EN BREF – Spécialisée dans la science du toucher, la start-up Hap2U va bientôt enclencher la phase d’industrialisation de sa technologie permettant d’avoir des sensations de texture et de relief à la surface des écrans tactiles. À cet effet, la jeune société basée à Saint-Martin-d’Hères vient de recruter dix nouveaux salariés en trois mois et ouvre seize postes d’experts.
Imaginez-vous en train de ressentir les écailles d’un poisson simplement en touchant un écran tactile. Voilà qui peut être intéressant, non ? Cédrick Chappaz, le fondateur de Hap2U, startup spécialisée dans la science du toucher, en est convaincu. « Si l’haptique ou l’art d’exploiter le sens du toucher est encore sous-exploitée dans le monde, son avenir est confirmé », affirme-t-il.
Ce n’est donc pas sans raison que ce chercheur en microtechnologies s’est lancé en 2015 dans le développement d’une technologie capable d’amplifier la sensation du toucher. Jusqu’à apporter à l’utilisateur une impression de relief et de texture quand ce dernier touche du doigt un écran tactile.
« La technologie Hap2U répond au besoin d’innovation des industriels pour rendre les surfaces tactiles plus intuitives en insérant le toucher tangible », précise l’entrepreneur.
Fin 2018, la startup dont le siège et le pôle R&D sont implantés à Saint-Martin-d’Hères a ainsi réussi à lever 4 millions d’euros auprès du géant allemand de l’automobile Daimler (Mercedes). Le constructeur devenu actionnaire, séduit par cette technologie, est désormais partenaire du développement d’Hap2U.
Dans la foulée, la jeune pousse a recruté dix nouveaux salariés en à peine trois mois. Pour enclencher la phase d’industrialisation et s’attaquer à d’autres marchés potentiels d’ici la fin de l’année, elle ouvre seize autres postes d’experts internationaux (cf. encadré).
« L’haptique, un potentiel marché infini »
Les autres marchés visés par Hap2U ? L’électroménager, le mobile, la santé mais également l’ensemble des équipementiers du monde industriel. Une ambition qui s’appuie déjà sur de nouveaux partenariats en cours avec de grands industriels.
Une chose est sûre, la startup grenobloise ne manque pas d’arguments. De fait, sa technologie peut être intégrée dans toutes les interfaces tactiles existantes, quelle qu’en soit la matière : verre, bois, plastique, métal…
Son autre atout maître ? En travaillant sur le coefficient de friction, Hap2U permet non seulement d’accentuer mais aussi de diversifier les sensations du toucher. La technologie qualifiée de « triptyque » intègre en effet trois types de sensations : de ressort, de cran et la capture de la force.
Bientôt, des véhicules Mercedes équipés de la technologie Hap2U
« On parle ici d’intelligence sensorielle qui va permettre d’opérer une véritable révolution dans la manière d’interagir avec les objets et les machines », ajoute Cédrick Chappaz. Pour le géant Daimler, la cause est entendue, c’est « un marché amené à exploser ». En tout cas de quoi susciter l’envie de devenir précurseur sur le marché de l’automobile en lançant d’ici peu de nouveaux véhicules Mercedes intégrant cette technologie.
Pour quelle valeur ajoutée ? Aujourd’hui 20 à 30 % des accidents de voiture sont causés par la consultation visuelle des écrans. « Hap2U sait comment faire parvenir au conducteur des informations en temps réel, sans utiliser la vision », justifie le chercheur. Ce qui sera particulièrement utile, notamment pour la validation d’un réglage ou la détection d’un appel entrant. « Un maximum d’informations au bout du doigt ! », vante le dirigeant.
Persuadée d’avoir déniché la poule aux œufs d’or, l’équipe Hap2U initie un nouvel axe de développement : l’haptique 3D. Et c’est la fleur au fusil qu’elle se lance à l’assaut de nouveaux marchés : « D’ici quelques années, l’haptique intégrera les murs, les interrupteurs, les variateurs, l’électroménager, les smartphones… tous les objets du quotidien et les surfaces tactiles », affirme-t-elle.
Véronique Magnin
Hap2U ouvre seize nouveaux postes d’experts
Triplant presque son chiffre d’affaires* en un an et face à la demande grandissante, Hap2U recrute encore. Ce alors même que la jeune entreprise vient de passer de quatorze à quarante salariés en quelques mois. Qui sont-ils ? Des experts venus de France mais également d’Angleterre, d’Argentine ou encore du Canada.
« Nous cherchons des profils venus d’ailleurs car les métiers de l’électronique sont en tension mais aussi parce que nous amorçons dès lors notre volonté de développement à l’international », précise Cédrick Chappaz qui vise l’Europe et les États-Unis, tout en lorgnant déjà sur l’Asie.
Les domaines d’expertise recherchés ? Sans surprise, ils sont très diversifiés de sorte à représenter toute la chaîne de valeur. Hap2U ratisse ainsi large. « Du doctorant en acoustique à l’UX (pour expérience utilisateur) designer, en passant par le business developer, l’expert électronique, soft, mécanique, le responsable des brevets… », énumère le chef d’entreprise.
* CA 2018 : 500 000 euros ; CA 2019 : 1 200 000 euros