FOCUS – Lectura +, le nouveau « portail du patrimoine écrit et graphique régional », fait ses premiers pas… Coordonné par l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation, il permet la consultation de plus de 40 titres de presse ancienne et l’accès à plusieurs milliers d’images numérisées. Ce portail se tourne aussi résolument vers les modes d’expression contemporains en faisant appel à des vidéastes ou des auteurs.
Plus de 500 000 pages en ligne, 40 titres de presse ancienne, plusieurs milliers d’images numérisées… La région Auvergne-Rhône-Alpes bénéficie d’un nouveau « portail du patrimoine écrit et graphique régional », baptisé Lectura +. Son objectif ? Valoriser le fond patrimonial des bibliothèques de la région, tout en s’adressant à un large public à travers une plateforme dynamique.
Cela fait en réalité plusieurs mois que Lectura + est en ligne, sa date de lancement officiel remontant au 16 mai 2017. Mais son introduction au public se fait, elle, dans la durée et avec une certaine discrétion…
Ce n’est ainsi que quatre mois plus tard, en septembre, que ce « Lab numérique inédit », comme le définissent ses promoteurs, a bénéficié d’une présentation en bonne et due forme au sein de la Bibliothèque d’études et du patrimoine de Grenoble.
Petites histoires de la grande Histoire
Il est vrai que l’Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation (Arald), coordinatrice du nouveau portail, a du pain sur la planche : Lectura + est un projet collaboratif impliquant une dizaine de communes ou de collectivités. À savoir Annecy et son agglomération, Bourg-en-Bresse, Chambéry, Grenoble, Lyon, Roanne, Saint-Étienne et Valence.
Né de la fusion entre les sites Lectura et Mémoires et actualité, Lectura + est une vraie mine d’or pour les amoureux d’histoire régionale. Il permet d’accéder à des titres de presse ancienne, du début du XIXe siècle jusqu’à 1944. Par région, titres ou mots-clés, le mode de recherche se révèle très efficace.
Le lecteur curieux pourra ainsi découvrir le bel hommage rendu au défunt Hector Berlioz dans le numéro du 12 mars 1869 de L’Impartial Dauphinois. Ou la satisfaction d’un certain Georges Blanchon face à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 1936 en Allemagne : « L’État d’Adolf Hitler n’a reculé devant rien », écrit-il dans Le Petit Dauphinois. Ou encore, plus léger, une savoureuse histoire de maison hantée en Haute-Savoie, à Sallanches, dans Le Journal de la Savoie du 30 novembre 1862.
Booktubes et Flashbacks pour réinterpréter le patrimoine
Lectura + veut toutefois aller au-delà du seul accès aux collections patrimoniales. Qui dit « lab » dit “expérimentations”. Et le site veut faire appel aux « nouveaux médias numériques » pour mieux valoriser son contenu. « Booktubes du patrimoine » et « Flashbacks du patrimoine » offrent ainsi à des vidéastes ou à des auteurs contemporains l’occasion de livrer leurs visions des fonds patrimoniaux des bibliothèques, à travers des évocations décalées ou poétiques.
Pour la première saison des Booktubes, carte blanche a été donnée au collectif les Renards hâtifs, « passionné de littérature sous toutes ses coutures ». Dans une série de vidéos volontiers truculentes, les Montpelliérains explorent la Médiathèque de Bourg-en-Bresse pour y trouver des recettes anciennes, ou organisent une partie de jeu de société sur une carte dénichée à la médiathèque Jean-Jacques Rousseau de Chambéry.
Côté Flashbacks, des auteurs contemporains s’inspirent des fonds patrimoniaux d’une bibliothèque pour rédiger un texte inédit, lu et mis en ligne sous forme de fichier audio.
Des Indiens d’Amérique du Nord évoqués par Vivianne Perret à Un tout petit pichet en terre cuite d’Emmanuelle Pagano, les imaginations se font jour. Mais certains regretteront sans doute que les textes ne soient accessibles que dans leur version “audio”.
Aller au-delà du public habituel
Durant la présentation grenobloise du site, la conseillère municipale de Grenoble Marie-Madeleine Bouillon a insisté : « Il faut veiller à ce que les professionnels de la documentation, de l’éducation, de l’enseignement supérieur s’en emparent, se l’approprient… Qu’il ne soit pas réservé qu’au public de chercheurs, de généalogistes, d’amateurs de patrimoine écrit, mais que ces richesses aillent vers d’autres publics. »
Avec son interface résolument moderne, au risque d’être confuse, et ses variations artistiques sur le thème du patrimoine, Lectura + semble, en effet, à même d’aller au-delà de son public habituel, quitte à bousculer ce dernier. Et de permettre à chacun de se promener à travers l’Histoire et ses histoires, via des voix nouvelles ou des journaux depuis longtemps oubliés.