FOCUS – Depuis le 1er janvier 2018, la Métropole exerce sa nouvelle compétence – obligatoire – de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (Gemapi). Objectif : améliorer la prévention des risques de submersion et la protection des biens et des personnes. Un défi sur ce territoire très sensible puisque traversé par trois cours d’eau majeurs : le Drac, l’Isère et la Romanche.
« Nous n’aurions pas de métropole telle qu’elle est aujourd’hui s’il n’y avait pas eu dans le passé nos pairs qui aient compris qu’il fallait domestiquer nos rivières pour que nous puissions y développer l’activité que nous connaissons aujourd’hui », rappelle Christophe Ferrari, le président de la Métropole.
Des propos tenus par l’élu, mardi 13 février, lors de la présentation de la compétence Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi) transférée* par l’État à la Métropole le 1er janvier 2018.
Une entrée en matière suivie d’une visite sur le terrain des travaux d’aménagements destinés à prévenir les inondations, en lien avec le Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’Isère (Symbhi). Car le territoire métropolitain, traversé par l’Isère, le Drac et la Romanche et ceint par des massifs montagneux aux contreforts marqués « a été et reste sensible aux risques d’inondations ». Il a même connu de très nombreux épisodes de crues au cours des siècles.
Un territoire en proie à de récentes inondations
Encore tout récemment, d’importants événements climatiques ont rappelé du 26 décembre au 4 janvier 2018 l’acuité des risques d’inondation et de leurs conséquences sur les personnes et les biens.
Nos anciens – qui avaient bien perçu la nécessité de pouvoir se défendre contre les cours d’eau qui traversent le territoire – avaient créé de nombreuses digues et autres ouvrages de protection.
Leur entretien et leur amélioration relèvent désormais de la compétence Gemapi (cf. encadré) gérée par le Symbhi. Une nouvelle prérogative dévoilée lors du conseil métropolitain du 29 septembre 2017 que Christophe Ferrari nous présente :
Un budget d’environ sept millions d’euros par an
La Métropole hérite ainsi de nouvelles responsabilités : la surveillance et l’entretien, ainsi que le renforcement et la réhabilitation des 134 kilomètres de digues, qui protègent 149 000 personnes occupant 120 000 emplois.
Elle compte aussi définir les systèmes d’endiguement et leur niveau de protection, réaliser des études pour réhabiliter les digues du Drac et de la Romanche, ou bien encore refondre quatre postes de crues sur les Drac et Isère. Des projets qu’il va bien falloir financer.
Cette prise de compétence Gemapi représente un budget d’environ 7 millions d’euros par an sur 2018 – 2020, dont 3 affectés aux nouvelles dépenses. Au total, 2,7 millions d’euros seront consacrés au fonctionnement en 2018 et 3 en 2019. L’investissement sera, lui doté de 4,1 millions d’euros en 2018, 3,8 en 2019 et de 4,1 millions d’euros en 2020.
Quid de la répartition des 2,5 millions d’euros de la taxe Gemapi qui sera créée et levée en 2018 par les services fiscaux ? Ils seront distribués entre les personnes physiques et morales s’acquittant de la taxe foncière, de la taxe d’habitation ou de la cotisation foncière des entreprises (CFE).
« Ce montant a été défini avec la volonté de modérer autant que possible la contribution des ménages et des entreprises », affirme la Métropole. Qui précise que « la moitié des nouvelles dépenses sera financée par le recours à l’emprunt à hauteur de 500 000 euros ».
Redonner de l’espace à l’Isère
« Nous sommes ici sur la première tranche de l’opération Isère Amont qui protège directement la métropole », décrit Fabien Mulyk, président du Symbhi, alors que nous cheminons le long des enrochements qui confortent les digues de l’Isère aux abords d’Athanor.
Des travaux d’un coût de plus de 53 millions d’euros, financés par l’État via l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, le département de l’Isère ainsi que par les collectivités territoriales dont la Métropole et la Communauté de communes du Grésivaudan.
Le Symbhi – outil de coopération entre collectivités – s’est vu confier dès 2012 Isère amont, un projet d’études et de travaux de 135 millions d’euros concernant vingt-neuf communes situées entre Pontcharra et Grenoble.
Les objectifs de ce programme ? Redonner de l’espace à l’Isère grâce à des champs d’inondation contrôlée (CIC), valoriser ses milieux naturels en permettant le franchissement des confluences par les poissons et en réhabilitant ses bras morts, forêts alluviales, gravières et corridors biologiques. Enfin, dernier objectif et non des moindres : développer l’attractivité des berges de l’Isère par des aménagements paysagers et de loisirs desservis par des parkings et des rampes d’accès.
Plus d’un milliard d’euros de dégâts à Grenoble en cas de crue majeure
La première tranche du projet Isère amont a plus particulièrement concerné les communes de Meylan, La Tronche et Grenoble en rive droite, tandis qu’en rive gauche le Symbhi s’est préoccupé de Domène, Murianette, Saint-Martin-d’Hères et de Grenoble. Prochainement, d’autres projets seront mis en route. Notamment sur le Drac dans sa traversée de l’agglomération grenobloise et sur la plaine de Bourg-d’Oisans qui protège les territoires en aval.
Pour Fabien Mulyk, cette première phase de travaux a permis à la métropole de bien supporter les aléas climatiques récents et tend à démontrer que le niveau de protection apporté a été optimal.
Reportage Joël Kermabon
« Nous allons pouvoir prévoir des inondations tout le long de la rivière Isère et de ses affluents, ce qui est primordial si l’on veut une protection optimale pour l’agglomération », se félicite le président du Symbhi. Prévenir plutôt que guérir. Une précaution qui prend tout son sens quand on sait qu’une crue très importante à Grenoble impliquerait, selon Fabien Mulyk, plus d’un milliard d’euros de dégâts !
Joël Kermabon
- * En vertu de la loi de Modernisation de l’action publique territoriale et affirmation des métropoles (Maptam)
Les milieux aquatiques dans la métropole : chiffres clés
La métropole grenobloise comporte :
675 kilomètres de cours d’eau
134 km de digues
2 200 hectares de zones humides
10 espaces naturels sensibles (sept communaux, un départemental et deux associatifs) 2 réserves naturelles, celle de Jarrie et des Isles du Drac.
Les quatre axes majeurs de la compétence Gemapi
La compétence Gemapi s’articule autour de quatre axes majeurs. L’aménagement du bassin ou d’une de ses fractions hydrographiques, l’entretien et l’aménagement des cours d’eau, la défense contre les inondations, et la restauration des sites, notamment les zones humides et boisée riveraines pour protéger les écosystèmes. Sans perdre de vue l’enjeu prioritaire : la protection des personnes et des biens « pour permettre ainsi la poursuite du développement du territoire métropolitain », assure la Métropole.