EN BREF — Paris, Nantes, Lille, Clermont-Ferrand et Grenoble viennent d’engager « une démarche concertée pour faire changer la loi ». Les cinq villes annoncent ainsi, dans un communiqué commun, adopter un arrêté interdisant l’usage des pesticides sur leur territoire. Sans cacher avoir conscience du caractère illégal d’une telle décision.
« L’usage des produits phytosanitaires chimiques sera désormais interdit sur l’ensemble des territoires de nos villes. » C’est par ces mots que cinq municipalités de grandes ou moyennes villes de France annoncent, dans un communiqué commun, prononcer un arrêté d’interdiction des pesticides sur leurs territoires. Les communes en question ? Paris, Nantes, Lille, Clermont-Ferrand… et Grenoble.
La surprise est relative dans le cas de la capitale des Alpes : la municipalité écologiste de Grenoble n’a jamais caché sa sympathie pour le mouvement des Coquelicots, qui réclame l’interdiction des pesticides sur l’ensemble du territoire national. Tandis que sur les réseaux sociaux, le maire de Grenoble Éric Piolle saluait et soutenait la décision de son collègue de Langouët Daniel Cueff, premier édile à avoir adopté un arrêté de ce type sur son territoire.
Des communes « conscientes du statut juridique des arrêtés »
Grenoble avait déjà, à l’image des quatre autres villes signataires de l’arrêté anti-pesticides, mis fin à l’utilisation de produits chimiques pour l’entretien de ses espaces verts. « Nous avons encouragé par différents dispositifs les particuliers à s’engager dans la même voie », ajoutent les communes. Un « encouragement » qui prend désormais une dimension coercitive, puisque l’arrêté prohibe l’utilisation des pesticides pour l’ensemble de la population des territoires communaux.
Le Jardin des Dauphins à Grenoble. Depuis plusieurs années, la municipalité a banni l’usage des pesticides pour l’entretien de ses espaces verts. © Florent Mathieu – Place Gre’net
« Les différents acteurs concernés seront sensibilisés à ce sujet par le biais d’une information large que nos Villes diffuseront et rappelant les alternatives existantes aux pesticides pour l’entretien des espaces verts », écrivent les municipalités. En insistant prendre leurs décisions sur la base du « principe de précaution », au nom de « la volonté politique et la responsabilité de protéger la santé de nos habitants ».
Les cinq communes ne se font cependant guère d’illusions : « Nous connaissons le statut juridique de tels arrêtés », notent-elles, conscientes de leur illégalité. Pour elles, le but est avant tout « d’engager une démarche concertée pour faire changer la loi et concourir à la sauvegarde du patrimoine inestimable de la biodiversité ». Un message adressé en somme au gouvernement. Et peut-être aux électeurs, à quelques mois des élections municipales ?