REPORTAGE VIDÉO – Le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes, en lutte contre la fermeture envisagée de la ligne Grenoble-Gap, a organisé le simulacre festif d’un recrutement de chef de gare, à Grenoble, ce lundi 6 novembre. En cause ? La suppression encore non officielle de deux postes d’agents de circulation à la gare de Lus-la-Croix-Haute ainsi que la fin du croisement des trains dans cette même gare.
Ils devaient arriver à 16 h 41 à Grenoble mais, ironie du sort, c’est avec plus d’une heure de retard que le TER de la ligne Grenoble-Gap a fini par entrer en gare. Parmi les voyageurs, des membres du collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes en lutte contre la fermeture de cette ligne. Mais aussi des habitants, des usagers et des syndicalistes.
Sur le parvis, les attendaient d’autres manifestants : des représentants de l’Association pour le développement des transports en commun (ADTC), ainsi que quelques politiques dont Benjamin Trocmé, élu RCSE au Conseil départemental.
Un rassemblement festif pour une cause sérieuse
L’objet de ce rassemblement festif ? La lecture publique des lettres de motivations reçues par le collectif suite à son appel à candidature – symbolique – pour le recrutement d’un chef de gare à Lus-la-Croix-Haute. Après une première manifestation sur place le 14 octobre dernier, cette action symbolique entendait protester avec humour contre les suppressions annoncées de deux postes de chefs de gare et du croisement des trains.
Retour en images sur cette séquence.
Reportage Joël Kermabon
« Ça aura des conséquences sur l’ensemble de la ligne ferroviaire Grenoble-Gap »
Le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes lutte depuis trois ans contre la disparition de la gare de Lus-la-Croix-Haute et la menace de fermeture de la ligne fréquentée par plus de 1 000 voyageurs quotidiens. Ce d’autant plus que SNCF Réseau, engagée dans un plan de performance, entend supprimer deux postes d’agents de circulation – en l’occurrence des chefs de gare – d’ici le printemps 2018.
Autre motif d’inquiétude pour le collectif : la suppression du croisement des trains dans la petite gare. Laquelle dégradera, selon les manifestants, la ponctualité des trains et provoquera la lassitude des usagers.
En effet, le tronçon Grenoble-Veynes disposant d’une seule voie, les croisements ne peuvent avoir lieu que dans les gares où du personnel affecté à la circulation aiguille manuellement les trains. « Le problème c’est que si le croisement en gare de Lus-la-Croix-Haute fermait, ça aura des conséquences sur l’ensemble de ligne ferroviaire Grenoble – Gap, et nous craignons qu’à court ou moyen terme cela entraîne la fermeture progressive et finale de cette ligne à laquelle nous tenons », explique Lionel Perrin, le porte parole du collectif.
Un acharnement de la SNCF à vouloir supprimer la ligne ?
De là à voir un acharnement de la SNCF à vouloir fermer la ligne il n’y avait qu’un pas… que le collectif a allègrement franchi. De fait, la fin du croisement des trains n’est pas un fantasme. Le collectif s’appuie sur des documents internes.
« C’est plus que clair. Nous avons des documents internes notamment de discussions avec les syndicats. Nous savons qu’il y a bel et bien un projet de SNCF Réseaux de fermer le croisement en gare, même si la décision n’est pas encore définitivement prise », affirme Lionel Perrin.
Qui ne baisse pas les bras pour autant. « Nous continuerons à lutter tant que cette perspective sera à l’ordre du jour. Il y a déjà un prochain rendez-vous prévu pour le 25 novembre à Veynes », rappelle Lionel Perrin.
Cinquante millions d’euros nécessaires pour entretenir la ligne
Outre la SNCF, les départements des Hautes-Alpes et de l’Isère tout autant que la Région sont dans la ligne de mire du collectif. Plusieurs personnalités appartenant à ces collectivités avaient d’ailleurs été invitées – sans grande conviction – par le collectif. Au nombre d’entre elles : Laurent Wauquiez, le président de la Région, Éric Ménélot, directeur de l’Établissement infra-circulation Alpes de Chambéry, et Martine Guibert, vice-présidente de la Région déléguée aux transports. Bien sûr, aucune n’a répondu à l’appel de son nom, juste avant la lecture de quelques-unes des 36 lettres de candidatures reçues par le collectif.
Le collectif reproche aux deux départements concernés par la ligne ferroviaire leurs atermoiements , ceux-ci considérant qu’elle n’entre pas dans leurs priorités.
Quant à la Région, qui a lancé en 2016 son plan quinquennal de sauvegarde d’un montant de 120 millions d’euros pour améliorer les lignes ferroviaires, les manifestant déplorent n’en avoir pas encore constaté les effets. Tout au moins sur la ligne de montagne Grenoble-Gap, dont la remise en état nécessiterait pas moins de 50 millions d’euros d’investissements.
Ce qui n’a pas empêché les membres du collectif de réunir les lettres de motivation pour les envoyer à la SNCF à l’issue de la manifestation. Avant de reprendre le train de 18 h 10 qui, lui, n’était pas en retard…
Joël Kermabon