FOCUS – Nouvelle manifestation contre la réforme des retraites ce vendredi 24 janvier, à Grenoble comme partout en France. L’intersyndicale, arc-boutée sur le retrait inconditionnel du projet, tenait ainsi à « maintenir la pression » sur le gouvernement. Et ce, le jour même de la présentation de la loi organique devant le Conseil des ministres. Au cœur du cortège, enseignants et représentants de la culture au coude-à-coude pour leur retraite.
« Ça va péter, ça va péter, ça va péter ! » Tel est le leitmotiv le plus fréquemment scandé par les camions-sono des syndicats, repris en chœur par les manifestants ce vendredi 24 janvier. La manifestation marquant le onzième épisode du mouvement social et la 51e journée de grève contre la réforme des retraites a, une nouvelle fois, mobilisé un grand nombre de personnes à Grenoble
Ainsi les syndicats, qui espéraient « une mobilisation maximale », annoncent-ils le chiffre de 17 000 personnes, tandis que les autorités n’ont pas, à l’heure ou nous publions cet article, communiqué leur comptage.
On le voit, les syndicats ne lâchent pas un pouce de terrain, arc-boutés qu’ils sont sur le retrait pur et simple du projet gouvernemental. La date du 24 janvier ne relevait, quant à elle, pas du hasard puisqu’au moment où des manifestations se déroulaient partout en France, le projet de loi organique allait atterrir devant le Conseil des ministres.
Les mondes de l’éducation et de la culture coude-à-coude contre la réforme des retraites
Dans le cortège, un grand nombre d’enseignants, d’étudiants et de lycéens défilent sous les bannières de leurs établissements respectifs. « La mobilisation ne faiblit pas et continue1Les chiffres du jour (non consolidés) fournis par le rectorat portant sur toute l’académie sont les suivants. Enseignants : collèges 18,83 %, LP [lycées professionnels, ndlr] 18 %, lycées 9,23 % et 1er degré 15,12 %. Quant aux autres personnels (administratifs, vie scolaire…) : collèges 10,58 %, LP 4,88 % et lycées 5,46 % », déclare François Lecointe professeur d’histoire-géographie et adhérent FSU.
Ce dernier pointe « des conditions déplorables pour la prochaine rentrée, ainsi que de gros problèmes en lycées pour le baccalauréat ».
En conséquence de quoi, « il faut s’attendre à ce que d’autres mobilisations sur les salaires, les conditions de travail et les retraites aient lieu », prévient l’enseignant.
Le droit à une retraite décente
Parmi les nombreux autres secteurs privés et publics, la culture était également bien représentée dans cette manifestation contre la réforme des retraites. Notamment à travers le collectif Culture en lutte de Grenoble, qui a exécuté un haka à sa manière avant que la manifestation pour les retraites ne s’ébranle.
« Les gens de la culture sont en général très précaires et nous avons tous droit à une retraite décente à la fin de notre vie », déclare Michel Szempruch de la CGT Culture et spectacle. Ce que fait le gouvernement ? « Exactement l’inverse puisque c’est chacun pour soi et chacun ses points. C’est pour ça que nous sommes là ! »
Les premiers menacés par la réforme, selon lui ? Les intermittents du spectacle. « Nous avons, nous aussi, un régime particulier pour lequel nous nous sommes battus ces dernières années. Si nous perdons sur cette réforme et celle de l’assurance chômage, je donne à parier que le gouvernement va remettre en cause ce qu’il appelle des “avantages” », s’inquiète Michel Szempruch. « Nous nous battons sur les retraites mais aussi pour que tout le monde vive correctement de son métier. »
Pour Solidaires Isère, « ça va continuer ! »
Au titre de la culture, la présence remarquée du chanteur Kaddour Hadadi, alias KH, auteur du célèbre « On lâche rien », très apprécié des syndicats et entendu à longueur de manifestations. Comment en est-il arrivé à rejoindre la mobilisation ? L’artiste s’en explique volontiers au micro de Place Gre’net.
Jusqu’où sont prêts à aller les syndicats après cette journée décisive ? « Pour nous, c’est un mouvement profond contre la guerre sociale que mène Macron envers le monde du travail et les classes populaires », explique François Marchive.
Le co-secrétaire départemental de Solidaires Isère voit dans cette colère « un mouvement dans la continuité des gilets jaunes » et, assure-t-il, « ça va continuer ! »
En effet, augure le syndicaliste, « de plus en plus de secteurs vont entrer dans l’action et élargir ce mouvement de contestation ».
Joël Kermabon
1 Les chiffres du jour (non consolidés) fournis par le rectorat portant sur toute l’académie sont les suivants. Enseignants : collèges 18,83 %, LP 18 %, lycées 9,23 % et 1er degré 15,12 %. Quant aux autres personnels (administratifs, vie scolaire…) : collèges 10,58 %, LP 4,88 % et lycées 5,46 %.
Opération « collège mort » au collège Olympique pour participer à la manifestation
Se déclarant « très mobilisés » depuis le 5 décembre, les enseignants, personnels et parents d’élèves du collège Olympique organisaient une opération « collège mort » ce vendredi 24 janvier. Et ce « malgré les épreuves du brevet blanc » afin de pouvoir participer à la manifestation, précisent ses organisateurs.
« Le moment est trop important. Nous ne pouvons pas continuer à essayer de poursuivre coûte que coûte la vie ordinaire au collège », ont-ils déclaré.
Ainsi, après avoir mis en place un piquet de grève, le petit groupe a pu rejoindre la manifestation. Non sans assurer « ne pas souhaiter créer des tensions au collège mais seulement permettre à chacun de prendre la mesure de l’évènement et de s’organiser pour pouvoir y participer. ». « [Ainsi], tous, personnels, parents, élèves, nous pouvons montrer notre unité face au projet de société désastreux qui est en marche ».