DÉCRYPTAGE – Troisième épisode du dossier sur l’Islam dans l’agglomération. Place Gre'net se penche cette fois sur les lieux de culte musulmans du bassin grenoblois. Plus d'une vingtaine au total. Comment fonctionnent ces mosquées ou salles de prière de quartier ? Comment se financent-elles ? Un contrôle est-il exercé sur le discours des imams ? Petit tour d'horizon.
Il est midi et quart. La prière du vendredi commencera dans douze minutes très précisément au Centre culturel musulman de Grenoble (CCMG), 8 rue Lazare-Carnot.
Les fidèles, quasi-exclusivement des hommes, passent la porte et s’installent, dans la salle principale d’abord, puis dans l’entrée.
L’imam Abdenacer Zitouni, membre du Conseil des imams de l’Isère (CII), assure le prêche tous les vendredis. Visage rond et barbe blanche, l'homme attend la fin de l'appel à la prière avant de lire son sermon sur un smartphone d’une voix calme.
Un prêche quasi-exclusivement en français
À l’exception de quelques versets du Coran, le prêche est prononcé uniquement en français. « Un choix pratique, indique Lotfi Makhlouf, président du CCMG, étant donné que le public est plutôt jeune et francophone. »
Hormis quelques chibanis (cheveux blancs, en arabe) au fond de la salle, la moyenne d’âge de l’assistance se situe en effet autour de la trentaine.
Pendant une dizaine de minutes, les fidèles s’inclinent et se prosternent en direction de La Mecque, rituel ponctué par la voix de l’imam récitant le Coran. Enfin, la centaine de personnes se lève. Sourires et saluts égayent les visages.
Quelques femmes, sortant de la petite salle située à l’étage, et des hommes massés dans la bibliothèque les rejoignent vers la sortie. Non sans s’être auparavant acquittés de l’aumône recueilli par l’imam.
Mosquées ou salles de prière ?
Situé en plein centre-ville à côté de la piscine municipale Jean Bron, le Centre culturel musulman de Grenoble n’est pas à proprement parler une mosquée, mais une salle de prière. « La différence est qu’une mosquée s’engage à être ouverte pour les cinq prières quotidiennes », détaille Lotfi Makhlouf.
Le CCMG étant plutôt un lieu de formation, avec du soutien scolaire, des cours d’arabe et une bibliothèque, il n’est ouvert que de 9 à 19 heures. Ce qui exclut, de fait, la première prière du matin, entre 5 et 6 heures, et les deux dernières du soir, au-delà de 20 heures.
Salles de prière ou mosquées, les lieux de culte ont bien souvent un statut associatif à but non lucratif. Ce sont la plupart du temps des “associations de loi 1901” ou plus rarement “de loi 1905”. Un statut qui offre quelques avantages fiscaux, mais limite l’objet à l’aspect cultuel. Sur la grosse vingtaine de lieux de culte dénombrés dans l'agglomération (cf. carte ci-dessous), seule la salle de prière Al-Nour, située dans un foyer Adoma (ex-Sonacotra) à Échirolles, n'a pas de statut légal.
Légende :
- Vert clair : mosquées essentiellement fréquentées par des populations d'origine maghrébine
- Vert foncé : mosquées salafistes ou présumées comme telles
- Rouge : mosquées essentiellement fréquentées par des populations d'origine turque
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