Le blocage de l'Institut de géographie Alpine, à Grenoble, le 02 mai 2018.

L’Institut d’ur­ba­nisme et de géo­gra­phie alpine de Grenoble blo­qué… puis déblo­qué suite à un vote étudiant

L’Institut d’ur­ba­nisme et de géo­gra­phie alpine de Grenoble blo­qué… puis déblo­qué suite à un vote étudiant

REPORTAGE – Suite à un vote réa­lisé lors d’une assem­blée géné­rale ce mer­credi 2 mai, le blo­cage de l’Institut d’ur­ba­nisme et de géo­gra­phie alpine de Grenoble (IUGA) réa­lisé le matin même a été levé dans la jour­née. Et ce alors même qu’une majo­rité de votants s’est décla­rée contre la loi Orientation et réus­site des étu­diants (Ore).

Le blocage de l'Institut de géographie Alpine, à Grenoble, le 02 mai 2018. © Léa Raymond - placegrenet.fr

Blocage de l’Institut de géo­gra­phie Alpine, à Grenoble, le 2 mai 2018. © Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

Environ 300 per­sonnes attendent ce mer­credi 2 mai devant l’entrée de l’Institut d’urbanisme et de géo­gra­phie alpine de Grenoble.

Des pou­belles et palettes empêchent l’accès au bâti­ment, dont le blo­cage a été voté lundi 30 avril en assem­blée générale.

Une situa­tion inédite pour l’établissement, qui avait néan­moins déjà connu un bar­rage fil­trant en 2007 lors des mani­fes­ta­tions contre les Contrats pre­mière embauche (CPE) du gou­ver­ne­ment de Dominique de Villepin.

« Pour voter, il faut être assis ! »

En cercle et assis par terre, les par­ti­ci­pants attendent le début des dis­cus­sions. Juliette, une étu­diante rodée à la tenue d’assemblées géné­rales monte sur deux tables dis­po­sées devant la grille pour se faire entendre. Elle expose notam­ment les consignes pour que l’AG se déroule serei­ne­ment : « Pour voter, il faut être assis ! »

Le blocage de l'Institut de géographie Alpine, à Grenoble, le 02 mai 2018. © Léa Raymond - placegrenet.fr

Devant l’Institut de géo­gra­phie Alpine, à Grenoble, le 2 mai 2018. © Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

Le ras­sem­ble­ment ayant lieu dans une rue pas­sante, « on n’applaudit pas, mais on secoue les mains » pour évi­ter tout bruit inutile, et on exprime son oppo­si­tion en dis­po­sant ses bras en croix. Pour l’at­tri­bu­tion de la parole, une liste “fémi­niste” est consti­tuée pour don­ner la prio­rité aux femmes.

Le blocage de l'Institut de géographie Alpine, à Grenoble, le 02 mai 2018. © Léa Raymond - placegrenet.fr

© Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

Premier point à l’ordre du jour : un rap­pel sur la loi Orientation et réus­site des étu­diants mise en place par le gou­ver­ne­ment. Juliette se fait la porte-parole des contestataires :

« 60 % des étu­diants n’effectuent pas leur licence nor­ma­le­ment en trois ans. On com­prend qu’il y a un pro­blème, mais on s’oppose à la sélec­tion. Les pré­re­quis qui vont être mis en place sont dis­cri­mi­na­toires. Des étu­diants qui auront eu la chance de voya­ger à l’étranger seront valo­ri­sés s’ils veulent s’inscrire en langues ».

Les mani­fes­tants regrettent un « ensei­gne­ment vu comme un coût et non un inves­tis­se­ment pour l’avenir ». Un dis­cours qui semble avoir l’aval de nom­breux mani­fes­tants qui s’autorisent à l’ap­plau­dir mal­gré les consignes. Jean-Loup, mili­tant de Solidarités étu­diant-e‑s, exprime son pro­jet : « Les luttes étu­diantes sont igno­rées pas la fac depuis octobre. Nous vou­lons qu’un réfé­ren­dum soit pro­posé pour la loi Ore. »

« Nous avons décidé de ne pas clas­ser les candidatures »

Jean-Christophe Dissart, direc­teur de l’IUGA, prend posi­tion sur la réforme de Parcoursup : « À l’issue des dif­fé­rentes réunions, nous avons décidé de ne pas clas­ser les can­di­da­tures. Auparavant, 150 étu­diants entraient en licence. Puisque nous dis­po­sons de 233 places dis­po­nibles, la sélec­tion n’avait pas lieu d’être ». Désormais, la loi Ore sup­pri­mant la hié­rar­chie des choix des futurs étu­diants, l’université doit exa­mi­ner les dos­siers de plus de 600 étudiants.

Blocage de l'Institut de géographie Alpine, à Grenoble, le 2 mai 2018. © Léa Raymond - placegrenet.fr

Jean-Christophe Dissart, direc­teur de l’IUGA, lors du blo­cage de l’Institut de géo­gra­phie Alpine, à Grenoble, le 2 mai 2018. © Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

« Le gou­ver­ne­ment ne nous donne pas les moyens de faire un clas­se­ment cor­rect des étu­diants, nous confie Sébastien Leroux, res­pon­sable des étu­diants en licence. Le nombre d’embauches par an dimi­nue alors que les effec­tifs d’étudiants ont aug­menté de 15 %. »

Autre ques­tion au cœur des débats : les exa­mens. Ceux qui devaient se dérou­ler ce mer­credi ont tous été annu­lés. Paule-Annick Davoine, pro­fes­seure, tient à ras­su­rer les étu­diants : « Nous trou­ve­rons la solu­tion idéale pour tous. Les ensei­gnants vont se concer­ter et nous allons rete­nir une pro­po­si­tion. »

Un revi­re­ment du débat que regrettent les par­ti­sans du blo­cage : « On n’est pas là pour de l’individuel, ce n’est pas juste une ques­tion d’examens. Il faut pen­ser col­lec­tif », affirme l’un d’entre eux. Quand un autre explique : « On bloque pour sen­si­bi­li­ser. On est ici au milieu des quar­tiers popu­laires à La Bruyère. Ce sont eux qui seront les pre­miers concer­nés. »

Un blo­cage pour pro­po­ser des alternatives

A l’oc­ca­sion de ce blo­cage, des cours alter­na­tifs ont vu le jour. Avec, par exemple le matin même, une dis­cus­sion entre des étu­diants et l’en­sei­gnante Kirsten Koop sur les stra­té­gies et moda­li­tés de la lutte citoyenne en France en 2018.

Le blocage de l'Institut de géographie Alpine, à Grenoble, le 02 mai 2018. © Léa Raymond - placegrenet.fr

© Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

Interrogée sur ce cours, Kirsten Koop note un cer­tain pes­si­misme chez les étu­diants qui ont pris part à la dis­cus­sion : « On a constaté col­lec­ti­ve­ment un manque de vision au long terme, de leviers pour chan­ger. Que ce soit à tra­vers la poli­tique ou à l’échelle indi­vi­duelle et col­lec­tive, les syn­di­cats perdent leur pou­voir. »

Et d’a­jou­ter : « Face à ce constat, nous avons essayé de pas­ser de la dys­to­pie à l’utopie en pro­po­sant des solu­tions à diverses échelles pour agir col­lec­ti­ve­ment comme indi­vi­duel­le­ment, en étant conscient de ses propres valeurs. »

Durant l’après-midi, Sébastien Leroux a, lui, pro­posé un cours sur l’écriture inclu­sive. Une confé­rence por­tait éga­le­ment sur la fron­tière sud-alpine. Entre thé­ma­tiques fémi­niste, migra­toire et d’ap­pren­tis­sage à la lutte citoyenne, le pro­gramme se vou­lait diversifié.

Au final, lors du vote clô­tu­rant l’AG, 165 per­sonnes ont voté contre le main­tien du blo­cage et 78 pour, sur 275 par­ti­ci­pants. Dans le même temps, 200 per­sonnes se sont décla­rées contre la loi Ore lors du vote à main levée.

Le blocage de l'Institut de géographie Alpine, à Grenoble, le 02 mai 2018. © Léa Raymond - placegrenet.fr

275 par­ti­ci­pants se sont expri­més lors de l’AG devant l’Institut de géo­gra­phie Alpine, à Grenoble, le 2 mai 2018.
© Léa Raymond – pla​ce​gre​net​.fr

Un étu­diant pro-blo­cage res­tait néan­moins posi­tif : « Grâce au blo­cus, nous avons tout de même réussi à sen­si­bi­li­ser des gens. » Tandis qu’un autre se mon­trait ras­suré : « Cela n’avait pas d’impact de blo­quer cette fac. Elle est délo­ca­li­sée et loin du cam­pus. J’ai 23 ans, je suis en deuxième année de licence, la prio­rité pour moi, c’est mes exa­mens. »

Un blo­cage ter­miné, donc, mais la contes­ta­tion conti­nue. La majo­rité a en effet voté pour que les étu­diants puissent dis­po­ser d’un lieu pour conti­nuer à débattre et à se mobiliser.

Édouard Merlo

EM

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