EN BREF – Chaude ambiance lors du dernier conseil municipal de Grenoble, lundi 24 septembre… Le maire a demandé une suspension de séance et des excuses à un opposant qui avait accusé une élue de faire de la « politique bêtasse ». Mais n’a pas bronché lorsqu’Élisa Martin, première adjointe à la tranquillité publique de Grenoble, a traité de « cons » ces mêmes opposants. Deux poids, deux mesures ?
L’ambiance était tendue ce lundi 24 septembre pendant le conseil municipal de Grenoble. Au menu : les conclusions du rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion de la Ville de 2011 à 2016 qui ont visiblement échauffé les esprits.
De fait, les magistrats n’ont pas été tendres sur la manière dont les deux exécutifs concernés par l’audit (celui de Michel Destot puis d’Eric Piolle), ont tenu les cordons de la bourse. En réponse aux recommandations de la Chambre, la majorité a présenté lors du conseil son plan d’actions… aussitôt critiqué par les oppositions. De son côté, la majorité a passablement agacé le groupe Ensemble à gauche, constitué de Bernardette Finot-Richard et Guy Tuscher, en ignorant ouvertement leurs questions.
L’expression « politique bêtasse » provoque une suspension de séance
La tension est encore montée d’un cran, lorsque Guy Tuscher s’est entendu assimilé à Trump et à l’extrême droite par Maud Tavel, adjointe aux ressources humaines et patrimoine. Exaspéré par ces accusations, l’ancien colistier de la majorité a alors accusé Maud Tavel de faire de la « politique bêtasse ».
Une expression peu sympathique, familière certes, mais loin d’être injurieuse, étant entendu que « bêtasse » qualifiait la « politique » de la majorité.
Apparemment, les élus de la majorité ont, eux, compris – ou voulu comprendre – que la qualificatif de « bêtasse » se rapportait à la personne de l’adjointe…
À croire que toutes les oreilles n’étaient pas branchées sur le même canal, un membre du cabinet de la majorité a prétendu, scandalisé, avoir entendu l’adjectif « pétasse », autrement plus injurieux.
« Politique bêtasse », insulte sexiste ?
À l’écoute de l’extrait, la confusion n’est guère possible. Si tant est que le doute se soit immiscé chez certains, il a vite été dissipé par Guy Tuscher. Ahuri devant la réaction qu’il avait provoquée, ce dernier a répété ce qu’il avait dit, à savoir que c’était bien la politique qu’il avait qualifié de bêtasse et non l’élue. Peine perdue : le maire Eric Piolle a demandé sur le champ une suspension de séance.
Quelques instants après la suspension de séance, de retour dans le conseil, l’adjointe Maud Tavel a exigé des excuses de la part de l’opposant. Yann Mongaburu, conseiller municipal délégué Intercommunalité, y est allé de son couplet. Et d’accuser l’opposant d’Ensemble à gauche d’avoir proféré « des propos sexistes » à l’encontre de sa consœur.
Intervention sincère… ou manœuvre pour jeter l’opprobre sur des opposants poils à gratter, devenus très irritants ? D’aucuns pourraient aussi voir dans cette épisode quelque peu monté en épingle une occasion pour la majorité de faire diversion et ne pas répondre aux questions qui fâchent.
Le « ces cons-là » d’Élisa Martin passe comme une lettre à la poste
Force est de constater qu’au sein du conseil municipal de Grenoble, les insultes peuvent être, par ailleurs, parfaitement tolérées. Tout dépend de qui elles émanent… En effet, plus tard dans la soirée, au cours du conseil municipal, Élisa Martin, première adjointe à la tranquillité publique, a eu un mouvement d’humeur à l’encontre du groupe Ensemble à gauche : « Qu’ils s’abstiennent, on s’en fout. Ils commencent à me gonfler ces cons-là ! »
À sa décharge, l’injure n’a pas été prononcée dans le micro, mais guère plus loin (voir la vidéo ci-dessous à 1’15). Rompue à la prise de paroles, l’élue pouvait-elle ignorer que son micro était toujours ouvert ? Du reste, le “gros mot” a été parfaitement audible par tous.
Par contre, contrairement à l’épisode précédent, l’adjointe n’a pas eu à s’expliquer devant qui que ce soit. Le maire de Grenoble n’a pas relevé et le conseil municipal s’est poursuivi comme si de rien n’était. “Cons” ou “bétasse” : tous les noms d’oiseaux ne se valent visiblement pas en conseil municipal…
Séverine Cattiaux