Le bureau de Poste Lionel Terray, scène d’une violente agression le samedi 6 janvier, est fermé depuis. Le syndicat Sud PTT accuse la direction de « laisser pourrir la situation » en refusant de créer des postes de vigiles ou de personnels… dans la perspective peut-être d’une fermeture définitive.
« La violence et le mépris », c’est ainsi que Sud PTT Isère décrit la situation du bureau de poste Lionel Terray à Grenoble, fermé au public depuis plus d’une semaine. Le samedi 6 janvier, le bureau a en effet été le théâtre d’une scène d’agression très violente. Un usager en a agressé un autre avant d’être maîtrisé par les agents, eux-mêmes victimes de coups de la part de l’individu.
Depuis, cinq postiers sont en arrêt de travail, la plupart pour des motifs psychologiques. Et La Poste a décidé de fermer l’accès au bureau du public, avec la possibilité toutefois de retirer colis ou recommandés.
Sud PTT demande des vigiles
Pour Sud PTT, qui décrit des insultes et des menaces fréquentes, la direction « laisse pourrir la situation ». « On a demandé des moyens, on a demandé des vigiles, et la Poste ne fait rien ! », s’indigne Jérémie Braconnier, membre du syndicat et secrétaire du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). « Ce que fait la direction, c’est mettre un vigile après une agression, quand cela se calme un peu, puis elle l’enlève. Et le remet, et l’enlève… », ajoute-t-il. En deux mois, quatre agressions ont ainsi eu lieu dans le bureau.
Le syndicat reproche également à la direction de La Poste de ne pas tenir ses engagements. « Le jour de cette agression, le 6 janvier, c’était le premier jour des prestations sociales. Et dans ce bureau, le premier jour des prestations sociales est un jour d’affluence très importante. La direction s’était engagée à mettre un vigile chaque début de mois pendant une semaine, et ce jour-là il n’y en avait pas. Et elle nie cet engagement ! », assure Jérémie Braconnier.
La Poste confirme de son côté avoir, à plusieurs reprises, mis en place des surveillances de vigiles dans certains bureaux, sur les demandes des CHSCT. La direction régionale explique par ailleurs constater une recrudescence des incivilités depuis plusieurs mois. Sans toutefois établir de lien entre ces incivilités et les jours de versement des prestations sociales. « Rien ne permet d’établir un lien de cause à effet », insiste-t-on.
Une fermeture définitive ?
Sud PTT redoute surtout une fermeture définitive du bureau Lionel Terray, dans la foulée des fermetures ou réaménagements annoncés pour la ville de Grenoble. « La Poste ne veut pas mettre de moyens… et la bonne excuse, c’est la sécurité des agents », nous dit le syndicaliste. Une stratégie avérée ? « C’est difficile à dire, mais on a vraiment ce ressenti-là ». De son côté, la direction dément formellement : la fermeture de Lionel Terray n’est absolument pas en projet, nous assure-t-on.
Le syndicat n’en diffuse pas moins un communiqué pour « s’opposer fermement à la fermeture du bureau ». Et pour exiger « des moyens supplémentaires pour assurer la sécurité des agents et des clients, ainsi qu’un service public de qualité ». Et une rencontre entre La Poste, la municipalité, les associations de quartiers et les représentants du personnel pour discuter du cas précis du bureau de poste Lionel Terray, à l’image de ce qui s’est passé dans la ville de Stains.
FM
LA MOBILISATION CONTRE LES FERMETURES SE POURSUIT
La mobilisation se poursuit autour de la fermeture possible ou probable de plusieurs bureaux de poste sur Grenoble. Le collectif J’aime ma Poste à Grenoble lance ainsi un appel en ligne contre la fermeture de ces bureaux, en rappelant la situation : le bureau du quartier Île verte serait maintenu pour assurer uniquement les services financiers, l’incertitude demeure sur celui de Grand Place, les bureaux de Stalingrad, Eaux claires et Bajatière sont en étude, et celui de Championnet est voué à fermer.
Parmi les signataires de l’appel, des partis politiques tels que la France insoumise, le NPA ou le PCF, ainsi que les syndicats CGT ou Solidaires ou encore les unions de quartier. De même que différentes figures politiques locales, dont les maires de Saint-Martin-d’Hères David Queyros et d’Échirolles Renzo Sulli, les conseillers municipaux de Grenoble Pascal Clouaire ou Maryvonne Boileau, ainsi que de nombreux autres élus.
Le Collectif J’aime ma poste à Grenoble organise enfin une nouvelle réunion publique contre la fermeture des bureaux, le jeudi 18 janvier à 18 h 30 à la salle polyvalente Île Verte, rue Blanche Monnier. Objectif ? « Faire le point sur la situation, et échanger pour décider ensemble des actions à venir ».