Et le candidat en tête pour l’élection présidentielle 2017 est… Benoît Hamon ! Du moins, selon l’expérimentation de vote alternatif réalisée au bureau de vote du Vieux Temple à Grenoble, à l’occasion du premier tour de la présidentielle, le 23 avril. Objectif ? Tester un « vote par approbation » et un « vote par notes »*.
Expérimenté dans plusieurs bureaux de vote de l’Hexagone, le vote alternatif était porté localement par un groupe de chercheurs issus du CNRS, de l’Université Grenoble-Alpes (UGA), de l’Institut national polytechnique de Grenoble (Grenoble-INP) et du Laboratoire d’informatique de Grenoble (LIG).
Les retours mettent en avant la frustration des électeurs
Sur les 2 042 électeurs s’étant rendus au bureau de vote du Vieux Temple le 23 avril 2017, 1 066 ont accepté de participer à l’expérimentation, soit un taux de 44,4 %. Le compte-rendu de l’expérimentation signale un « accueil aux modes de scrutin testés très positif ». Le système de vote par approbation a été préféré au vote par notes mais, dans les deux cas, ces dispositifs alternatifs ont été mieux perçus que le mode de vote officiel.
Autre signe de “frustration” vis-à-vis du système électoral actuel, les participants à l’expérimentation mettent en avant la prise en compte du vote blanc dans leurs commentaires. « Certains ont bien aimé le fait de pouvoir n’approuver personne, et l’ont vu comme un vote blanc, d’autres ont demandé de pouvoir explicitement voter blanc. » Et l’étude de souligner « la frustration ressentie pour l’élection officielle qui force le choix d’un nom ».
Benoît Hamon président, Marine Le Pen en dernière position
Quels sont justement les noms qui ressortent de la synthèse des résultats ? Les classements obtenus diffèrent légèrement selon le vote par approbation ou par notes, mais se révèlent surtout très éloignés du résultat officiel du premier tour de la présidentielle. Ainsi, alors qu’Emmanuel Macron est arrivé en tête dans le bureau du Vieux Temple, c’est Benoît Hamon qui y décroche la première place au sein du classement alternatif.
Le candidat En Marche n’est cependant pas relégué aux oubliettes et arrive en deuxième position, après correction en tenant compte de la représentation locale**. Sur la troisième marche du podium : Jean-Luc Mélenchon. La quatrième position est plus disputée. Elle est remportée par François Fillon dans le cadre du vote par approbation, alors que Philippe Poutou le devance avec le système par notes. À noter que Marine Le Pen, cinquième dans les résultats officiels, arrive septième par approbation, et onzième et dernière dans le vote par notation***.
FM
* Dans le vote par approbation, l’électeur peut approuver ou désapprouver un ou plusieurs candidats (en cochant un formulaire sur lequel tous les candidats sont inscrits). Le gagnant est celui qui est le plus approuvé. Dans le vote par note, l’électeur donne, s’il le souhaite, à chacun des candidats, l’une de ces trois notes : – 1, 0, 2. Le candidat victorieux est celui qui engrange le plus de points (cf. les explications de Séverine Cattiaux).
** Le profil des participants à l’expérimentation ne correspondant pas à celui de l’ensemble des électeurs, les chercheurs ont procédé à une “correction” des chiffres en fonction de la représentation locale qui « permet de révéler des tendances générales ». Ainsi, les chiffres indiqués dans le tableau sont bruts, quand les rangs indiqués le sont après correction.
*** En tenant compte d’une correction des données, cette fois-ci en fonction de la représentation nationale et non pas seulement locale, Benoît Hamon devance toujours Emmanuel Macron, mais Marine Le Pen occupe respectivement les cinquième et sixième places des classements par approbation et notation.