EN BREF – Les consultations citoyennes promettent d’ouvrir le débat sur l’Europe. Le dispositif permettra-t-il de recoller les morceaux à un an des élections européennes ? À Grenoble, le premier dialogue citoyen organisé le 17 mai dans le cadre de la Quinzaine de l’Europe portera sur le traité international de libre-échange. Autour de la table, le sénateur de Haute-Savoie Loïc Hervé, candidat aux Européennes en 2009 mais aussi Eric Piolle, le maire de Grenoble. La campagne est ouverte ?
À un an des élections, l’Europe s’ouvre au débat. Depuis le mois d’avril, de nombreuses villes en France et en Europe* organisent des consultations citoyennes. À Grenoble, la première se tiendra le 17 mai à 18 h 30 à l’auditorium du musée de Grenoble. La seconde est prévue en septembre.
Objectif, au travers de plusieurs tables rondes et thématiques : continuer à sensibiliser aux questions européennes et, surtout, recréer du lien dans un contexte tendu : crise à la Commission Junker, défiance du parlement européen, Brexit, montée des extrêmes droites… Sans parler de la recomposition du paysage politique.
À quoi serviront ces consultations citoyennes ? Officiellement, à créer le débat mais aussi à faire remonter des propositions. Les conclusions de cette vaste consultation seront publiées sur le site quelleestvotreeurope.fr, avant d’être débattues entre chefs d’État et de gouvernement lors du Conseil européen en décembre prochain.
« Il est fondamental qu’il y ait une appropriation des citoyens »
L’Europe à un tournant ? Il semble en tout cas urgent de recoller les morceaux. Les consultations citoyennes y parviendront-elles ? À Grenoble, l’université populaire européenne et la section Isère du mouvement européen, qui ont scellé un partenariat au travers de la signature d’une convention, sont convaincues de la nécessité de poursuivre et d’amplifier le débat.
La Ville de Grenoble aussi qui, depuis une dizaine d’années, organise chaque année une semaine, une quinzaine ou un mois dédié à l’Europe.
En 2018, cette quinzaine se tiendra du 14 au 31 mai, avec quelques moments phares comme la journée de l’Europe, le 15 mai, et un focus sur la Roumanie. Ou la conférence sur la Hongrie avec la présence de son ambassadeur en France le 22 mai. Ou bien encore des rencontres et débats sur les migrations le 24 mai. Une animation interactive sur le thème du voyage sera par ailleurs installée du 15 au 17 mai devant la Maison de l’international.
Grenoble investie ? Certes. Europhile ? « Nous ne sommes pas des europhiles au pays des Bisounours », se défend Philippe Gonnet, le président du Mouvement européen Isère. « À un an des élections européennes, il est fondamental qu’il y ait une appropriation des citoyens. Il ne s’agit pas d’un débat électoral mais d’un débat de dialogue sur l’Europe avant que ne commence le débat électoral. »
Un premier dialogue citoyen sur le traité international de libre-échange
« Les défenseurs de l’Europe n’osent pas s’exprimer », souligne Henri Oberdorff, le président de l’Université populaire européenne de Grenoble qui, depuis des années, entre conférences, notes de lecture, cours et chroniques radiophoniques sur RCF-Isère, s’emploie à parler de l’Europe. « Il est plus facile de dénigrer l’Europe que de la valoriser. »
Le 17 mai, c’est sur le thème du Ceta que s’ouvrira le débat à Grenoble : « Le Ceta, l’Union européenne, le Canada et moi ? » Autour de la table pour débattre de la question du traité international de libre-échange ? Le sénateur de Haute-Savoie, Loïc Hervé, candidat aux élections européennes en 2009, Édouard Bourcieu, représentant de la Commission européenne en France et en Belgique pour les questions commerciales, mais aussi le maire de Grenoble. Le 21 septembre dernier, Eric Piolle avait d’ailleurs cosigné une tribune dans Libération dénonçant les lacunes du Ceta.
« L’Europe doit rassembler les Européens, ceux qui croient au projet européen, souligne Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale à la ville de Grenoble, notamment délégué à l’Europe. Mais l’Europe doit aussi être au cœur du débat contradictoire. »
Si le débat électoral n’a pas commencé, les grandes manœuvres, elles, se poursuivent. À deux ans d’une autre échéance, les municipales…
Patricia Cerinsek
* Vingt-six États-membres organisent ces consultations citoyennes (sans le Royaume-Uni et la Hongrie).