La cheffe du Département informatique de l’IUT2 de Grenoble Gaëlle Blanco-Lainé a pris sa plume pour s’adresser à la direction de France Inter et au médiateur de Radio France. Motif de son courroux ? Une chronique de Dominique Seux, dans laquelle le journaliste économique affirme que les formations en développement informatique n’existent pas dans l’enseignement public.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la cheffe du Département informatique de l’IUT2 de Grenoble, intégré à l’Université Grenoble-Alpes, n’a pas apprécié la chronique du lundi 6 novembre du journaliste économique Dominique Seux, dans l’émission matinale de France Inter.
Gaëlle Blanco-Lainé a même pris sa plume pour s’adresser au médiateur de Radio France, à l’équipe de l’émission, ainsi qu’à Jean-Marc Four, responsable du programme et directeur de la rédaction de France Inter. Elle a également pris soin, pour information, de diffuser une copie de son courrier en interne, qui n’a pas manqué d’être partagé au-delà.
Un chroniqueur enthousiasmé par Xavier Niel
Motif de sa colère ? Dans son éditorial du 6 novembre, Dominique Seux a évoqué avec enthousiasme l’école 42, créée par Xavier Niel, qui assure une formation privée en informatique. Un « Opni, objet pédagogique non identifié » attirant 50 000 candidats pour 900 places, tous postulant pour un cursus dont le diplôme n’est même pas reconnu par l’État, a précisé le journaliste.
« Le symbole d’un pari réussi lancé par un homme qui a mis 100 millions d’euros sur la table pour montrer la plasticité nécessaire, la capacité d’adaptation indispensable d’un système éducatif quand il existe des besoins nouveaux », a ajouté le chroniqueur, visiblement admiratif. Avant de lâcher la phrase qui fâche : « Si on était caustique, ce que je ne suis pas, on s’étonnerait que les milliers d’enseignants chercheurs de nos grandes université scientifiques n’aient jamais eu l’idée de lancer des formations en développement informatique. »
« Des allégations fallacieuses », répond Gaëlle Blanco-Lainé
Le problème, explique Gaëlle Blanco-Lainé, c’est que ces formations existent. « Il existe de nombreuses formations en informatique au sein des universités françaises et il est très dommageable qu’un chroniqueur de votre chaîne s’arroge le droit de limiter l’effort de formation à la seule école 42 », écrit-elle, dénonçant des « allégations fallacieuses et contraires au devoir d’information et d’exactitude ».
Et la responsable de détailler le domaine qu’elle connait le mieux, les départements informatiques des IUT : « Une formation en deux ans au métier de développeur informatique, 51 ans d’existence (créés en 1966) contre quatre ans pour l’école 42 (créée en 2013), 72 000 candidats à la rentrée 2017 en DUT*, 4 900 étudiants nouveaux chaque année en DUT […], des efforts constants en termes d’innovation pédagogique visant à mixer les modalités d’apprentissage afin d’améliorer la réussite des étudiants ».
Une cinquantaine de formations dans le secteur public à Grenoble
Gaëlle Blanco-Lainé évoque encore les autres formations en informatique au sein des universités. Et cite pour exemple « un projet de cartographie des formations en informatique sur le périmètre de l’académie de Grenoble » qui a conduit « à mettre autour de la table une cinquantaine de formations toutes du secteur public ! »
Pour la cheffe du Département informatique de l’IUT2, Dominique Seux se contente ainsi de « relayer la politique de communication et de marketing agressive de l’école 42 » sans avoir fait de recherches ni de vérifications. Et elle ajoute, sans doute un peu « caustique » à son tour : « Je ne doute pas que votre chaîne aura à cœur de rétablir très rapidement la réalité de l’offre de formation en informatique dans le cadre d’une enquête sérieuse et documentée. »
FM
* Diplômes universitaires de technologie.