EN BREF – Le 6 novembre dernier, l’État a annoncé la présélection du projet MIAI de l’Université Grenoble-Alpes, aux côtés de trois autres portés par des sites universitaires et de recherche à Nice, Paris et Toulouse. L’objectif ? Créer quatre Instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle en France à travers un programme national doté d’une enveloppe globale de 100 millions d’euros sur quatre ans.
« C’est la réussite d’un écosystème capable de se mobiliser et la reconnaissance des nombreux atouts dont bénéficie Grenoble aujourd’hui », se réjouit Éric Gaussier, coordinateur du projet MIAI (Multidisciplinary Institute in Artificial intelligence) porté par l’université Grenoble Alpes (UGA) et directeur du Laboratoire d’informatique de Grenoble (LIG).
Et pour cause, ce mardi 6 novembre, l’UGA a en effet été présélectionnée pour bénéficier du titre d’Institut interdisciplinaire de l’intelligence artificielle, résumé par le sigle 3IA. Ce, dans le cadre du programme national pour l’intelligence artificielle (IA) annoncé en mars dernier par le président de la République Emmanuel Macron.
Une enveloppe de 100 millions d’euros à se partager sur quatre ans
Au total, quatre pôles de recherche, de formation et d’innovation parmi douze dossiers déposés, ont été jugés susceptibles d’être labellisés 3IA. Ainsi, aux côtés de Grenoble avec son projet MIAI porté par l’UGA, figurent également Nice (projet 3IA Côte d’Azur), Paris (projet Prairie) et enfin Toulouse avec Aniti. Ces projets devancent notamment ceux des universités de Bordeaux, Lille, Marseille ou encore de Paris-Saclay.
Parce que la France veut compter dans la compétition mondiale, la sélection des dossiers a été réalisée par un jury international composé de scientifiques de renommée mondiale dans le domaine de l’Intelligence artificielle. Dont Joëlle Pineau, Fei Fei Li et Stuart Russel pour n’en citer que quelques-uns.
Pour soutenir les quatre futurs instituts autour desquels l’ensemble du potentiel français aura vocation à s’organiser, le programme national pour l’intelligence artificielle est doté d’une enveloppe de 100 millions d’euros et ce, sur quatre ans.
L’IA au service de la santé et de l’environnement à Grenoble
« Les moyens alloués permettront de financer des bourses de doctorat et de post-doctorat, des échanges internationaux, mais également des projets de recherche portés par les industriels avec des applications concrètes », explique Éric Gaussier, le coordinateur du projet grenoblois MIAI.
Ce dernier privilégie deux domaines de recherche : la santé et l’environnement. De fait, « Avec l’IA, la santé devient “smart health“», matérialisant ainsi les promesses de la vision P4 (pour prédictive, personnalisée, préemptive et participative) de la médecine », justifie le directeur du LIG.
En outre, l’intelligence artificielle peut être utilisée pour lutter contre le changement climatique. « Nous proposons par exemple d’intégrer de nouvelles méthodes d’exploration de données et d’apprentissage automatique pour prévoir l’évolution du climat à partir d’observations spatiales ou pour prévoir les glissements de terrain et les tremblements de terre », spécifie-t-il.
L’IA peut également permettre de développer des solutions en matière de réduction de la pollution atmosphérique autant que des innovations respectueuses du climat notamment dans le champ de l’énergie.
À la clé : le soutien à l’innovation autour de l’IA et des enseignements « attractifs »
Le programme des recherches s’articulera autour de quatre axes principaux. Au nombre d’entre eux, l’apprentissage, le raisonnement et la perception. Mais également, l’intelligence naturelle et artificielle auxquelles s’ajoutent les architectures embarquées et matérielles pour l’IA ainsi que l’axe intelligence artificielle et société.
En plus du volet recherche, le projet MIAI intègre le soutien à l’innovation autour de l’IA dans les grandes entreprises, les PME et les startups du vivier grenoblois. Et grâce à un réseau interdisciplinaire de classe mondiale en recherche, le MIAI proposera des enseignements qui se veulent « attractifs » pour les étudiants et les professionnels de tous les niveaux.
Sans oublier la vocation d’informer et d’interagir avec les citoyens sur tous les aspects de l’intelligence artificielle.
Une labellisation 3IA qui reste à confirmer
Pour autant, pas de miracle, cette présélection s’inscrit dans une logique entamée depuis plusieurs années par l’UGA labellisée Initiative d’excellence (Idex) en janvier 2016. « La réussite de l’Idex grenoblois traduit une volonté du territoire de se coordonner pour être prêt à répondre aux grands enjeux de société actuels, parmi lesquels l’intelligence artificielle », conclut Éric Gaussier.
Reste toutefois à transformer l’essai. En effet, les quatre sites présélectionnés doivent encore déposer un projet détaillé avant le 15 janvier 2019. Avant de parvenir à obtenir leur labellisation 3IA et leur dotation définitive après réexamen du dossier par le jury international.
Véronique Magnin
UGA : UNE EXPERTISE DÉJÀ RECONNUE EN IA
L’université Grenoble Alpes est classée au 1er rang des établissements français et 31e mondiale en science et ingénierie en informatique selon le dernier classement thématique de Shanghai.
L’IA à l’UGA en quelques chiffres
Plus de 1 500 chercheurs et enseignants-chercheurs, doctorants et post-doctorants travaillent sur l’IA à Grenoble avec plus de 1 600 publications. Parmi lesquelles 15 % figurent dans dix journaux et conférences de référence.
Plus de 200 masters dans ce domaine sont délivrés chaque année. Et au niveau socio-économique, le territoire présente plus de 100 entreprises et plus de 50 startups avec lesquelles l’UGA entretient de nombreux partenariats.