ENQUÊTE - L’union syndicale Solidaires Isère a publié une "alerte" à la préfecture, informant de "l’existence d’un danger grave et imminent pour plusieurs employés" du centre socio-culturel de Brignoud. En cause, un management "maltraitant" et une ambiance "clanique" qui pèseraient sur ce Syndicat intercommunal pour la gestion et l'animation du centre socioculturel des communes (Sicsoc). Des accusations infondées selon la direction.
"Un danger grave et imminent" pèserait, d’après l’union syndicale Solidaires Isère, sur le centre socio-culturel de Brignoud, ou Syndicat intercommunal pour la gestion et l'animation du centre socioculturel des communes (Sicsoc) de Froges et Villard-Bonnot, de son vrai nom.
L'union syndicale évoque un "climat social délétère qui provoque la désagrégation du collectif de travail et la dégradation de la qualité de service ». Pour le syndicat, "les salariés sont soumis à une organisation interne clanique, où cohabitent le clientélisme et la stigmatisation" ainsi qu’à "un management maltraitant ».
Le communiqué de Solidaires Isère fait notamment état "d’une employée malmenée par la directrice du centre dans le bureau de cette dernière. […] L’employée a subi un choc et est, depuis, en arrêt de travail ». Jugeant la situation grave, le syndicat a lancé une alerte pour danger grave et imminent et l'union interprofessionnelle Solidaires Isère a dans la foulée saisi le préfet.
Bien loin a priori donc du "lieu d’échanges et d’écoute pour tous en prônant les valeurs de tolérance, de solidarité et d’égalité" que met en avant le site du centre socio-culturel. Ce lieu d'accueil et d'animations venant en aide aux parents et destiné à promouvoir l'entraide entre habitants serait-il cet enfer décrit par Solidaires Isère ? Nous avons voulu en savoir davantage.
"Ça va très mal se passer pour toi si tu continues à me parler"
Afin d'avoir plus d'éléments sur cette altercation, nous avons rencontré l’employée concernée, en arrêt maladie suite à un accident du travail. Après avoir hésité à nous répondre, elle a accepté de témoigner. Coordinatrice depuis dix-neuf ans au sein du centre, l’employée déclare être allée voir la directrice "pour demander une information à propos d’une action qui se déroulerait trois jours plus tard ». D'après elle, "son discours était violent, agressif ».
"Elle me reprochait des événements s’étant déroulés il y a six mois et me faisait sentir le rapport hiérarchique. Je me souviens par cœur de la phrase qu’elle m'a dite : “Ça va très mal se passer pour toi si tu continues à me parler” ». "Le comportement que la directrice a eu est incompréhensible, raconte-t-elle. Des collègues ont entendu des cris. Ils ont refusé de témoigner par peur de représailles."
Et celle-ci d'évoquer des problèmes dans le management des équipes, des ordres et contrordres à répétition source de stress, l’isolement de certains salariés mais aussi des inégalités de traitement. « Certains ont toute latitude pour aménager leurs horaires, d’autres non », explique-t-elle. « Mes horaires ont changé, or je vis à 50 kilomètres du Sicsoc. Si j’arrive en retard, on refuse de le rattraper, alors qu’à d’autres, cette faveur est accordée. »
Pour la directrice, le problème vient d'ailleurs
Comment expliquer tout d'abord que six agents territoriaux sur 36 soient actuellement en arrêt maladie ? "Le cinquième arrêt n'est pas statué et le sixième n'est pas reconnu », rétablit Karine Reboul, directrice du Sicsoc de Brignoud.
Pour elle, trois éléments expliqueraient ce climat anxiogène. À commencer par les travaux de remise aux normes du Sicsoc : désamiantage du bâtiment, mise au norme électrique, rafraîchissement des peintures et mise en accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. "Il y a eu du bruit et de la poussière. Il faut tout mettre en carton, aller à la déchetterie. Cela a généré de la fatigue », affirme-t-elle.
L’autre facteur d’anxiété, selon elle, a été le dispositif de prévention des risques psycho-sociaux qui a duré de décembre 2017 à février 2018. "Les employés s’attendaient à des entretiens individuels, alors qu’ils ont eu des entretiens collectifs avec la présence du responsable hiérarchique », explique-t-elle. Mais pourquoi Karine Reboul a-t-elle assisté à ces entretiens ?
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