Dans une interview à Reporterre, la ministre des Transports Élisabeth Borne a annoncé vouloir faire une pause sur le Lyon-Turin. Alors que la très controversée ligne ferroviaire à grande vitesse doit voir le jour en 2030, l’annonce du réexamen des gros projets d’infrastructures ferroviaires va-t-il au final porter un coup d’arrêt au Lyon-Turin ?
Les travaux de la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin. © Leila Shahshahani – Montagnes magazine
Candidat, Emmanuel Macron s’était engagé à soutenir le projet. Marche arrière toute ? « Le président de la République vient d’annoncer que, dès lors que les engagements qui ont été pris et les besoins incontournables en termes d’entretien et de régénération dépassent de dix milliards les recettes prévisibles à ce stade, nous sommes obligés de faire une pause pour réfléchir au modèle de mobilité et prioriser les projets », souligne la ministre des Transports.
Une pause donc, le temps de réexaminer toutes les facettes du projet, qui réjouit Jean-Charles Kohlhaas. Pour le conseiller régional du Rassemblement citoyen écologiste et solidaire (RCES), « le gouvernement se rend compte du gouffre financier que représente le Lyon-Turin ». Estimé par la cour des comptes à 26 milliards d’euros, le coût du projet n’a, il est vrai, cessé de gonfler. Et, en août 2016, les magistrats financiers considéraient le projet comme « très préoccupant pour l’équilibre des finances publiques ».
« Il y a urgence » estime Jean-Charles Kohlhaas
« La ministre des Transports doit profiter de cette pause pour étudier les alternatives au projet car il y a urgence, poursuit l’élu régional.
Les vallées alpines souffrent de la pollution de l’air. Le report modal doit être organisé dès maintenant en utilisant la ligne existante. C’est ce que nous répétons sans cesse et ce que nous avons à nouveau défendu lors de la dernière assemblée régionale. Laurent Wauquiez n’a pas été sensible à nos arguments. Peut-être que la ministre le sera. »
En janvier 2017, le Parlement avait donné son feu vert à la ratification de l’accord franco-italien, signant de facto le “coup d’envoi” du chantier. Et en juin, à Lyon, la société chargée de réaliser la liaison avait présenté à un parterre de chefs d’entreprise une petite partie (5,5 milliards) des marchés qui devaient être lancés dans les deux années à venir…
PC