EN BREF – Syndicats et militants se sont donné rendez-vous devant le palais de justice de Grenoble mardi 8 novembre à 13 heures. Leur but ? Soutenir un ex-salarié de Faure Vercors, passant devant la Cour d’appel après un jugement prud’hommal favorable, et dénoncer les conditions de travail des salariés des entreprises de transport.
Des drapeaux de Solidaires Isère, de la CGT et quelques autocollants de la France insoumise… Militants et syndicalistes s’étaient donné rendez-vous devant le palais de justice de Grenoble ce mercredi 8 novembre à 13 heures. Un rassemblement en soutien à Julien Fouquet, ancien salarié de Faure Vercors, dont le jugement prud’hommal favorable passait en appel à 14 heures.
Les militants et syndicalistes entendent ainsi dénoncer ce qu’ils appellent une « précarisation volontaire » des employés de « nombreuses entreprises de transport ». C’est en effet contre ses conditions de travail jugées indignes et contraires à la Loi que Julien Fouquet a déposé une prise d’acte auprès de son employeur*.
Les Prud’hommes ont donné raison au salarié, mais Faure Vercors ne l’entend pas de cette oreille et a fait appel de la décision. La décision de la Cour d’appel ne devrait pas être rendue avant le mois de janvier 2018.
Impossible de s’organiser selon les salariés
Quels reproches Julien Fouquet adresse-t-il à l’entreprise ? Le non-respect du délai de prévenance de sept jours ouvrés, censé s’appliquer dans le cadre de la distribution des emplois du temps. Les salariés sont ainsi prévenu la veille de leur emploi du temps du lendemain, y compris pendant leur jour de congé. Depuis le départ du salarié, le délai a été rallongé… à l’avant-veille.
Pour Julien Fouquet, ce procédé n’est pas sans conséquences sur les salariés. Impossibilité de prévoir ses loisirs, sa vie sociale ou familiale à l’avance, « humiliation » de devoir négocier avec son employeur un jour plutôt qu’un autre pour pouvoir passer du temps avec ses enfants ou sa compagne. Devant les militants, l’ex-salarié décrit des collègues souvent célibataires ayant du mal à articuler leur vie autour d’un rythme convenable.
Des conditions de travail et d’emploi du temps qui, en outre, ne permettent pas aux salariés de pouvoir se rencontrer, s’organiser, voire mener ensemble des actions de revendication, note encore Julien Fouquet. Qui dénonce un « renforcement de l’infériorité face à la hiérarchie », tout en soulignant que de telles méthodes ne permettent pas d’assurer un travail de bonne qualité.
Piqûre de rappel pour les collectivités qui sous-traitent
Julien Fouquet n’a cependant aucune envie de porter le combat en son nom seul. C’est au niveau collectif que la lutte se dessine, affirme-t-il. Et au-delà du seul cas d’un homme, ce sont bien les conditions de travail de nombreux employés du secteur qui sont critiquées. Mais aussi le développement de modèles professionnels de type Uber, dans lesquels les salariés deviennent corvéables à merci, dénoncent les militants.
Le rassemblement visait également à interpeller les entreprises ou collectivités qui sous-traitent « sans se préoccuper des conditions de travail ». Dans le collimateur ? La Tag ou la SNCF, sans oublier le service Transisère du Conseil départemental ou le Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes. Ils étaient une quarantaine à manifester ainsi leur colère. Seront-ils entendus ?
Florent Mathieu
* Une prise d’acte est une rupture de contrat de travail motivée par un salarié sur la base de faits reprochés à l’employeur. Menant à une procédure judiciaire, elle est considérée comme une démission si la justice ne rend pas raison au salarié, et comme un licenciement sans cause réelle et sérieuse si la décision lui est favorable.