FOCUS – Une trentaine d’AESH de l’Isère se sont rassemblés devant le rectorat de Grenoble, ce mercredi 6 février. Ils répondaient à un appel national à la mobilisation lancé par plusieurs syndicats de l’Éducation nationale. Leurs revendications ? Une hausse des salaires, une formation de qualité, des conditions de travail moins précaires ainsi qu’un véritable statut et la reconnaissance de leur métier.
Les auxiliaires de vie scolaire (AVS) et accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) étaient en grève ce mercredi 6 février. Une mobilisation d’ampleur nationale lancée par plusieurs syndicats de l’Éducation nationale. À Grenoble, une trentaine d’entre eux – déjà sur la brèche depuis le mois de septembre – se sont rassemblés une nouvelle fois devant le rectorat.
Ce qui avait fait déborder le vase ? Une augmentation de leur temps de travail hebdomadaire. Ce sans aucune compensation financière, le nombre d’heures de travail annuelles restant inchangé. Leurs revendications ? Elles n’ont guère évolué depuis le dernier rassemblement, début octobre. Notamment le fait de pouvoir travailler à temps complet, une revalorisation des salaires, un statut pérenne et une formation professionnelle de qualité. Mais aussi l’amélioration de leurs conditions de travail et, surtout, la reconnaissance d’un « vrai » métier au service des élèves en situation de handicap.
« Une crise du recrutement parce que les rémunérations ne sont pas motivantes »
Où en est-on en Isère depuis la mise en place, le 4 janvier dernier, de la circulaire académique qui entérine le temps de travail des AESH ? « On n’a rien gagné sur le temps de travail. Il y a eu rétro-pédalage. Les temps de préparation et de concertation n’ont pas été pris en compte », se désole Anne-Marie Guillaume, secrétaire départementale Snes-FSU Isère. Pour autant, pas question d’en rester là. « Nous avons saisi le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) académique et lui avons transmis les témoignages écrits de nombreux AESH », explique Anne-Marie Guillaume.
Quid des problématiques ainsi remontées ? Tout d’abord la manière dont leur hiérarchie considère les auxiliaires et accompagnants. Modifications d’affectations, manière de communiquer, respect des conditions initiales de recrutement… Ensuite, vient la question de l’emploi du temps hebdomadaire.
Un thème récurrent sur lequel les AESH n’ont obtenu, regrette Anne-Marie Guillaume, « aucune réponse satisfaisante de l’administration ». Autre point de friction, leur rémunération. « Il y a une crise du recrutement parce que les rémunérations ne sont pas motivantes », souligne la représentante syndicale. Un exemple ? « Sept cents euros brut mensuels pour un mi-temps, c’est insuffisant ! Et, de surcroît, ça rend impossible tout cumul d’activités pour compléter le salaire ! », déplore-t-elle.
Une « super revalorisation » de 24 euros par mois
Autant de questions auxquelles s’ajoutent celles de la précarité du métier et de la formation professionnelle. En la matière, il y a bien eu quelques avancées. Ne serait-ce qu’à travers la réunion prochaine d’un groupe de travail spécifique. Cependant, les professionnels estiment encore être loin du compte. « C’est compliqué pour l’administration d’entendre que les AESH ont besoin de connaître la nature des difficultés des élèves pour les accompagner », tacle Anne-Marie Guillaume.
Les AESH notent toutefois quelques autres menues améliorations consenties par l’administration. À ce titre, citons « la super revalorisation » de 24 euros par mois et la prise en compte des frais de déplacements entre deux établissements. Pour ce qui concerne la reconnaissance du métier et le manque de considération, là aussi, il y a eu des progrès. « Le ministre et le rectorat reconnaiss[e]nt enfin que nous sommes des membres à part entière de la communauté éducative », rapporte la syndicaliste.
Le CHSCT académique a quant à lui rendu son avis, voté à l’unanimité le 31 janvier. « Cet avis, ça ne veut pas dire qu’on va gagner mais ça veut dire que l’administration est obligée de nous répondre par écrit », tempère Anne-Marie Guillaume.
« L’inclusion sans les moyens ce n’est pas à la hauteur de ce que nous attendons »
En ce qui concerne les conditions de travail des AESH, Anne-Marie Guillaume n’est guère optimiste. L’Éducation nationale va se retrouver, estime-t-elle, en tension. « La rentrée prochaine dans le second degré c’est plus 30 000 élèves et on supprime 2 650 postes d’enseignants », s’inquiète la syndicaliste.
Comment, dans ces conditions, parvenir à mettre des professeurs en face des élèves ? « Pour faire face, l’administration veut nous imposer une deuxième heure supplémentaire. Ce qui représente pour les personnels l’équivalent d’une classe supplémentaire à suivre ! », prévient-elle. Sans compter, difficulté supplémentaire, qu’il va falloir aussi composer avec des effectifs par classe au bord de l’explosion.
« L’inclusion est écrite dans le marbre de la loi. L’école doit accueillir tous les élèves sans aucune distinction », rappelle Anne-Marie Guillaume. Une loi pétrie de bonnes intentions mais qui se heurte, selon elle, à la réalité d’un contexte défavorable. « L’inclusion sans les moyens ce n’est absolument pas à la hauteur de ce que nous attendons et de notre vision de l’école émancipatrice », conclut, non sans dépit, la syndicaliste.
Joël Kermabon