FOCUS – Coup d’envoi de la nouvelle saison de l’Hexagone de Meylan, avec une programmation autour des arts, de la culture et des sciences. Un parti pris qui donne lieu à des spectacles variés et originaux, comme nous l’explique Sabine Del Yemo, chargée des relations avec le public. Avec, au cœur de la saison, Experimenta, du 11 au 21 février 2020.
« Notre triptyque de référence devient les arts, les sciences, le terrestre. C’est l’alliance des trois qui conduit aux plus belles réalisations. Et c’est avec ce regard qu’a été construite cette saison, reflet du mouvement des imaginaires en cours. » Voilà comment Sabrine Del Yemo, chargée des relations avec le public, décrit la nouvelle saison de l’Hexagone, scène nationale située à Meylan.
De l’imagination, il en aura fallu à l’équipe pour rassembler ces spectacles ô combien originaux et innovants. En témoigne notamment Et autres chants d’oiseaux, le mercredi 13 novembre 2019. « C’est un concert de jazz, de musique improvisée et d’ornithologie, une reprise de compositeurs inspirés par le chant des oiseaux à leur époque, comme Stravinsky par exemple. À l’Hexagone, on est intéressés par les sciences technologiques, mais aussi par les sciences naturelles. »
Place à la nature et à l’écologie
Tout au long de la saison, les organisateurs font d’ailleurs la part belle à la nature et à l’écologie. Il en sera notamment question dans Bordelines investigation #1, les 5 et 6 mai 2020. « Cette pièce traite la question de la biodiversité, des frontières et du réchauffement climatique sous un format assez satirique ! C’est une conférence théâtralisée absurde. Néanmoins, elle se veut très documentée. »
G5 : une rencontre entre danse et théâtre. DR
Sur un ton cette fois-ci plus sérieux, G5 aborde les mêmes thématiques, les 11 et 12 février 2020. « Cette création questionne le rapport entre le corps et les nouveaux médias, l’avenir de notre planète et la pression qu’on exerce sur elle. L’artiste sur scène dialogue en direct avec une intelligence artificielle. G5 représenterait les minéraux, les animaux, les machines, les humains, les végétaux. Et l’idée serait de trouver des solutions ensemble. »
Experimenta, la biennale arts sciences
G5 entre dans le cadre d’Expérimenta, biennale arts sciences qui se tient du 11 au 21 février 2020. Organisée par l’Hexagone sur l’ensemble du territoire de la Métro, elle regroupe des spectacles, un forum et un salon très qualitatif. Ce dernier, programmé à la maison Minatec jeudi 13, 14 et 15 février, a pour but « d’ouvrir le débat sur les nouvelles technologies ».
Experimenta 2018 : spectacle Digital Vaudou à l’Hexagone de Meylan. © Clémentine Robert- Placegrenet.fr
« Pendant trois jours, l’événement propose une trentaine d’installations. Sur chaque stand, on peut participer à un atelier avec un artiste en train de travailler sur des molécules, ou encore parler avec les médiateurs, les chercheurs… »
Quant au forum, il s’agit de nombreuses tables-rondes permettant d’aborder les thématiques des œuvres du salon. Plusieurs d’entre elles, en écho aux différents spectacles jeune public de cette édition aborderont aussi les enjeux des relations entre l’art, les sciences et l’éducation.
Des spectacles revendicatifs
Nombreuses sont les créations de l’Hexagone qui se veulent engagées. Notons par exemple ces différentes pièces sur le monde Arabe. Langue de feu, lames de fond, un spectacle en deux parties sur la thématique du Printemps arabe, présenté les 10 et 11 octobre 2019. « La première partie relate l’épisode d’un jeune immolé par le feu qui a été à l’origine du Printemps arabe. Vraiment, c’est très fort. » Puis, Lames de fond donne à entendre l’histoire d’un homme et de sa fille traversant la Méditerranée.
Chroniques d’une ville qu’on croit connaître. DR
Toujours de ce côté de la Méditerranée, la pièce Chroniques d’une ville qu’on croit connaître du Syrien Wael Kadour, exilé en France, se déroule à Damas, sa ville d’origine. « C’est une enquête policière qui relate l’histoire d’une jeune femme qui a tenté de mettre fin à ses jours. On essaie de comprendre pourquoi cela lui est arrivé. Les questions de l’émancipation de la femme, de la pression familiale y sont très présentes. » Une pièce à découvrir les 15 et 16 octobre 2019.
Des créations poétiques et spirituelles
Si certains spectacles cherchent à faire réagir, d’autres, accessibles à toute la famille, prêtent à faire rêver. C’est le cas de la pièce très poétique L’oiseau ligne, présentée les 19 et 20 mars. « Cette création de Chloé Moglia met en avant l’artiste circassienne dans une technique qu’elle a elle-même développée : la suspension. C’est-à-dire qu’elle est tout le temps suspendue en l’air. Sur scène, elle évolue, avec une musicienne, poly-instrumentiste. Le rendu est extrêmement poétique, raffiné, avec un dialogue réel. »
La thématique du rêve passe également par la spiritualité ou encore la découverte de techniques ancestrales. Coup de cœur de Sabrine Del Yemo, la création de danse art visuel Ash met en avant une danseuse indienne. Celle-ci « revendique le fait que le principe d’une danse traditionnelle n’est pas de rester dans un mode figé. Il faut la faire évoluer. Sur le plateau, elle va créer des sortes de mandalas magnifiques. » A découvrir les 26 et 27 novembre 2019.
Côté musique aussi, la spiritualité est de mise avec Olena Uutai, le 17 octobre 2019. « Cette artiste venue de Sibérie est reliée à la nature. Elle a la particularité de jouer de la gaba, une technique d’inspiration chamanique. »
Un éclectisme musical
Sur le plan musical, la saison de l’Hexagone se veut d’ailleurs éclectique. En témoigne Not another diva, programmé le 6 décembre 2019. « Le chorégraphe Faustin Linyekula qui tourne dans le monde entier a eu envie de créer un projet qui réunit des musiciens congolais et américains et une chanteuse d’Afrique du sud. »
Jowee Omicil, saxophoniste et multi-instrumentiste, revisite ses racines haïtiennes. DR
Dans un autre registre cette fois-ci, la salle présentera le 26 mars 2020 Opus 111, du trio Aka Moon, une proposition entre jazz et classique. « Cette création entre dans le cadre des Détours de Babel. Le groupe a travaillé sur l’opus 111 de Beethoven, la sonate 32. C’est une sonate qui était considérée comme les prémices du jazz ! »
La fin de saison se clôturera aussi sur du jazz, le 19 mai 2020, avec Jowee Omicil. « Cet artiste, saxophoniste et multi-instrumentistes revisite ses racines haïtiennes. » Au programme : rythmes africains, mélodie de Bach et Mozart et beats jamaïcains. Prometteur !
Alice Colmart