme­suré et c’est vrai que c’est stres­sant car cela compte pour le tronc com­mun », explique l’a­do­les­cent. Qui espère arri­ver à mobi­li­ser ses cama­rades, quand bien même boy­cot­ter un exa­men repré­sente une cer­taine prise de risque pour un élève.

Un ministre très contesté par les ensei­gnants gré­vistes du lycée des Eaux-Claires

N’en jetez plus ? La réforme du bac­ca­lau­réat est éga­le­ment per­çue comme inéga­li­taire. « Par exemple, les filières STMG [sciences et tech­no­lo­gies du mana­ge­ment et de la ges­tion, ndlr] ont moins d’heures pour pré­pa­rer les mêmes pro­grammes et les mêmes épreuves en anglais », décrit Patrick. Tout en évo­quant des sujets pré­pa­rés tar­di­ve­ment, pré­sen­tés sans cor­ri­gés… et dont cer­tains fuitent allè­gre­ment sur le Web.

Des enseignantes en grève contre les E3C... et le ministre de l'Éducation nationale © Florent Mathieu - Place Gre'net

Des ensei­gnantes en grève contre les E3C… et le ministre de l’Éducation natio­nale. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Au-delà de la réforme, la per­son­na­lité même du ministre de l’Éducation natio­nale est lar­ge­ment contes­tée. « Jean-Michel Blanquer mini­mise la mobi­li­sa­tion actuelle. Pour moi, il n’a plus aucune légi­ti­mité et j’at­tends vrai­ment sa démis­sion ! », lance Patrick. Qui l’ac­cuse de cher­cher à favo­ri­ser l’en­sei­gne­ment privé. Et celui-ci de citer pour preuve l’a­bais­se­ment de la sco­la­rité obli­ga­toire à trois ans, qui contraint désor­mais les com­munes à finan­cer les mater­nelles privées.

Le tout sur fond de dis­pa­ri­tion orga­ni­sée de cer­tains cours, juge encore Patrick. Le nou­veau sys­tème des options se ferait ainsi au pro­fit des matières les plus regar­dées par les uni­ver­si­tés… et au détri­ment de cours comme la phi­lo­so­phie. Thérèse décrit, pour sa part, une forme de spé­cia­li­sa­tion à outrance de l’en­sei­gne­ment déli­vré au lycée. « C’est la des­truc­tion de l’é­du­ca­tion publique ! », conclut Patrick.

Florent Mathieu

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