REPORTAGE VIDÉO - Plus de 400 personnes se sont rassemblées devant la gare de Grenoble, ce samedi 7 décembre. Leur but ? Réaffirmer leur opposition au projet de réforme des retraites, soutenir les cheminots en grève, et maintenir la pression sur "un gouvernement de riches ». Lors de la manifestation qui a suivi, des individus ont dégradé le stand de la candidate aux municipales Émilie Chalas qui a porté plainte.
"On continue !" C'est dans cet état d'esprit que plus de 400 personnes se sont rassemblées devant la gare de Grenoble, ce samedi 7 décembre vers 14 heures.
L'objectif de ce rassemblement ? Soutenir les cheminots en grève et maintenir, dans la continuité de la journée du 5 décembre, la pression sur le gouvernement contre le projet de réforme des retraites. Mais aussi motiver les troupes et préparer la nouvelle journée de mobilisation, prévue pour ce mardi 10 décembre.
Lycéens, étudiants, enseignants, syndicalistes, gilets jaunes, artistes, cheminots, travailleurs sociaux, retraités du public et du privé, chômeurs… La convergence des luttes était au rendez-vous, après les assemblées générales sectorielles qui ont suivi la journée de grève de jeudi.
Pour tous, l'objectif est clair : bloquer l'économie pour maintenir le rapport de force et faire plier « un gouvernement au service des riches ». Les syndicats, dont Solidaires, n'en démordent pas, le projet de réforme des retraites a pris un coup dans l'aile. « C'est parti pour durer. On continue jusqu'à la victoire ! », assurent-ils.
Manifestation avec des forces de l'ordre très discrètes voire invisibles
Après les prises de parole des représentants de différentes organisations et collectifs, une « manifestation sauvage pacifique », et donc non déclarée, a démarré. Direction ? Le centre-ville de Grenoble, noir de monde et en pleine effervescence commerciale en cette période de l'Avent.
Bien que les manifestants soient très remontés, la plus grande partie de la déambulation a pu se dérouler sans anicroches ni incidents. Le tout, en l'absence de représentants des forces de l'ordre, ce qui a beaucoup étonné certains. Changement de doctrine ? L'affluence au centre-ville explique peut-être cette grande discrétion, à laquelle beaucoup n'étaient guère habitués, surtout les gilets jaunes.
Le stand de la candidate aux municipales Émilie Chalas dégradé
Pour autant, c'est sur sa fin que la manifestation a pris un tour moins pacifique. Les faits marquants ? Les huées devant le local d'Alain Carignon et, surtout, la dégradation du stand de campagne d'Émilie Chalas par des manifestants cagoulés, alors que le cortège arrivait sur la place Notre-Dame. Retour en images sur ce rassemblement et la manifestation dont la dispersion a eu lieu sur le coup de 18 heures devant la gare.
Joël Kermabon
Face à « l'agression » de ses militants, Émilie Chalas déclare porter plainte
Première concernée, Émilie Chalas n'a pas manqué de réagir face à des actes, contre lesquels « une plainte a évidemment été déposée », annonce-t-elle dans un communiqué*. Avant de saluer « le sang-froid dont ont fait part les militants et les quelques manifestants qui ont tenté de protester contre cette violence ».
« Au-delà de cet événement, je déplore le climat de tension qui règne à Grenoble, où même la plus simple expression démocratique semble devenir impossible », poursuit Émilie Chalas.
Qui n'hésite pas à enfoncer le clou. "Je m’inquiète de la généralisation de discours clivants et souvent violents, dans la rue comme sur les réseaux. Une forme de complaisance et de tolérance face à ces dérives s’est instaurée et, de toute évidence, encourage ces débordements."
Dans son viseur : la municipalité. Elle souligne même "l'attitude ambigüe" de certains de ses "représentants présents lors de l'incident ». Émilie Chalas estime que c'en est trop. "Je demande instamment à Monsieur le Maire de clarifier le type de campagne qu’il entend mener. Et, à défaut de condamner clairement l’agression d’aujourd’hui, de faire savoir quelles mesures il compte prendre pour assurer le respect de la pluralité démocratique à Grenoble », conclut Émilie Chalas.
"La colère est là, j'appelle à un débat serein, démocratique et républicain"
Pas mieux du côté du collectif Nouvel air. "C’est avec consternation que nous avons appris que des casseurs, infiltrés dans la manifestation des Gilets jaunes, avaient pris pour cible un local de campagne en centre-ville et une action militante organisée place Notre-Dame », expose la liste concurrente. Pour Nouvel air l'affaire est entendue. "Rien ne saurait autoriser que l’on s’attaque et que l’on intimide ainsi des militants et des élus qui défendent leurs idées dans le cadre du débat démocratique."
Autre réaction que celle d'Éric Piolle, qui se montre plus laconique sur son compte Twitter. En substance ? "La colère est là, j'appelle à un débat serein, démocratique et républicain sur le fond pour Grenoble [...]. Restons dignes et respectueux de notre démocratie."
Quant à l'élu d'opposition Matthieu Chamussy, il fustige vertement "le service minimum de la part d’Éric Piolle face à l’agression […] qu’il ne condamne même pas ». Pourtant, ajoute-t-il, "la démocratie est un bien commun… Pour ma part, je condamne sans réserve et exprime à [Émilie Chalas] ma totale solidarité."
Du côté de l'équipe gouvernementale et d'En marche, les manifestations de soutien n'ont pas tardé. En témoignent notamment les tweets de la secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa et de Stanislas Guerini, délégué général d'En marche.
Concernant la dégradation du barnum de la candidate, le procureur de la République Eric Vaillant indique qu'une personne est en garde à vue** et que les vidéos sont en cours d'analyse pour identifier les auteurs présumés.
JK
- * Émilie Chalas a en effet déposé plainte pour « menaces et dégradations ».
- ** Auditionné, le mis en cause reconnaît sa participation à la manifestation, indique la Direction départementale de la sécurité publique de l’Isère. "Il reconnaît avoir arraché une banderole qu’il a mis dans le “brasier” et d’avoir jeté au feu des prospectus électoraux”. Il ne se revendique en revanche d’aucune mouvance politique (mise à jour le 9 décembre à 9 h 30).