EN BREF – Le 19 juillet 1919, le serrurier Eugène Christophe revêtait le premier maillot jaune de l’Histoire du Tour de France à Grenoble. Cent ans plus tard jour pour jour, une plaque en hommage au “Vieux Gaulois” a été dévoilée par l’association “Les Géants du Tour” et le maire Éric Piolle au 4 rue Béranger. C’est à cet endroit que le coureur avait reçu la tunique des mains d’Henri Desgrange, le directeur de la Grande Boucle.
Grenoble figurera à jamais dans les annales du Tour de France. Le 19 juillet 1919, Eugène Christophe, leader du classement général, a porté le premier maillot jaune de l’Histoire dans la capitale des Alpes au départ d’une étape qui menait les coureurs à Genève. Christophe avait reçu dans la nuit un paquet de six maillots des mains d’Henri Desgrange, le directeur de la Grande Boucle, au Café de l’Ascenseur, aujourd’hui disparu, au 4 rue Béranger à Grenoble.
L’histoire retient que la couleur a été choisie par rapport aux pages jaunes du journal L’Auto, l’ancêtre de L’Équipe, dont le patron se nomme… Desgrange.
« La naissance du maillot jaune est aussi liée à l’arrêt d’Henri Pélissier et à Alphonse Baugé », ajoute Claude Maignan, président de l’association “Les Géants du Tour”.
Un coureur poursuivi par la malchance
En 1919, les coureurs portent des maillots semblables. Lors de la quatrième étape, Les Sables‑d’Olonne – Brest, longue de 428 km, Henri Pélissier abandonne. Le deuxième de la Grande Boucle 1914 et vainqueur de Paris-Roubaix et Bordeaux-Paris en 1919 était connu, on le distinguait dans le peloton, ce qui n’est pas le cas du nouveau leader Eugène Christophe.
Lors de l’étape suivante, Alphonse Baugé, collaborateur de l’organisation du Tour, suggère alors à Henri Desgrange de faire porter un maillot jaune au premier du classement général. Une idée qui séduit le patron du Tour.
Le confectionner prend toutefois plus de temps que prévu. Ce sera donc à Grenoble qu’il sera porté en premier et non à Marseille, comme prévu.
Eugène Christophe n’arrivera pas à le ramener à Paris. Il termina troisième après avoir cassé sa fourche, qu’en bon serrurier il répara malgré tout. Une mésaventure qu’il avait déjà vécue dans la descente du Tourmalet en 1913 et qu’il revivra encore lors de la Grande Boucle 1922.
« Eugène Christophe perd le Tour 1919 à l’avant-dernière étape Metz-Dunkerque qui fait 468 km, précise Claude Maignan. Le Belge Firmin Lambot gagne en 21 heures. Desgrange dit qu’Eugène Christophe a mis 23 h 53. Quand vous voyez ce qu’ils ont fait, ils resteront toujours des guerriers, des géants. Un géant c’est le coureur qui prend le départ du Tour de France et qui le termine. Aujourd’hui, il y en a 3 443 qui l’ont fait. Respect pour tous ces coureurs. »
Cent ans jour pour jour après Christophe, un autre Français en jaune
Vendredi 19 juillet 2019, cent ans jour pour jour après ce premier maillot jaune de l’Histoire, une plaque commémorative en hommage au “Vieux Gaulois” a été dévoilée par “Les Géants du Tour”, à l’origine de l’initiative, et Éric Piolle, maire de Grenoble, en présence de l’arrière-arrière-petit-fils d’Henri Pélissier.
« C’est vraiment important pour nous d’être là pour honorer la mémoire d’Eugène Christophe, a souligné Claude Maignan. On pourrait dire aujourd’hui que c’est le Poulidor. Il n’a jamais eu de chance. Mais ça c’est Eugène Christophe, c’est le Tour de France. »
Cent ans après Eugène Christophe, on retiendra qu’un autre Français, Julian Alaphilippe, est en jaune sur la Grande Boucle. Un joli clin d’œil à l’occasion de l’anniversaire de cette tunique la plus convoitée du peloton.
Laurent Genin