EN BREF – Nadine Le Calonnec, à la tête de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de l’Isère a présenté, le 13 février dernier à l’hôtel de police, le groupe d’action anti-drogue (Gad) créé en décembre dernier et spécialisé dans le trafic de rue. Explications.
« Le problème récurrent sur la circonscription de Grenoble, ce sont les stupéfiants », a expliqué Nadine Le Calonnec, à la tête de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) de l’Isère, mercredi 13 février à l’hôtel de police.
Une intervention visant à introduire le nouveau groupe d’action anti-drogue (Gad) spécialisé dans le trafic de rue, avant que le préfet de l’Isère Lionel Beffre présente le dispositif de « quartiers de reconquête républicaine » pour la métropole grenobloise.
« S’est posée la question de savoir comment accentuer la lutte contre ce fléau de manière plus réactive pour plus de lisibilité », a poursuivi Nadine Le Calonnec. Une demande prégnante portée par la population mais aussi les partenaires que sont les bailleurs sociaux, les élus et l’Éducation nationale. Autant de sources à même de rapporter les difficultés qu’elles peuvent rencontrer sur le terrain.
Bien évidemment, rappelle la directrice, tous les policiers luttent contre le trafic, dont la fameuse brigade des stupéfiants. Pour autant, « il fallait que nous soyons en capacité d’occuper une strate intermédiaire », explique-t-elle. D’où la décision de créer le Gad. Un groupe dont la particularité est de travailler à la fois sur la voie publique et en investigation.
Voir ce qui se passe réellement à tel ou tel endroit
La mission du Gad ? Apporter « un mieux vivre à la population ». En revanche, pas question de s’engager dans de longues enquêtes, de démanteler des trafics ou de faire tomber des têtes de réseau. Outre les éventuelles interpellations, le but est d’apporter une réponse ciblée sur un secteur bien déterminé. Et de rendre visible l’action de la police pour mieux rassurer les habitants et partenaires. Plus précisément, dans le cadre du dispositif QRR, ce sera une sorte de « sous-Gad » qui sera attentif aux trois quartiers intégrés au dispositif.
Le challenge pour ce groupe un peu particulier ? Se rendre immédiatement disponible afin de travailler au plus vite sur les faits remontés par les différents partenaires. En résumé, voir ce qui se passe réellement sur tel ou tel endroit suspecté d’abriter du trafic de rue. Mais pas seulement.
« L’action du groupe permet aussi de lever le doute et d’expliquer à nos partenaires que, contrairement à ce qu’ils pensent, sur le secteur visé il ne se passe rien », expose Nadine Le Calonnec. « Même s’il n’y a pas d’interpellation, s’il n’y a pas d’affaire, par rapport au sentiment d’insécurité, qui peut être confus, il est important que nous sachions lever le doute », tient-elle encore à souligner.
Empêcher les délinquants de s’organiser sur le terrain
Ce qui est clair, estime la directrice, « c’est que cette capacité à être réactifs sur l’événement qu’on nous signale empêche aussi [les délinquants] de s’organiser sur le terrain ».
Depuis sa création le 17 décembre 2018, le Gad a déjà enquêté sur deux affaires. La première a justement permis de lever le doute sur une suspicion de trafic, tandis que la seconde a abouti à l’interpellation en flagrant délit de trois délinquants.
Une procédure qui, au final, a débouché sur un placement sous mandat de dépôt des protagonistes, avant leur jugement en comparution immédiate. Enfin, presque immédiate puisque les prévenus ne verront leurs juges qu’en mars.
Éric Vaillant, le procureur de la République de Grenoble, ne voit que des avantages dans ce dispositif. Ce dernier n’a d’ailleurs pas caché, dès sa prise de poste, son ambition d’augmenter le nombre de comparutions immédiates à Grenoble. Un chiffre qui, le magistrat l’espère, pourrait ainsi passer des 200 actuelles à plus de 300 sur l’année.
Joël Kermabon