REPORTAGE VIDÉO - Environ 200 gilets jaunes ont à nouveau tenté d'investir la barrière de péage de Voreppe pour une opération “péage gratuit”, ce samedi 29 décembre, dans le cadre de leur septième semaine de mobilisation. Bilan ? Une manifestante blessée à la tête au cours d'une charge des forces de l'ordre en fin de matinée.
Tôt ce samedi 29 décembre, des groupes de gilets jaunes commencent à affluer petit à petit sur le rond-point du Minotaure non loin du péage de Voreppe. Tous sont venus à pied en empruntant des chemins ou en passant à travers champs. Et pour cause, des forces de gendarmerie interdisent tout accès en voiture aux alentours et sur la RD3 longeant l'autoroute.
L'objectif des militaires est clair, en ce week-end de chassé-croisé hivernal de vacanciers : empêcher les gilets jaunes de mener une opération “péage gratuit” sur l'A48 et de perturber la circulation. Une action votée en amont via Facebook, dans le cadre de la septième semaine de mobilisation du mouvement des gilets jaunes.
Une manifestante blessée au cours d'une charge des forces de l'ordre
Toujours est-il que cette nouvelle mobilisation à Voreppe s'est déroulée dans un calme tout relatif par rapport à celle de la semaine précédente… beaucoup plus mouvementée. Les gilets jaunes ont bien tenté à plusieurs reprises de parvenir jusqu'au péage. Sans succès, du fait de l'omniprésence de militaires de la gendarmerie, très réactifs et mobiles.
La tête d'une manifestante a alors heurté lourdement le sol au cours d'une charge des gendarmes avec force tirs de lacrymogènes. Une charge « honteuse », selon les manifestants. Celle-ci visait à disperser un attroupement sur la chaussée « illégal et dangereux pour les usagers et les manifestants », selon les forces de l'ordre.
La manifestante, qui souffre d'un traumatisme crânien et d'un hématome sous-dural, a été admise à l'hôpital de Voiron, faute de place en neurologie au CHU de Grenoble. Actuellement inconsciente, selon des proches, elle a été plongée dans un coma artificiel pour pouvoir subir une opération dans un second temps.
Retour en images sur quelques séquences de cette nouvelle mobilisation captées au cours de la matinée du 29 décembre.
D'autres opérations de gilets jaunes notamment à Crolles, Rives et Vizille
Presque dans le même temps, un groupe de gilets jaunes s'est détaché du reste du rassemblement. Après avoir remonté la RD3, puis coupé à travers champs, ses membres ont rejoint les voies de l'autoroute A48 grâce à une ouverture dans le grillage. Les forces de l'ordre les ont repoussés sans ménagement en faisant usage de jets de grenades lacrymogènes.
Les manifestants ont tenté de récidiver en tout début d'après-midi environ un kilomètre après la sortie de Voreppe, sans guère plus de succès. Et ce malgré l'édification de deux barricades en travers de la RD3, toujours coupée à la circulation, destinées à gêner les forces de l'ordre si elles intervenaient.
Dans le même temps, au rond-point du Rafour de Crolles, quelques dizaines de gilets jaunes se sont rassemblées dans le calme. Tandis qu'une trentaine de manifestants postés sur le rond-point de Vizille de la RN85 qui mène aux stations de l'Oisans battaient de la semelle. À Rives, vers 11 h 45 sur la bretelle menant à l'A48, une vingtaine de citoyens en colère ont réussi, quant à eux, à mener une opération “péage gratuit”.
La journée de mobilisation à Voreppe a pris fin à la tombée de la nuit, après la dispersion des quelques dizaines de gilets jaunes encore présents sur le rond-point du Minotaure. De quoi permettre aux forces de l'ordre de rétablir la circulation sur la RD3, bloquée depuis le samedi matin.
Joël Kermabon
La préfecture de l'Isère prend des mesures pour limiter les troubles à l’ordre public
Face aux nouveaux appels à manifestations, le préfet de l’Isère a pris un certain nombre de dispositions afin de prévenir tout risque de troubles à l’ordre public. Elle s'appliquent à l’ensemble du département depuis le 28 décembre à 18 heures jusqu'au 1er janvier à 6 heures du matin.
Le transport de combustibles corrosifs, de carburants à emporter et de gaz inflammables sont ainsi interdits, « sauf nécessité justifiée », indiquent les services préfectoraux.
Également prohibée, la détention et l’usage de fumigènes, feux d’artifice et pétards « en raison du risque de blessures et d’incendie qu’ils représentent et des mouvements de foule que peuvent générer leurs détonations ».
S'ajoutent à cette liste, la détention et le transport sur la voie publique de produits chimiques, inflammables ou explosifs, qu'ils soient sous forme solide, liquide ou gazeuse. De surcroît, le transport et la consommation de boissons alcoolisées sur la voie publique et le transport d’armes par destination sont rigoureusement proscrits.
Plus spécifiquement pour la Saint-Sylvestre, la vente au détail de combustibles corrosifs, carburants à emporter et gaz inflammables est interdite. De même que l’usage de fusées, feux d’artifice et pétards, « en raison des risques accrus à cette date pour l’ordre public ». Ces mesures s'appliquent du 31 décembre à 6 heures du matin jusqu'au 1er janvier 2019 à 6 heures.