Les danseurs sur glace Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont remporté les Internationaux de France de patinage à Grenoble. ©Yuliya Ruzhechka - Place Gre'net

Gabriella Papadakis – Guillaume Cizeron : « Nous sommes chan­ceux de nous être trouvés »

Gabriella Papadakis – Guillaume Cizeron : « Nous sommes chan­ceux de nous être trouvés »

ENTRETIEN – Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont confirmé qu’on pour­rait comp­ter sur eux pour ten­ter de décro­cher l’or olym­pique, en Corée du Sud, dans trois mois. Les dan­seurs sur glace fran­çais ont lar­ge­ment dominé les Internationaux de France de pati­nage à la pati­noire Polesud en bat­tant au pas­sage leur record du monde. Samedi 18 novembre, deux heures après leur per­for­mance, les Clermontois, dont l’al­chi­mie semble par­faite sur la glace, saluaient l’ap­port du public grenoblois.

Place Gre’net – Que repré­sente cette vic­toire aux Internationaux de France de pati­nage devant le public fran­çais pour vous qui vous entraî­nez au Canada ? 

Gabriella Papadakis – Cela fait plai­sir de ren­trer [en France, ndlr] parce que nous n’avons pas l’occasion de le faire très sou­vent. Être dans une com­pé­ti­tion, un évé­ne­ment où nous avons tout le public der­rière nous, cela fait vrai­ment la dif­fé­rence et c’est très agréable.

Internationaux de France de patinage 2017. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre’net

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont brillé à la pati­noire Polesud en rem­por­tant les Internationaux de France de pati­nage et en amé­lio­rant leur record du monde. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Guillaume Cizeron – C’était vrai­ment une super bonne expé­rience. Le public nous a vrai­ment sou­te­nus du début à la fin. L’organisation était très bonne, la glace aussi. Nous aurons de très bons sou­ve­nirs de cette compétition.

Le record du monde ? « Ce qui a fait la dif­fé­rence, c’est la confiance après notre très bon score en Chine et la moti­va­tion de faire la com­pé­ti­tion en France »

Ces ondes posi­tives vous ont-elles aidés à vous trans­cen­der pour amé­lio­rer votre record du monde ?

Internationaux de France de patinage 2017. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre’net

Les Français comptent de nom­breux sup­por­teurs. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

G.P. – Nous n’avons pas beau­coup eu l’occasion de tra­vailler entre la Chine [le 4 novembre où ils avaient éta­bli leur pré­cé­dent record, ndlr] et Grenoble : seule­ment une semaine. Je pense que ce qui a fait la dif­fé­rence et nous a per­mis d’obtenir plus de points [201,88], c’est la confiance que nous avons eue en réa­li­sant un très bon score en Chine, mais aussi la moti­va­tion de faire la com­pé­ti­tion en France.

Pourquoi avez-vous fait le choix de par­tir au Canada en 2014 ? Aviez-vous envie de voir autre chose ? Ou les condi­tions n’étaient-elles pas toutes réunies en France pour vous ame­ner au plus haut niveau ?

G.C. – C’est vrai qu’il y a de meilleures condi­tions au Canada parce que le sport est plus popu­laire, il y a plus d’argent, etc. Mais c’est notre coach Romain Haguenauer, avec qui nous nous entraî­nions depuis deux ans à Lyon, qui a décidé de par­tir là-bas pour entraî­ner avec Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon. Nous avons décidé de le suivre. Le pro­jet nous a plu.

Nous avions fait cette année-là notre cho­ré­gra­phie avec Marie-France et Patrice. Cela a vrai­ment collé dès le début. Une sorte d’alchimie s’est créée. Du coup, nous n’avons pas trop hésité. Cela s’est fait assez sim­ple­ment, rapi­de­ment et pour le mieux. Cela nous a fait gran­dir de par­tir, apporté pas mal de choses, pro­tégé de cer­taines, per­mis de nous concen­trer sur notre carrière.

« Nous essayons d’a­mé­lio­rer d’améliorer la popu­la­rité de la danse sur glace

et de la rendre agréable à regar­der pour des jeunes »

Passer d’un pro­gramme court sur la musique pop d’Ed Sheeran “Shape of you” à la Sonate au clair de lune de Beethoven sur le libre, est-ce un grand écart voulu ?

Internationaux de France de patinage 2017. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre’net

Papadakis-Cizeron peuvent être satis­faits de leur per­for­mance à Grenoble. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

G.C. – Nous essayons de répondre aux attentes de la “short dance” [danse courte, ndlr]. C’est ce choix-là qui est venu. C’est vrai que c’est un gros contraste avec la danse libre mais cela ne nous dérange pas. Au contraire, nous aimons ce contraste-là. Nous avons beau­coup de plai­sir à dan­ser sur la danse courte. La danse libre concerne plus la poé­sie, le lyrisme. Cela se complète.

[…] Sur la danse courte, nous sommes pas mal dans les codes, c’est une musique très popu­laire et moderne aujourd’hui mais tous les juges appré­cient ce choix. Je pense que c’est aussi la direc­tion de la danse sur glace. Nous essayons d’améliorer la popu­la­rité du sport et de la rendre agréable à regar­der pour des jeunes, du public qui serait un peu néophyte.

À trois mois des JO de Pyeongchang, tous les voyants semblent au vert pour vous. Qu’est-ce qui pour­rait vous empê­cher d’aller cher­cher cette médaille d’or olympique ?

G.P. – Nous allons essayer de ne pas y pen­ser (rires). Nous nous concen­trons sur­tout sur ce qui nous fera aller cher­cher cet or olym­pique. Ça, c’est le tra­vail, l’amélioration constante.

Vous avez un pro­gramme de com­pé­ti­tions tota­le­ment dif­fé­rent de vos prin­ci­paux concur­rents les Canadiens Virtue-Moir. Est-ce une simple coïn­ci­dence ou une volonté de votre part, ou de la leur, de vous éviter ?

G.P. – Cela s’est trouvé comme ça que nous n’avions pas de com­pé­ti­tions les uns contre les autres avant la finale [du Grand Prix ISU, au Japon, du 7 au 10 décembre, ndlr]. C’est bien, cela nous a per­mis de “per­for­mer” sans ce stress-là, de prendre de la confiance en nous.

Au niveau des pro­grammes, nous fai­sons cha­cun ce que nous vou­lons et sommes bons. C’est dif­fé­rent mais c’est comme ça.

Internationaux de France de patinage 2017. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre’net

Les dan­seurs sur glace fran­çais ont tous les atouts pour décro­cher l’or olym­pique dans trois mois en Corée du Sud. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

Que repré­sen­te­rait un titre olym­pique pour vous, le seul qui manque à votre pal­ma­rès, à l’occasion de vos pre­miers JO ?

G.C. – Ce serait une grande fierté pour nous. Cela repré­sente beau­coup de tra­vail. C’est aussi tout le che­min pour y arri­ver qui est inté­res­sant. Nous ne fai­sons pas ça juste pour les JO mais parce que nous aimons nous entraî­ner et ce que nous faisons.

C’est sûr qu’il y a beau­coup plus d’attention que sur une année “nor­male” [sans les Jeux, ndlr]. Cela inté­resse plus de monde. Il y a une atten­tion média­tique beau­coup plus impor­tante. Cela crée un peu plus de pres­sion. Mais nous essayons de gérer du mieux pos­sible et d’avancer petit à petit.

« Sur la glace, nous venons comme un tout. Notre expé­rience ensemble
crée une connexion assez par­ti­cu­lière et c’est ça que nous trans­met­tons aussi. »

Une vraie alchi­mie entre vous se dégage sur la glace. Êtes-vous très dif­fé­rents en dehors ?

G.P. – Nous avons grandi ensemble, c’est sûr que cela aide. Nous nous connais­sons par cœur. Nous sommes dif­fé­rents mais aussi com­plé­men­taires. Je pense que cela nous apporte beau­coup sur la glace.

Internationaux de France de patinage 2017. Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron. © Yuliya Ruzhechka - Place Gre’net

Se connais­sant depuis l’en­fance, il existe une vraie connexion entre eux sur la glace. © Yuliya Ruzhechka – Place Gre’net

G.C. – Nous avons des inté­rêts et un passé dif­fé­rents. Mais sur la glace, nous venons comme un tout. Notre expé­rience ensemble crée une connexion assez par­ti­cu­lière et c’est ça que nous trans­met­tons aussi. Nous sommes chan­ceux de nous être trou­vés et de pou­voir vivre toutes ces expé­riences ensemble.

G.P. – C’est une rela­tion qui est vrai­ment par­ti­cu­lière, une rela­tion de pati­neurs. Nous sommes tout le temps ensemble, nous tra­vaillons ensemble. Nous vivons beau­coup de stress ensemble, de bon­heur aussi. C’est ce chal­lenge qui fait par­tie du charme du sport en tout cas.

Propos recueillis par Laurent Genin

Laurent Genin

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