EN BREF – La campagne d’incitation au tri des déchets initiée par la Métro a du mal à passer. Une affiche cristallise les critiques : celle représentant une femme, souriante, enveloppée dans du film plastique, avec la mention « Tous les emballages se jettent dans la poubelle “je trie” ». Une communication qui a fait réagir jusqu’à la secrétaire d’État en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes…
« Le graphiste doit être fan de Dexter », s’amuse une internaute en commentant la campagne d’incitation au tri de Grenoble-Alpes Métropole. Il est vrai que le célèbre tueur en série de fiction aime à envelopper ses futures victimes à l’aide d’un puissant film plastique pour mieux les immobiliser. Soit, peu ou prou, ce qu’évoquent les affiches de la Métro.
Disposées sur des panneaux Decaux de la Métropole, celles-ci représentent des personnes, souriantes, prisonnières d’un filet de plastique. Le slogan ? « Jeter moins, trier plus, faire face ! Tous les emballages se jettent dans la poubelle “Je trie” ». Trois affiches distinctes ont été réalisées : une avec deux enfants, une avec un homme, et la dernière avec une femme.
« Hautement déplacé », juge la Secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes
Sans parler de déflagration, la campagne a produit ce qu’il convient d’appeler un bad buzz sur les réseaux sociaux, dont certains titres de presse nationaux se sont fait écho. Et elle n’a pas manqué de faire réagir au niveau politique. Le site de la droite Carignon Grenoble le changement a ainsi, tout naturellement, sauté sur l’occasion pour dénoncer une « com” sexiste, salissante coûteuse ».
Sur Facebook, le conseiller municipal d’opposition Jérôme Safar (Rassemblement de gauche et de progrès) n’a pas, non plus, trouvé la campagne à son goût : « Je pense que le service com n’a pas mesuré le caractère stupéfiant du visuel en question », écrit-il à un commentateur. Côté En marche, le député Olivier Véran ne mâche pas non plus ses mots sur Twitter.
On croirait un fake mais non, ça se passe bien à #Grenoble. Les bras m’en tombent. Rien à recycler dans cette campagne de mauvais goût. pic.twitter.com/Ak00tgbM1S
— Olivier Véran (@olivierveran) 28 septembre 2017
Point d’orgue de l’indignation, Marlène Schiappa, Secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes a jugé bon de prendre sa plume pour écrire au président de la Métro en personne, Christophe Ferrari.
« Emballer une femme dans du film plastique ne me semble pas du meilleur goût. […] À l’heure où je mène une campagne contre les violences faites aux femmes […], je tiens à vous dire que cette campagne me semble hautement déplacée. Son retrait serait apprécié », écrit-elle ainsi, dans son courrier rapporté ce 29 septembre au matin par nos confrères du Dauphiné libéré.
Certains internautes font remarquer que la secrétaire d’État ne semble en revanche pas s’émouvoir outre mesure de l’affiche représentant deux enfants empaquetés comme des produits de consommation. Sans même parler de sa version masculine. « C’est plus grave parce que c’est une femme ? Et l’étudiant emballé ? Et les 2 enfants ? », s’agace un utilisateur de Facebook.
La Métropole assume
Côté Métropole, la volonté est visiblement de clore la polémique. « Si la nouvelle campagne de communication métropolitaine a fait l’objet d’interprétations regrettables, il n’en demeure pas moins ce constat et l’urgence d’agir. Nous sommes prisonniers de nos déchets, voilà quel était le seul et unique message », écrit la Métro dans un communiqué. Ajoutant que « maintenant […] tout malentendu à ce propos est dissipé ». Ce que les linguistes décrivent comme la fonction conative du langage, lorsque le verbe est censé créer l’action…
Sur le portail “actualités” de Grenoble-Alpes Métropole, on prend le parti du verre à moitié plein. « Des indignations, des énervements, des encouragements, des enthousiasmes… La nouvelle campagne de tri des déchets de la Métropole ne passe pas inaperçue », titrent les rédacteurs. Ou, comme disait Andy Warhol, « n’importe quelle publicité est bonne publicité » ?
Si la Métro assume sa campagne d’affichage, quand bien même la forme semble avoir pris le pas sur le fond, elle a en revanche choisi de retirer les films plastique disposés sur différents monuments de Grenoble. Certains Grenoblois n’ont en effet pas apprécié de voir le Chevalier Bayard ou Hector Berlioz mis sous cellophane comme des produits de supermarché. Face aux susceptibilités, la Métro a ainsi préféré éviter… l’emballement.