FOCUS – Enseignants et personnel administratif de l’Institut des métiers et des techniques (IMT) de Grenoble étaient en grève, ce vendredi 8 mars. Une mouvement suivi par 80 % de l’effectif de l’établissement. La date avait été choisie à dessein durant l’une des journées portes ouvertes de l’IMT. L’occasion de taper un grand coup sur la table pour revendiquer une hausse de salaires, réclamée en vain depuis des années…
Le personnel de l’Institut des métiers et des techniques (IMT) de Grenoble s’est mis en grève à l’occasion d’une journée « portes ouvertes », ce vendredi 8 mars.
Situé 10 rue Aimé Pupin, dans le quartier Village olympique, l’IMT de Grenoble est l’un des plus grands campus de l’alternance en France.
La cause du mécontentement du personnel ? « 10 ans sans augmentation, IMT en colère ». Un message affiché en grosses lettres sur les grilles de l’Institut et donc immanquable pour les visiteurs des journées portes ouvertes.
« L’immobilier passe avant l’humain »
Force est de constater que le mot d’ordre de la mobilisation du jour en faveur de la hausse des salaires a fait mouche. Plus de 80 enseignants et agents administratifs ont en effet répondu présent, sur les 115 salariés que totalise l’IMT. Selon les grévistes, leurs collègues au travail étaient en outre pour la plupart « solidaires à la cause. Ils n’ont simplement pas pu quitter leur poste du fait de l’organisation de concours, par exemple ».
Entre les salariés et leur employeur, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), le torchon brûle depuis un bon moment.
« De nombreux mouvements sociaux ont déjà secoué l’IMT de Grenoble ces dernières années, sans que syndicats et direction n’aient pu parvenir à un accord », rappellent ainsi les représentants du personnel.
Les employés de l’IMT disent en avoir assez d’être considérés comme la cinquième roue du carrosse. Leurs rémunérations, qu’ils qualifient de « salaires de misère », n’ont selon eux pas été revalorisées depuis trop longtemps.
Manque de moyens de l’employeur ? Que nenni, rétorquent les grévistes. La Chambre de commerce et d’industrie est loin de lésiner sur les investissements dans l’immobilier, fustigent les salariés en grève, pour certains syndicalistes de la CFDT, la CGT, et la CFE-CGC. Tous pointent notamment du doigt le bâtiment érigé en partenariat avec Schneider Electric sur le site de l’IMT. La CCI a investi 2,4 millions dans cet atelier dernier cri destiné à la formation des étudiants de la filière énergie. « L’immobilier passe avant l’humain », regrette, désabusé, un gréviste.
Le président de la CCI évite les grévistes
« L’IMT nous en demande toujours plus, mais la coupe est pleine, préviennent les enseignants. Certes, on nous dit régulièrement que nous faisons du bon travail mais cela ne suffit plus. » La détérioration des conditions de travail pose particulièrement souci au personnel administratif.
« Nous avons subi des restructurations, il y a deux ans, rappelle une employée et, depuis, c’est devenu lourd à gérer. La direction a comprimé les effectifs. Nous nous sommes réorganisés, mais nous avons davantage de travail pour le même salaire. Il manque du monde dans certains secteurs et les arrêts de travail sont plus nombreux. »
Pour éviter le comité d’accueil qui l’attendait de pied ferme, Jean Vaylet, le président de la CCI, a préféré annuler sa visite annoncée à la presse.
« La direction fuit encore. Forcément, ils ne veulent pas faire de vague auprès des partenaires, de la préfecture notamment », persifle l’un des grévistes.
À la déception de ne pas rencontrer le président, s’ajoute une nouvelle déconvenue. Les représentants du personnel apprennent que des vacataires ont été sollicités pour remplacer certains professeurs pour la journée. Ce qui dénote, condamnent-ils, la volonté de la direction de « casser une grève ». De quoi mettre encore un peu plus d’huile sur le feu.
Plus déterminés que jamais, les représentants du personnel escomptent que les négociations aboutissent enfin lors du rendez-vous fixé avec la direction, le 18 mars prochain. Sinon, le bras de fer pourrait durer… « Les agents de la CCI de Grenoble ont l’intention de multiplier les actions pour obtenir gain de cause et dénoncer leur salaire de misère », annoncent les syndicalistes.
Séverine Cattiaux
L’IMT, un équipement implanté dans un quartier sensible
Chaque année 2 500 apprentis sont formés à l’IMT, organisme privé géré par la Chambre de commerce et d’industrie.
Au total, 80 formations en alternance sont proposées, allant du CAP à la licence, dans de nombreux domaines : le BTP, la restauration, l’automobile, les soins, les services et les métiers du tertiaire.
« L’IMT joue aussi un rôle important dans un quartier sensible, tient à souligner une salariée gréviste. Notre public est parfois en grande difficulté. » Néanmoins, l’enseignement se déroule dans de bonnes conditions. « Les jeunes sont respectueux », assure un enseignant, et les effectifs des classes demeurent raisonnables. »