FOCUS – La salle de spectacle Le Déclic vient de lancer sa nouvelle saison 2019 – 2020, avec une panoplie de spectacles tout public mais aussi plus pointus. Marie-Noëlle Strecker, adjointe au maire de Claix, nous a détaillé la programmation.
« Même si la salle est un peu excentrée et qu’au début les transports en commun nous faisaient peur, Le Déclic est aujourd’hui une salle très bien fréquentée » assure Marie-Noëlle Strecker, adjointe au maire de Claix. Il faut dire que Le Déclic attire par sa singularité.
À la différence des autres salles de Grenoble et de l’agglomération, l’équipe fait en effet le choix d’une programmation particulièrement peu fournie. « On souhaite miser sur la qualité plutôt que sur la quantité. Au départ, on avait fait beaucoup de spectacles. Aujourd’hui, on a réduit le nombre mais on met beaucoup plus d’argent. » La structure a ainsi accueilli un peu plus de 1 500 spectateurs la saison dernière. Un chiffre on ne peut plus honorable si l’on songe que la ville de Claix compte 8 000 habitants.
Ainsi, pour cette nouvelle année, le lieu garde le même créneau que les années précédentes et promet « une programmation accessible, hétéroclite et intergénérationelle ». Objectif affiché : « bien cibler notre population et accueillir toutes les catégories. Tout le monde est représenté par un spectacle qui lui est propre ».
Anne Roumanoff,Raphaël Personnaz… Le Déclic accueillent des grands noms
Chaque année, les propositions oscillent entre découvertes de talents mais aussi têtes d’affiches. Notons par exemple la venue de l’humoriste Anne Roumanoff, le 21 novembre, pour son spectacle Tout va bien ! « Au menu : les réseaux sociaux, Emmanuel Macron, le politiquement correct, les femmes divorcées, les sites de rencontres, le culte de l’apparence… » Autant de thèmes actuels qui prouvent l’engagement des artistes.
En témoigne également la présence, le 9 novembre, de Raphaël Personnaz, avec Vous n’aurez pas ma haine. « Un spectacle en profond rapport avec l’actualité. Dans celui-ci, Antoine raconte qu’il a perdu sa femme, Hélène, le 13 novembre au Bataclan. Il nous raconte comment, malgré tout, la vie doit continuer ».
La part belle à l’environnement
Nombreuses sont les autres thématiques abordées dans les spectacles. Mais celle qui prédomine, « le fil conducteur de cette saison » est l’environnement. Un sujet sensible, traité sous différentes formes. Notons par exemple la projection de Après-demain de Cyril Dion et Laure Noualhat, le 9 avril 2020.
« Cyril Dion est l’un des réalisateurs du film Demain et est aussi le cofondateur, avec Pierre Rabhi, du mouvement Colibris et de la revue Kaizen. Cette fois-ci, il propose un film sur la capacité des micro-initiatives à avoir un impact sur l’environnement. » Toujours sur ce sujet, Le Déclic propose la pièce de théâtre Quitter la terre de Joël Maillard, le 13 février 2020. « Dans cette pièce, le réalisateur a imaginé un futur plus ou moins proche dans lequel les collectivités humaines sont à saturation écologique et démographique. »
Pour avoir un impact direct sur le public, rien de tel qu’une conférence. D’où la question posée en ce début de saison par Franck Giazzi, géographe et maître de conférences à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine : « La dégradation de l’environnement est-elle un indicateur de l’effondrement de notre modèle de civilisation ? » L’art enfin peut en dire beaucoup sur l’écologie. Ainsi, l’exposition photographique Yamal de Julie Nedelec Andrade, visible jusqu’au vendredi 11 octobre prochain, proposera « un reportage autour du plan d’extraction de gaz naturel nommé Yamal ».
Des spectacles qui éveillent la curiosité
Comme tous les ans, le Déclic propose son célèbre spectacle de mentalisme. Cette fois-ci, Kevin Micoud ambitionne de faire vivre au public une expérience participative autour des mystères de l’être humain, le 7 mars 2020. Dans Expérimentale, il met en avant les expériences basées sur les exploits réalisables par l’esprit : « lectures de pensées, prédiction, influence, hypnose… »
D’autres propositions poussent aussi à la réflexion. QCM par la Compagnie Confidences établit « un questionnaire à choix multiples qui nous confronte à la comparaison des propositions, à leurs analyses puis à une prise de décision ».
Le projet Lumière est aussi un exemple de recherche intéressante sur l’être humain. Cette création choisit d’associer une compagnie de théâtre à des chercheurs du CNRS « afin de mener un travail de médiation scientifique sur l’histoire de la lumière. Ils souhaitent parler de la manière dont le savoir se construit dans le temps et l’influence du contexte historique sur l’évolution des connaissances ».
Des musiques éclectiques
Côté musique, le choix de la programmation se tourne vers l’éclectisme, entre Les nuits du piano qui accueilleront l’artiste classique Jean-Baptiste Fonlupt le 13 décembre et, le lendemain, le Quartet Horellou. « Ce quartet s’inscrit dans la continuité de la grande musique de jazz. Ils rendent hommage aux grands noms du hard-bop tels que les saxophonistes Clifford Jordan et Jackie McLean ou le batteur Roy Haynes : un jazz qui évoque, sans esprit de revitaliser la grande époque de l’esthétique Blue Note. »
Nos oreilles se raviveront également d’écouter le conte musical L’anthropiquocène, le 4 avril 2020. « La narration est assurée par un conteur et des images projetées sous forme d’une mise en abîme. Les trois personnages principaux apportent leur propre commentaire sur ce qu’ils viennent de vivre. La musique est mixte : électroacoustique, instrumentale et vocale et d’influences multiples. »
Notons enfin un concert “piano-électronique” mené par Vanessa Wagner, le 4 octobre 2019. « Ce sont des compositions aériennes des grands noms du minimalisme, tels que Arvo part, Silvestrov, Feldman, John Cage… » Une création mine de rien assez pointue, s’affirmant ainsi comme une exception de la programmation. « J’aime bien la création, les cultures pointues. Mais les spectacles trop pointus ne sont pas adaptés aux 8 000 habitants de Claix », reconnaît Marie-Noëlle Strecker.
Alice Colmart