FOCUS – À la veille des élections législatives, des jeunes représentants de One sont allés à la rencontre des candidats de l’Isère. Six candidats dont Émilie Chalas, Soukaïna Larabi et Michel Destot ont répondu « Oui » à l’appel de cette ONG, qui milite activement contre l’extrême-pauvreté en Afrique. La priorité cette année ? Augmenter le budget français de l’aide publique au développement (APD) en Afrique.
Soukaïna Larabi avec un membre de l’ONG One © Anaïs Mariotti
À la terrasse d’un café, Pierre Jothy a donné rendez-vous à Soukaïna Larabi, candidate aux élections législatives. Depuis le début des campagnes électorales, le jeune ambassadeur de l’ONG One multiplie les rencontres politiques. Son objectif ? Convaincre les élus grenoblois de s’engager contre l’extrême-pauvreté en Afrique.
À l’arrivée de Soukaïna Larabi (Ensemble pour gagner), le jeune étudiant de 20 ans à Sciences Po Grenoble lui explique minutieusement les missions de l’ONG (cf. encadré). Un argumentaire qui parle à la candidate : « Les projets portés par One sont des valeurs qui me tiennent à cœur depuis toujours. La lutte contre les inégalités est justement la raison pour laquelle je me suis engagée en politique. Quand Pierre [Jothy] m’a proposé de signer, je n’avais donc aucune raison de dire non ! », affirme la jeune femme.
Taha Bouhafs signe l’appel de l’ONG One. © Pierre Jothy
En Isère, cinq autres candidats, de la 2e et de la 3e circonscription, ont signé la charte de One : Michel Destot (PS), Émilie Chalas (La République en Marche), Élisabeth Letz (EELV), Taha Bouhafs (La France insoumise) et Asra Wassfi (Mouvement démocrate). En France, ce sont 54 candidats aux élections législatives qui ont franchi le pas.
L’aide publique au développement, enjeu des législatives
« En tant que député(e), je m’engage à lutter contre l’extrême-pauvreté » mentionne la charte signée par les candidats. Avant l’élection d’Emmanuel Macron, Pierre Jothy avait déjà interpellé les onze candidats à la présidentielle, par le biais des réseaux sociaux. Il leur proposait de s’engager en faveur des réformes proposées par l’ONG. Et parmi elles, l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) en Afrique.
Actuellement, l’aide publique française ne s’élève qu’à 0,3 % de la richesse nationale. L’ONG entend l’augmenter à hauteur de 0,7 % du revenu national brut (RNB) ; une promesse qu’Emmanuel Macron s’est engagé à tenir à l’horizon 2025. L’objectif des 0,7 % est d’ailleurs prévu par les Objectifs du millénaires pour le développement (OMD), adoptées par les Nations-Unis en septembre 2000. Il aurait donc, d’ores et déjà, dû être atteint…
Olivier Véran candidat de la République en marche et Nicolas Kada d’Ensemble pour gagner, pas encore signataires… mais intéressés. © Chloé Ponset – Place Gre’net
Pour renouer avec la solidarité internationale, plus d’une cinquantaine de jeunes ambassadeurs ont été recrutés bénévolement en France par l’ONG. Débrouillards, ils ont aussi une bonne connaissance des réseaux sociaux. « J’aime le projet de One, car il propose un moyen simple et concret de s’engager pour une cause internationale, tout en restant à Grenoble », explique Pierre Jothy. Avec l’appui de l’ONG, il est chargé de contacter les représentants politiques, qui feront à leur tour entendre la voix de One au gouvernement et au Parlement.
Un scrutin déterminant pour l’ONG
Les législatives sont un enjeu de taille pour l’ONG. En effet, alors qu’Emmanuel Macron s’est engagé avec One, il s’agit désormais de convaincre les députés. « Il est primordial de créer une cohérence et un consensus entre le pouvoir exécutif et législatif sur les questions de solidarité internationale », explique le jeune ambassadeur.
En tant que contre-pouvoir, les députés s’assurent que le gouvernement respecte ses engagements. Ils sont surtout les premiers concernés par le budget alloué aux aides internationales. En signant l’appel de One, les députés s’engagent ainsi à formuler des amendements lors du vote du budget de l’APD.
Mais les missions de l’ONG ne s’arrêtent pas à la signature de la charte. Il s’en suit un réel travail d’accompagnement tout au long du processus législatif. Par exemple, « si elle est élue, Émilie Chalas (République en Marche) a prévu de travailler étroitement avec nous », explique le jeune bénévole.
Michel Destot répond à l’appel de One. © Anaïs Mariotti
Ce travail de réflexion – entre les membres de One et les députés – portera notamment sur les questions de financement de l’APD. La lutte contre la corruption et l’évasion fiscale en Afrique pourrait être des débuts de réponse.
À l’instar de Soukaïna Larabi, Michel Destot (PS) a affirmé, lors de son entretien avec Pierre Jothy, soutenir la taxation des flux financiers. La taxe sur les transactions internationales permettrait dès lors d’ouvrir de nouvelles sources de financements pour augmenter l’aide publique au développement.
« Une cause qui transcende le jeu des partis »
« Il a été plutôt facile de convaincre les candidats car la solidarité internationale est un enjeu qui transcende le jeu des partis », estime Pierre Jothy. De fait, les candidats ont réservé un accueil chaleureux aux jeunes ambassadeurs : « Je suis très heureuse de l’initiative portée par l’ONG, elle est la preuve que la jeunesse s’engage de façon pertinente et durable », confie Soukaïna Larabi.
D’autres candidats – notamment Olivier Véran et Nicolas Kada – ont aussi exprimé leur soutien. « Plusieurs n’ont pas encore eu le temps de nous rencontrer pour signer, mais ils nous ont exprimé leur engagement direct », affirme Florian de Campos, étudiant de 19 ans ambassadeur de l’ONG.
Anaïs Mariotti
ONE, EN BREF
Cofondée par le chanteur Bono de U2 en 2004, One se veut apolitique, en considérant que la lutte contre la pauvreté dépasse les clivages partisans. Présente dans sept pays européens, au Nigeria et aux États-Unis, One compte 7 ‚8 millions de membres à travers le monde, dont 385 000 rien qu’en France.
Luttant contre l’extrême-pauvreté, qui affecte notamment certains États africains, l’ONG défend activement les droits des femmes, considérées comme plus vulnérables. Enfin, elle lutte contre l’évasion fiscale et la corruption des gouvernements, qu’elle estime incompatibles avec le développement des pays africains.
ONG One à Montréal. © One
One entend ainsi rappeler aux candidats aux législatives et aux citoyens français que l’enjeu des élections ne s’arrête pas au territoire national. Elle estime qu’en tant que cinquième puissance mondiale, la France a une large responsabilité à l’étranger, tout particulièrement en Afrique, continent avec lequel elle partage une histoire commune.