FIL INFO – Le plateau du Vercors, notamment sa partie drômoise, intéresse de plus en plus les industriels de l’éolien. Un projet au col de la Bataille hérisse particulièrement les habitants et la Ligue de protection des oiseaux. Car le secteur est un couloir migratoire unique en France.
Alors que les projets d’éolien fleurissent sur plateau du Vercors, l’un d’eux cristallise les mécontentements des habitants du coin, à Léoncel dans la Drôme, à deux pas du col de la Bataille.
Dans une pétition adressée au préfet de la Drôme et au maire de la commune, les quatre mille signataires sont “vent debout” contre le projet du groupe RES. Celui-ci vise en effet à installer six à dix éoliennes « dans un espace naturel aussi sensible que cette forêt authentique de Léoncel qui héberge de nombreuses espèces animales et végétales », soulignent-ils.
Et ils ne sont pas les seuls à le dire. La Ligue de protection des oiseaux de la Drôme est tout aussi remontée contre le projet. Car le col de la Bataille est un des plus hauts lieux de la biodiversité dans la Drôme. Un couloir de migration majeur pour de nombreuses espèces, notamment pour les chauve-souris et les oiseaux.
Quatre cents minioptères de Schreibers au col de la Bataille
En plus des deux couples d’aigles royaux, la LPO a en 2017 dénombré quatre cents minioptères de Schreibers au col de la Bataille. Le secteur est d’ailleurs le seul suivi au niveau national par les spécialistes des chauves-souris. « Ce chiroptère est l’un des plus vulnérables parmi les 28 espèces de chauve-souris identifiées par la LPO Drôme sur le secteur, souligne l’association. Il est aussi très sensible à l’éolien car il se déplace beaucoup et chasse en altitude. »
Et il y a aussi les hirondelles qui passent dans le coin : 125 000 individus dénombrés en 2014. « Ce projet met donc en péril à la fois de nombreuses espèces menacées mais aussi un couloir migratoire unique en France, souligne la LPO. Il est en effet essentiel de comprendre que, dans certaines situations, l’éolien peut présenter des menaces majeures pour la biodiversité. »
L’association demande au groupe RES d’abandonner son projet sur ce secteur et à l’État de prendre en main la concertation territoriale. Plusieurs opérateurs privés ont en effet déjà démarché les maires du plateau du Vercors, notamment dans la partie drômoise, pour installer des mats sur leur commune.
PC