Minimise-t-on l’impact des zones protégées sur la biodiversité ? C’est ce qu’une étude publiée dans la revue Nature – menée notamment par deux chercheurs grenoblois du CNRS travaillant sur la préservation des mammifères et des oiseaux au laboratoire d’écologie alpine de Grenoble* – tend à démontrer.
Pour Wilfried Thuiller et Laura J. Pollock, une augmentation de seulement 5 % de la taille des zones protégées dans le monde aurait une influence fortement positive puisqu’elle permettrait de tripler la protection de la biodiversité.
Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont apprécié la biodiversité à l’aune d’autres critères. Alors que celle-ci est généralement évaluée de manière très mathématique – par le nombre d’espèces présentes dans une zone donnée – ils ont croisé ce critère avec d’autres composants jusqu’ici peu utilisés.
Une biodiversité beaucoup plus riche pourrait être sauvegardée
Les chercheurs ont ainsi intégré dans leur étude la diversité phylogénétique qui, elle, va plus loin puisqu’elle reflète l’histoire évolutive accumulée par un assemblage d’espèces. Ils ont aussi pris en compte la diversité fonctionnelle, qui reflète la diversité de traits d’histoire de vie d’une communauté d’espèces comme le type et le mode de nourrissage, la période d’activité ou encore la masse.
Une multitude de critères qui leur ont permis d’affiner, grâce à des algorithmes d’optimisation spatiale sur des espèces sentinelles, l’impact des mesures de protection sur la biodiversité mises en place notamment à Madagascar, en Asie du Sud-Est ou dans les Andes.
« Maximiser la protection de la diversité phylogénétique ou fonctionnelle suffirait à tripler l’ensemble des espèces et les différents composants de la biodiversité », soulignent les chercheurs dans un communiqué. « En protégeant les espèces rares les plus concernées par les trois facettes, c’est une biodiversité beaucoup plus riche qui pourrait être sauvegardée aux échelles locale et globale. Au total, ce sont environ 1 500 espèces d’oiseaux qui pourraient être préservés ».
PC
- * Aux côtés d’un chercheur de l’Université de Yale aux États-Unis.