Claude Jacquier reprend la plume. Après avoir adressé une lettre ouverte au vitriol au procureur de la République Jean-Yves Coquillat, le président-directeur-général de l’Observatoire des discriminations et des territoires interculturels (ODTI) enjoint les institutions responsables de « mettre un terme au trafic de drogue, à la prostitution et à la délinquance de mineur-es souvent étranger-es ».
Claude Jacquier désigne plus particulièrement la place Edmond Arnaud du quartier Très-Cloîtres de Grenoble, secteur où l’ODTI est situé. Et rappelle que son injonction survient « après des années de signalements et de plaintes restées sans suite (357 documents recensés entre 2004 et mai 2017) ». Il affirme notamment avoir identifié « des logements de l’ODTI appropriés par des dealers qui mettent sous pression leurs occupantes ».
Des coffee-shops quartier Très Cloîtres
Le courrier est cette fois adressé… au préfet de l’Isère, au procureur de la République, au recteur, à la directrice de la Sécurité publique, à la directrice de la Cohésion sociale, au président de Grenoble-Alpes Métropole et au maire de Grenoble*. Une impressionnante liste de destinataires qui n’amène en rien le PDG de l’ODTI à renoncer à l’ironie ou aux formules, parfois alambiquées, qui faisaient déjà tout le sel de sa première missive.
La colère est, quant à elle, palpable. « Nous pourrions appeler ce mal qui sévit au fond de la cuvette grenobloise, la gangrenette ou la gang grenette », écrit Claude Jacquier. L’auteur réitère par ailleurs l’idée de créer des “coffee shops” quartier Très-Cloîtres, « par exemple à proximité de la prochaine installation du Centre de santé qui ferait le suivi de la clientèle et éventuellement de la traçabilité de la qualité des produits vendus ».
Claude Jacquier directement menacé par les trafiquants
Autre piste, elle aussi déjà évoquée dans sa précédente lettre : s’attaquer aux consommateurs pour priver ce commerce illicite de clientèle. Mais Claude Jacquier, « victime et lanceur d’alerte », relate à nouveau que, paradoxalement, c’est son établissement qui a essuyé un contrôle administratif suite à une plainte. « Ne nous avait-on pas “menacés” de… fermeture administrative pour… empêcher les intrusions des malfrats ! », dénonce-t-il, smiley clin d’œil à l’appui.
Et d’ajouter que le « jeudi 10 août à 17 h 30 », il a purement et simplement été menacé par un trafiquant du quartier en raison de ses plaintes répétées. « C’est la première fois que j’ai à faire face à une telle menace directe et précise de la part des mafieux avec les conséquences qu’on peut imaginer », écrit le président de l’ODTI. Qui précise avoir déposé plainte dès le lendemain… sans visiblement croire une seule seconde aux suites qui lui seront données.
FM
* Respectivement : Lionel Beffre, Jean-Yves Coquillat, Claudine Schmidt-Lainé, Nadine Le Calonnec, Danielle Dufourg, Christophe Ferrari et Éric Piolle.